Les 7 Majeurs (Etape 2)
Dimanche 10 juillet 2016, vélo de route, 137 km, 3820 m D+ en 9h26 (total 11h31)
Grand beau de nouveau ce matin, nous sommes déjà à 2000 m d'altitude et nous prenons une ravissante petite route (par le bois des amoureux, c'est dire) , pour rejoindre sans perdre trop de dénivelé le vallon qui mène au Col Agnel, qui va nous permettre de basculer en Italie.
J'y suis passée une fois à pied et une fois à ski de fond, mais il y a si longtemps de cela que je ne préfère pas dater ces évènements, ce qui donnerait du grain à moudre à mon ami Cricri au sujet de mon âge.
Nous n'avons que 800 m de dénivelé pour gravir ce col, ce n'est pas grand chose, et le début n'a rien de difficile, mais je n'ai pas de très bonnes sensations. La température dépasse 20°C, je trouve que c'est trop à ces altitudes élevées, et de plus je suis enfermée dans une "camisole physiologique" ... en gros contrairement à la veille le cardio plafonne à 130 ... c'est certes dans ce mode que j'ai fait tous mes brevets, et courant chez moi les lendemains de grosses sorties ... mais avec de pareils dénivelés journaliers, c'est très frustrant ... je ne peux pas relancer, les passages au-dessus de 10% sont pénibles, bref, je suis en mode repos à l'insu de mon plein gré. Peut-être la chaleur excessive de la veille ... Il faudra s'y faire ...
Du coup je suis toujours légèrement derrière, et même si Valex me tient compagnie ce qui est tout à son honneur, je ne peux pas être réellement cool ou "gérer" quoi que ce soit.
Mais tout à coup ... SURPRISE ! Valex et moi nous voyons que les membres de notre groupe sont arrêtés ... mais c'est bizarre ... il y en a plus que le compte !!!
Superbe rencontre avec le duo de choc Vanessa-Bridou . Ils font le tour dans l'autre sens ; quelques mésaventures (d'itinéraire notamment) vont les empêcher de le boucler en moins de 24 heures ... mais même avec un arrêt d'une nuit en Italie, ils termineront très largement en moins de 48 h .
Peu à peu on gagne de l'altitude, on dépasse le refuge Agnel, et voilà le col .
On franchit la frontière sans plus de formalités. La route qui descend vers le Piémont est plutôt bonne, même si très pentue dans sa première partie . On continue à descendre pendant au moins 30 km ... et plus on descend, plus il y a de circulation. Le secteur semble être très prisé pour les sorties du dimanche et les pique-nique en bord de lac !
Et là, nouvelle agréable rencontre ...
Nous sommes rattrappés par Alex Bourgeonnier, avec qui Alice et moi avions fait connaissance en Alsace, chez Bridou. Alex est entrain de tenter les 7 Majeurs en moins de 24 h. Il avance très vite ! Il devra malheureusement s'arrêter dans le dernier col , la Bonette, à cause d'une importante blessure à la selle ... il ne doit pas prendre le risque de compromettre sa participation à la TCR
Dans la localité de Sampeyre, Sabine nous attend et nous trouvons une petite place pour casser la croûte . La chaleur est écrasante. A partir de ce point, nous avons deux cols à franchir ; 1350 m de dénivelé pour le premier et 1600 m D+ environ pour le second ; d'après les renseignements que nous avons eu, il n'est pas souhaitable, ou impossible , d'y passer en voiture . Sabine passera donc par la vallée. Muriel , qui paye ses efforts de la veille, monte avec elle dans la voiture.
J'avoue que l'idée de gravir en pleine canicule non pas un, mais deux longs cols m'attaque le moral ... je n'envisage pas de monter en voiture (où il n'y a plus de place ;-) ) mais éventuellement de shunter le second col par la vallée. Je le dis tout haut (à la grande surprise de mes compagnes et compagnons de route) ... cela me soulage et j'attaque sans plus râler le col du Sampeyre (2280 m) . On verra bien.
En fait ... je vais être sauvée par les nuages. Une brume humide enveloppe la montagne. Certes des nuages de mouches nous importunent ... on transpire comme au hammam ... mais au moins le soleil cesse de nous griller le cerveau et le moral avec. Le col est régulier à 8-10%, avec un revêtement très grossier, parfois inexistant ou abimé. Avec Valex, nous revenons sur Coco et Fred, qui s'arrêtent à une fontaine. Je continue sur quelques centaines de mètres dans un brouillard intense, mais mon APN ne veut pas déclancher. Alice, Véro et Coco m'accueillent au col avec des applaudissements ; le reste de l'équipe est juste derrière. Certes on n'a pas beaucoup de vue mais on est venu à bout du premier des "cols italiens qui piquent "
La descente sur Stroppo est loin d'être simple. On y est secoué , et ça n'en finit plus. En plus, il pleut, une averse qui a tout l'air temporaire mais qui mouille bien ! Nombre d'entre nous ont les mains qui se paralysent à force de freiner, ou la paume des mains rouge et irritée.
Dans le but de reprendre de l'eau, on fait une pause dans un café en bord de route. On y découvre une délicieuse focaccia au fromage et aux fleurs de courgettes. Un peu de salé, il n'y a rien de meilleur !
Et on repart sous la queue de l'averse à l'assaut du terrible col de la Fauniera.
Le début de la montée n'est pas très difficile. peu à peu la pluie cesse, et entre soleil et nuages, on grignote la longue et irrégulière montée du col, dans l'ordre habituel : Coco N et Véro, Alice, puis un peu derrière Fred, puis Valex et Coco O qui ferment la route avec moi. Au milieu de la montée on rencontre une bonne grosse rampe à 15% qui a notre grande surprise, fera mettre pied à terre à Véro la grimpeuse !
Tout au long des 22 km de montée, des panneaux prévus pour les cyclistes indiquent le col Esischie, et non celui de la Fauniera. Cela entretient un petit suspense ... mais il est où le bonheur Fauniera , il est où ?
Au-dessus de 2000 m d'altitude, l'environnement devient grandiose ... et l'air plus vif, plus frais ... j'adore...
Au col Esischie, il faut redescendre quelques mètres ... tourner à droite ... rouler 1 km environ en grimpant une dernière rampe bien raide , et on y est . Ce col de la Fauniera vaut vraiment le déplacement. Et dire que j'aurais pu le contourner à cause de mon mental de souris !!!!
On est tous ravis , 5 cols franchis, ça commence à prendre une bonne tournure cette affaire ! Mais il est plus de 18 h ...il ne fait plus que 13°C et il faut descendre avec notre petit Kway mouillé ! Et quellle descente ... 1700 m de dénivelé négatif d'une seule traite jusqu'à l'hôtel un peu plus bas que Demonte ...
C'est une belle descente, de plus presque sans aucun véhicule . Mais sur une telle longueur, et après une grosse journée, on sature un peu même de la descente. La partie haute demande une grosse concentration, la partie basse est très rapide. On n'est pas fâché de retrouver Sabine et Muriel à l'hôtel, de s'attabler devant une grosse pizza et de se reposer .
Dans la chambre que je partage avec Coco N et Véro, on passe un moment à discuter, les jambes à la verticale contre le mur (ne pas confondre avec une partie de jambes en l'air !)
Nous logeons au Wolf Village, un établissement assez grand qui fonctionne avec un centre de sports d'eau vive. Il y a un local à vélos. Les prix sont vraiment intéressants voire même imbattables (30 € /nuit avec boisson, dîner, petit dèj !) , et le personnel très coopératif ... cela fait oublier l'attente au dîner (ils font des dizaines d'enormes pizzas dans un four tout petit)
Demain il ne reste plus que deux cols ! certes ... deux gros :-)