Normandie Valence 2016 : le trop long J2
Lundi 22 août 2016, Fleury les Aubrais Lapalisse , 295 km, 1300 m D+ en 13h50 (total 15h30)
Lever 4 h, départ 4h30 ... pourquoi si tôt ? parce que j'ai réservé un hôtel à 320 km de là . Une erreur dès le départ . J'imaginais rouler vite dans ces contrées plates, nettement plus vite que sur un Valence-Ventoux-Valence. J'avais choisi un endroit agréable, permettant de raccourcir le troisième jour déjà bien pourvu en dénivélé.
Bref, en ce lundi matin, j'ai 320 km à faire donc je me lève tôt !
Contrairement à la veille je pars en forme, l'esprit vif, et les repérages de la soirée font merveille. Je ne perds la piste cyclable qu'une seule fois, et sur 20 mètres ! , je n'ai pas compris qu'elle tournait et je me retrouve à rouler sur un chemin de terre.
La lune est encore bien présente, c'est une belle nuit claire et très fraîche au lever du jour où l'on frôle les 10 degrés.
Lorsque j'arrive à Sully sur Loire, il fait jour ... je peux admirer le château et faire un tour à la boulangerie. J'ai bien travaillé.
Sur un terrain presque parfaitement plat, je continue plein sud, sous un soleil éclatant. Trop éclatant. Mais où est donc mon écran total ? Je fouille les poches du sac, gratte dans la sacoche ... rien ... je vais devoir trouver une ville avec une pharmacie et attendre 14 h . Erreur n°1
Autre bricole, je réalise que j'ai bien rechargé mon GPS mais pas mon téléphone. je dois l'éteindre pour économiser la batterie. Ca peut paraître rien mais ça me contrarie (un peu) Erreur n°2
En attendant je longe des canaux, où circulent des péniches. Parfois les occupants des bateaux me saluent. Mais par contre, point de cyclistes. Le vent de SE très léger du matin s'est un peu renforcé. Je l'ai de face tout le temps, et au fil des kilomètres, il m'use. Je voudrais bien une roue, s'il vous plait ;-)
Depuis le début ma moyenne roulée n'est pas à la hauteur. j'ai d'abord mis ça sur le compte de l'heure de nuit ... mais je n'ai jamais rattrappé ensuite. Il s'agit bien du vent, car quand je fais un petit détour, je vois qu'en circulant dans l'autre sens je me retrouve sans rien faire à 28 km/h . Mais un facteur aggravant est que j'ai oublié de refaire la pression des pneus. Ils ne sont pas à plat, loin de là , mais ... erreur n°3
Du côté de Sancerre, le paysage devient plus vallonné. Oh, pas de très grosses bosses, mais des collines très aplaties , avec de fréquents passages à 3-4 % . par bonheur on trouve parfois un peu d'ombre. C'est plutôt joli, même si c'est bien moins varié que nos régions.
Je quitte les bords de Loire et je pique au Sud, pour éviter Nevers par l'Ouest . Je me souviens avoir trouvé le temps un peu long entre deux villages, je commençais à chercher de l'eau ; j'ai du faire une erreur à cause d'une déviation, et je n'ai découvert que ce soir sur strava que j'ai fait un détour de plusieurs km. Erreur n°4
J'atteinds enfin Sancoins où j'avais dormi en 2011 ... une ville où il y a une pharmacie ... et là je retrouve mon écran total tout au fond du sac qui a trop de poches, mais il est bientôt 15 h , j'ai déjà bien grillé :-( Trop tard, espèce de belette sans cervelle.
Tard, oui, il est tard. J'ai la sensation de ne pas avancer, de mal gérer mes pauses. Aucune n'est reposante car je me limite à acheter de la nourriture ou demander de l'eau , ce qui est compliqué, et pas toujours possible car la plupart des villages sont déserts. Souvent il me reste de l'eau dans le bidon, mais elle chauffe ... berk.
A Sancoins je reprends une belle petite route fléchée pour le vélo, qui rejoins Moulins en longeant l'Allier. Le vent, quoique pas très fort y est très présent et défavorable, et je roule toujours à 21,5 km/h , pas moyen d'en sortir.
De nouveau, l'arrivée à Moulins me paraît longuette .... je vois que là aussi, j'ai fait un détour stupide ! Pourtant j'avais une carte ... mais je ne voulais même pas m'arrêter pour la regarder !
Je tournique un peu, refais le plein, achète une quiche, mange un pain au raisin ... 17 h25 :-(
Je voulais atteindre Lapalisse à 19h, me poser pour dîner jusqu'à 19h40, et terminer vers 21 h au Mayet de Montagne. Mais je sens bien que ça ne va pas être possible.
Et là je prends ma pire décision de la journée (Erreur N°5 )
Pour aller à Lapalisse, il y a deux routes : une petite vallonnée plutôt sympa (que je connais)... et la N7 . Je crois que le kilométrage est le même.
Et là, imaginant que je vais rouler plus vite sur un grand axe, je choisis la N7 .
Une horreur ... et d'une ce n'est pas moins vallonné que la petite route, les montées sont toutes droites et désagréables . Et de deux, le vent est de face, tout pareil. Ajoutez un camion toutes les dix secondes lancé à 90 km/h et vous avez le tableau.
Au bout de 20 km de ce régime, je vois apparaître des tas de petites douleurs et inconforts (ampoules aux mains , mal aux fesses, aux pieds, aux épaules etc ) , je perds ma motivation ... mais je ne fais rien pour rectifier le tir au niveau trajet ! alors que c'était possible !
Au km 274, une vingtaine de km avant Lapalisse , le GPS me lâche à son tour. Si toi aussi tu m'abandonnes ... je ne vois même plus l'heure ... Le soleil, lui, jette ses derniers feux bien brulants ; j'achète de l'eau gazeuse car je n'ai plus envie d'eau plate. Encore 20 bornes de galère ...
J'arrive à Lapalisse vers 19h45 (km 295) , dans de très mauvaises dispositions : j'ai plus envie de rouler du tout !!! En plus j'ai la peau qui brule à cause des coups de soleil et plein de frissons, je suis à la limite de l'hypoglycémie, donc je déclare forfait pour l'hôtel réservé :-(
Si j'avais eu de la compagnie, j'aurais probablement terminé la journée par une bonne pause dîner, puis de nuit les 23 km restants (plutôt montants) ; mais là je me dis que je n'ai aucune barrrière horaire à respecter ... rien d'obligatoire à valider, et tout ce que je veux, c'est me doucher, manger et dormir MAINTENANT.
La chance tourne, car malgré les nombreux établissements fermés (encore !) je trouve en 5 mn un hôtel restaurant (hôtel du Bourbonnais) aux tarifs raisonnables et qui sert des petits déjeuner dès 6h30 le matin ! Ce qui est rare ! Je me fais taper sur les doigts par contre, au téléphone, par la patronne de l'autre hôtel, qui ne comprend pas bien ma problématique ;-)
C'est vrai, je rumine un peu mes erreurs. Surtout la dernière. Et ayant coupé l'étape 2 trop tôt, la dernière devient difficile avec 265 km et pas mal de D+ à terminer sous la grosse chaleur ... Vais-je monter dans un train, comme le suggérait le cyclo à la gare d'orléans ? ou bien ... écouter des conseils judicieux ;-) (suite au prochain épisode !)
Dodo, demain sera un autre jour !