Retour au Néron, 25 ans plus tard !
Dimanche 2 septembre 2018, randonnée pédestre/escalade, Chartreuse , 10 km, 960 m D+ en 6h08 (total 6h50)
Le Néron (Néron vient de nero, noir ... encore un Mont Noir !) est une montagne bien particulière ; vue du côté Est et Ouest, c'est une interminable échine rocheuse, sans accès facile. Vue de la vallée, c'est un sommet relativement pointu, une montagne comme sur les dessins d'enfants, avec son sommet qui culmine fièrement plus de 1000 m au dessus de la vallée.
Contrairement à presque tous les autres sommets alentours, accessibles par un sentier plus ou moins escarpé, le Néron se défend bien ! On passe une partie du temps avec les mains (une ou deux) sur le rocher, il faut avoir le pied sûr et ne pas craindre le vertige.
La traversée de ses arêtes est fort intéressante, sans présenter de difficultés technique. On est un ton en dessous des magnifiques arêtes du Gerbier dans le Vercors. Nous partons avec la corde dans le sac, mais elle y restera ...
En fait, ce n'est pas la première fois que nous nous attaquons à cette traversée ... de mémoire, en janvier 1993 (un mois de janvier désespérément déneigé et ensoleillé) nous avions bouclé ce parcours .
Mais de l'eau a coulé sous les ponts ... et à part le fait que "ça passe" , que nous avions bien aimé, je n'ai plus vraiment le souvenir des passages, à l'exception d'une rampe inclinée (que mon cerveau avait rangée "à l'envers" car je l'imaginais inclinée de droite à gauche) .
Le temps a fait son œuvre, et pas seulement pour nos souvenirs, mais aussi pour cette montagne qui s'est consumée pendant trois semaines en 2003, et qui est ensuite restée longtemps interdite d'accès.
Cet incendie me faisait très peur cet été là ... au cœur de la capitale des Alpes chauffée à blanc par le soleil ... pendant les embrasements du soir, visibles d'en bas, je voulais mettre Fille dans la voiture et m'enfuir à Chamrousse !!!!
Le parcours se déroule ainsi , depuis le village de Narbonne .
- Un sentier classique au départ assez raide ; une fois au pied des falaises, une petite redescente amène à un cheminement avec une vieille corde en place, inutile (nommé je crois "sentier de pré Néron")
- On grimpe ensuite littéralement dans la paroi, mains sur le rocher, c'est toujours raide, toujours facile, avec un peu de végétation et un balisage bleu surabondant . Après cet effort, on débouche sur une croupe large, qui mène à une bosse, puis une autre. Un ressaut se franchit par de belles dalles blanches où la progression est très agréable. Dans toute cette partie on progresse souvent en semi-escalade !
La vue sur la vallée très urbanisée est surprenante.
Au niveau d'un replat, nous avons la joie de retrouver le "Lucky Luke" qui nous avait beaucoup amusés en 1993 ... puis qui avait disparu .... il a connu beaucoup de péripéties, et maintenant il n'est plus au même endroit !
Au-delà, un premier passage impressionnant se présente, car la croupe devient une arête effilée, un peu rocheuse. Il y a de quoi poser les pieds à plats, mais la chute est interdite, et je préfère mettre une main au sol, les pieds en contrebas, pour passer.
On entre vraiment dans la partie "traversée des arêtes", lorsqu'on laisse sur la droite l'échappatoire du couloir en Z , et qu'on grimpe la jolie rampe dont je me souvenais un peu, 25 ans plus tard.
Un coup sur le fil de l'arête, un coup à gauche, un coup à droite, toute la suite est plutôt amusante, avec deux ou trois endroits où il faut se concentrer sur le geste : une dalle où les pieds sont en appui sans vraie prise, un pas en écart, une descente exposée ...
Un joli passage. Je traverse facilement, mais je prends quelques précautions pour me tourner pour la photo
Une dernière descente avant le passage final, l'équipe de trois a sorti la corde. Un gars en solo apparait en plus !
Après le dernier passage d'escalade, on comprend que les difficultés sont terminées. L'arête se couche et devient plus végétale. Il faut alors basculer dans le couloir de Clémencières (un peu pénible) , on a ensuite suivi le "sentier des quatre couloirs" , sans doute pas une bonne idée car on marche très longtemps sur un sentier déversant, sans pouvoir poser les pieds à plat, et qui ne se décide pas à descendre.
Du coup je n'ai pas du tout aimé la descente. A mon prochain passage, si je n'ai pas oublié cet épisode, je crois que je tirerai droit jusqu'en bas pour faire la distance ensuite sur la route ;-)
Mais si c'est dans 25 ans, je pense que j'aurai oublié :-D :-D