Dans quel sens coule la rivière ?
Vendredi 2 novembre 2018, vélo de route, Hérault, 124 km, 2173 m D+ en 7h44 (total 9h35)
Après la balade pédestre d'hier, aujourd'hui, c'est à vélo que nous allons explorer notre région d'adoption pour trois jours. Nous logeons dans une chambre d'hôte, la Caminaira, au coeur du petit village de Causse de la Selle. Une bonne adresse, à recommander, tenue par un jeune couple depuis le mois de mai. Ils font aussi de bons repas, tout comme la nouvelle pizzeria du village "Causse Toujours" où l'on peut déguster et acheter des produits locaux (même le coca est local).
A 9 h du matin, il ne fait encore pas bien chaud. Pour moi qui suis plus sensible à l'humidité qu'à la température , il fait même froid. Peut-être autour de 5°C , mais avec d'affreuses brumes humides qui s'accrochent partout, d'autres qui remontent des rivières ...
De notre causse, modérément perché, on plonge bientôt vers l'Hérault. Vite une petite côte pour se réchauffer .... Je sais que par la suite, nous allons descendre les gorges de la Vis. Jérôme pense qu'on va les remonter, il a raison et heureusement ... mais au début la pente est vraiment modeste .
Après un arrêt pour contempler une tumultueuse cascade sur la Vis, le vélo de Jérôme se met à grincer ... il a roulé dans une grosse m.... qui s'est coincée dans ses freins Quel travail pour s'en débarrasser ! Il aurait fallu mettre le vélo sous la cascade, mais on risquait de le perdre ...
Après une loooongue section en faux-plat montant plutôt timide, la route quitte le lit de la Vis et s'élève ... la température aussi ... en échappant à l'humidité des gorges tout en fournissant un effort plus conséquent, nous nous réchauffons enfin. Le soleil risque même quelques apparitions. Et quel cadre ...
En revanche, le vent se fait un peu sentir. La tramontane ? Ou une de ses petites soeurs ? Je parviens à un belvédère d'où l'on voit déjà une partie du cirque de Navacelles, mais je n'en suis pas sûre.
La vérité, c'est que je n'ai toujours rien compris au relief du coin. J'imaginais ce cirque ... un peu comme celui du fer à cheval, en haute savoie. Où l'on arrive par le bas. Du coup je ne comprends pas pourquoi St Maurice Navacelle est si haut ...
Déjà je n'avais pas compris que la Vis coulait vers le Nord, et là c'est la totale. Il faut dire que la carte qu'on a emporté avec nous est ... archi-nulle. Pas une altitude ... certaines routes quasiment invisibles ...
A St Maurice, on achète deux sandwiches imposants. Il est midi, et c'est le premier commerce que l'on rencontre sur notre route ; on les mangera plus loin, coupant ainsi en deux la sévère remontée hors du cirque ... puisque pour en faire la visite complète il faut descendre au fond des gorges, puis en remonter de l'autre côté, sur 350 m D+ environ, avec des pentes atteignant ou dépassant parfois 10 % .
Ce cirque de Navacelles est une attraction touristique majeure, un peu comme les gorges de l'ardèche, vraiment grandiose. Mais en novembre, on n'est pas dérangé par la foule.
Le soleil est enfin de la partie, même si le début de la descente avec un vent marqué et des zones d'ombres très fraîches nous rappelle que l'été a définitivement plié bagage.
Après ce morceau de choix, nous voici à Blandas, sur le plateau. De ce point, il est encore possible de rentrer en bouclant vers le Nord Est pour rejoindre Causse de la Selle , itinéraire de 100 km que j'avais tracé avant de partir, mais cela nous ferait emprunter en aller-retour une bonne partie de l'itinéraire.
La boucle vers le Sud est plus tentante, bien que je commence à me poser la question :"combien de km restants ? combien d'heures de jour ? " Cela semble passer, mais avec notre carte médiocre, nous n'imaginons pas qu'il reste un dénivelé très important à franchir ....
Après Blandas, nous grimpons quelques lacets assez soutenus pour arriver vers 700 m d'altitude, et c'est la descente sur Vissec .... là je comprends que de nouveau, on plonge pour remonter ensuite ... je marque même un arrêt dans la descente ... rebrousser chemin est encore possible ... mais finalement nous continuons.
Vissec, c'est le bout du monde, à l'écart de la partie la plus spectaculaire du cirque, mais beau tout de même. Par bonheur la route qui grimpe en face n'est pas trop raide, nous voici bientôt sur le causse, des kilomètres de routes désertes qui ondulent .... tandis que l'après-midi avance. J'essaye d'accélérer le rythme, mais Jérôme ne me suit pas, alors je ralentis ... accélérer est même contre-productif.
Après une belle série de lignes droites, d'abord descendantes puis plutôt montantes, comme un escalier aplati, on finit par atteindre le Col du Vent ... vent dans le dos. Il culmine à l'altitude de 703 m, près d'un petit sommet (le Mont St Baudille) qu'on n'ira pas voir aujourd'hui mais qui est accessible par la route ... peu à peu les couleurs du soir rappellent que l'heure tourne ...
Au col, c'est comme si, d'un coup, le causse s'effondrait devant nous ... la plaine est là ! Il reste un peu moins de une heure trente de jour, malgré la distance cela devrait suffire pour une seule montée, même longue ... après tout, Causse de la Selle n'est qu'à 244 m ...
Pour gagner de la distance justement, on décide de rejoindre notre point de chute en passant par la vallée de la Buège, car une fois à St Jean de Buèges il ne reste que 6 km pour terminer, certes au prix d'une petite bosse finale pas bien longue.
Sauf qu'aucun de nous n'a vraiment compris dans quel sens coulait la Buège. Nous pensions qu'il suffisait de la remonter jusqu'à St Jean, comme la vallée de l'Hérault voisine . La petite route visible sur la carte ressemblait à un fond de vallée .
Quelle idée, ces rivières, de couler vers le Nord !!!! C'est ainsi qu'à 17h passée, nous nous retrouvons sur cette route de "fond de vallée" entrain de grimper, grimper ... parfois à 10-12% ... Mais pourquoi est-ce qu'on monte autant ? Où est la Buège ? Comment coule-t-elle vers la plaine ?
Jérôme a un éclairage, certes pas terrible, je n'ai rien de rien, juste ma veste jaune bien visible ...et maintenant je le sais, on va finir de nuit, mais alors carrément. Cette pensée me fait accélérer ... Jérôme râle un peu, ne voit pas où est le problème, mais me donne les clefs de voiture et je file devant
Je pense maintenant qu'on va passer un point haut , puis redescendre longtemps sur la Buège ; mon objectif est de faire toute cette descente avec assez de luminosité pour ne pas ralentir.
Là-haut il y a même un col : le col des Lavagnes.
Vers 18h, la route devient plus large et lisse, je passe près d'un village : Pégairolles de Buèges. St Jean n'est plus très loin . La petite bosse qui fait tout de même 180 m D+ pour remonter sur le causse se fait dans la pénombre, avec encore un tout petit peu de visibilité ... en revanche ça devient dur pour le bout de plat qui suit. Je me concentre sur le moindre détail perceptible et ça passe, en roulant lentement. La seule "surprise" viendra d'une voiture stationnée en bord de route, que je découvre très tardivement et qui me fait sursauter; je vois mieux les défauts de l'asphalte qu'un véhicule garé !!!
J'en termine avec le vélo à 18h30 ... Je récupère notre voiture et je retrouverai Jérôme vers 19 h, à 7-8 km de l'arrivée. Tranquille avec sa frontale en guise de phare !
Que d'aventures !