Un petit bilan du Paris Brest Paris
Vendredi 30 août 2019
Marrant comme il m'a fallu du temps avant de m'atteler à ce bilan ! Un peu comme si cela équivalait à mettre un point final, à fermer une parenthèse, et que je n'étais pas encore prête.
"L'après" est difficile, qu'on se le dise, on a du mal à se reconnecter avec la vie réelle. Et je ne suis pas seule à le dire, même parmi ceux qui chaque année, se lancent dans des défis sportifs d'envergure. Paris-Brest-Paris est différent ...
Il doit y avoir une part "chimique" dans cette sensation d'être un peu "englué dedans", une conséquence sur le cerveau du gros manque de sommeil. Une semaine après, toutes les nuits, je me retrouve entrain de pointer, dormir, manger, à un contrôle du PBP et il faut que j'avance
Il y a aussi l'investissement psychologique, en gros, on met tellement toutes ses billes dedans qu'il ne reste plus d'énergie mentale pour le reste ensuite. Et on se retrouve à avoir envie de : lire des récits de PBP, parler de PBP avec quelqu'un, regarder une video de PBP ... l'obsession dans toute sa splendeur ... heureusement, d'ici quelques jours ça va se calmer ... mais je n'ose pas imaginer ce que je ressentirais si je n'avais pas "validé" dans les délais.
Voici un petit point sur le matériel que j'ai utilisé :
- Le vélo : Liv Langma Advanced 1 avec des roues Shimano Durace. Aucun souci si ce n'est la casse du câble de dérailleur arrière vers le km 800.
Pour le reste, aucune douleur, confort tout à fait acceptable malgré la longueur de l'épreuve, et aucune réticence à aborder les bosses jusqu'à la fin.
Merci à Giant Valence pour ce modèle fort bien adapté à ma pratique, à Kom Bike pour tous les réglages et les longs moments passés à éradiquer des bruits parasites , ainsi qu'au vélociste de Quédillac qui a eu un peu de mal à récupérer le câble cassé ... j'espère que je n'ai pas été trop pénible
La selle Italia lady Gel Flow convient très bien pour la longue distance également.
- L'éclairage : J'ai considéré que l'éclairage était une priorité absolue, car vu ma vitesse de progression je dois rouler plusieurs nuits plus ou moins complètes. J'avais donc 5 "solutions" pour l'avant : le phare Gemini Duo et ses deux batteries, un phare vélo de secours sur pile (Cateye HL-EL135) , une mini lampe de casque rechargeable sur USB et une frontale de montagne Petzl (piles) .
La lampe Cateye m'a permis d'économiser le phare principal qui a donc été largement suffisant. Il éclaire vraiment bien pour une lampe aussi peu couteuse, mais le mien a un mauvais contact et il se coupait sur les secousses en descente.
Je n'ai pas utilisé du tout la lampe frontale Petzl.
Pour l'arrière j'avais deux lampes (piles) fixées dur les haubans et une petite sur l'arrière de la sacoche ; je ne les ai utilisées que successivement.
- l'électronique : un GPS Garmin 1000, un téléphone portable éteint sauf aux contrôles (du coup pas de besoin de le recharger) , et deux batteries externes (10 000 A et 2500 A) ... contrairement au brevet 600, tout a bien fonctionné ... jusqu'à ce que je perde le Garmin après plus de 1000 km.
- la mécanique : comme je ne sais pas faire grand chose, j'ai pris le minimum, trois chambres à air , une pompe, trois demonte-pneus , un dérive chaine et maillons à attache rapides , deux patins de frein, un multi outil ultra léger, un morceau de toile émeri pour renforcer l'intérieur d'un pneu + un morceau de pneu, plusieurs morceaux de chambres à air découpés qui peuvent presque tout réparer.
- Les vêtements : c'est toujours compliqué. Les nuits sont fraîches dans les Monts d'Arrhée (nous avons eu jusqu'à 4°C) , aucune pluie n'était annoncée, pas de canicule non plus. Je crains peu le froid normalement mais j'avais eu très froid dans les dortoirs en 2015. Du coup j'ai emporté : une tenue d'été normale avec gilet fluo(sur moi) , et dans la sacoche : une tenue pour dormir chaude, un sac de couchage de secours (genre couverture de survie) , un maillot, deux cuissards, une veste demi-saison fine , un Kway, des manchettes, un sous casque chaud, deux buff, des jambières, des gants de skis de fond . Pratiquement tout m'a servi.
Comme j'ai eu de nouveau froid dans un dortoir, ainsi qu'à l'arrivée à Dreux, j'aurais peut-être pu remplacer la tenue chaude de nuit par la micro-doudoune de 200 g .
-la bagagerie :
- la sacoche de cadre topeak XL : rien à signaler, elle penche un peu quand elle est très chargée, elle contenait les batteries de lampe et de GPS, ainsi que l'appareil photo.
- la sacoche de guidon Décathlon accrochée par des scratch . Très solide, y compris la fixation, elle présente un inconvénient quand elle est très pleine, ce qui était le cas : elle n'est pas facile à refermer, c'est pratiquement impossible en roulant car il faut soutenir la sacoche d'une main pour fermer la fermeture éclair de l'autre . Si on la laisse un peu ouverte, elle a tendance à s'ouvrir en grand , avec le risque de perdre quelque chose. Les sacoches klickfix (j'en ai à la maison pour le voyage et le velotaf) sont bien plus pratiques mais l'ensemble est lourd.
-la sacoche topeak Backloader (et son sac de compression étanche à l'intérieur)
Le produit est super (et pas très cher) pour un vélo plus grand, ou pour le mien avec une selle moins épaisse. Avec mon Italia confort, les rails de selle sont trop proches de la roue. J'ai pu l'utiliser quand même ... mais au départ, avec un serrage soigneux , le dessous de la sacoche était à 1 cm de la roue....
Chaque fois que je prenais quelque chose dans cette sacoche, je passais ensuite dix minutes à resserrer, et après 1000 km, ça touchait copieusement la roue, le tissus de la sacoche était entamé. J'ai pu sauver les meubles en la vidant un peu (mini sac à dos) et en remontant le tout avec un morceau de chambre à air ...mais c'était limite, cela a généré plusieurs arrêts et était source d'énervement.
Par contre, j'avais fixé sur le dessus de la sacoche (avec la fermeture du sac + les élastiques de la sacoche) un petit sac étanche orange de la marque SeaToSummit (4L max) , qui contenait les vêtements à ajouter pour la pluie et/ou la nuit (bonnet, jambières, Kway, gants). Ce système était très pratique pour changer de tenue rapidement. J'ai vu d'autres participants adopter ce système.
- Les bricoles : Des piles de rechange (pas utilisées), un mini sac à dos pour mettre ce que je voulais transporter aux contrôles , une trousse avec un petit collyre, des lingettes désinfectantes, du doliprane ... petit chargeur pour le courant électrique (pas utilisé) et bien sûr les papiers, l'argent liquide et le carnet de route, ainsi qu'un stylo qui n'a pas servi. Et surement d'autres choses que j'ai oubliées !!! Tout cela dans la sacoche de guidon.
- stratégies :
Le taux d'abandon restant très élevé (20 à 30%) même les années de beau temps, les personnes qui prennent le départ de cette épreuve pour la première fois demandent souvent aux autres quelle stratégie adopter !
Très difficile de répondre car elle dépend avant tout des points forts et points faibles de chacun que l'on peut découvrir lors des brevets : rythme sur le vélo, santé, capacité à résister au sommeil, micro siestes ou vraies nuits, mode d'alimentation qui convient, envie de rouler en groupe ou d'être autonome etc ...
Des imprévus multiples vont se présenter à vous, dans le sens négatif (Ex : crevaison ou autre souci mécanique, météo ... ) mais aussi positif (rencontres, ravitos au milieu de la nuit ...) .
Je pense qu'on peut déjà avoir une idée de base du ou des points où l'on va dormir, c'est une bonne trame, à moins vraiment d'être très rapide. Certains découpent le parcours en 3 x 400 km , d'autres préfèrent rouler d'une traite jusqu'à Carhaix ou Brest . On met toujours plus de temps au retour qu'à l'aller, la fatigue fait son travail de sape.
Où trouver des récits :
PBP stories (la plupart en anglais)
le forum "l'esprit de la longue distance"