Transhumance annuelle de la Drôme vers la Normandie (3/4)
Dimanche 8 août 2021, vélo de route, Dun sur Auron - Romilly sur Aigre , 208 km, 1160 m D+
Le vent de la veille s'est calmé, et je repars de Dun sur Auron sous un ciel qui s'il témoigne toujours d'une certaine instabilité, est pour l'instant dégagé. La température est agréable.
A la première déviation, du côté de St Florent sur Cher, je laisse tomber mon parcours d'origine. Je connais assez bien le coin pour cela. Le parcours initial ma faisait d'abord monter vers le Nord, puis suivre le Cher plein Ouest , mais , comme le vent d'Ouest se lève l'après-midi, je préfère tirer Ouest d'abord et Nord ensuite, si ça ne vous dérange pas 😄
Je passe mon temps à faire tout un tas de calculs d'itinéraire et de kilomètres , ça occupe bien .
Au bout d'une à deux heures de route, me voilà à Plou et il pleut. Il pleut dru à Plou !!! Plou n'est pas loin du village où je passais un mois l'été pendant mon enfance , Reuilly.
La boutique que tenait ma grand-tante et une de ses filles dans ce village est encore visible, ainsi que l'enseigne. Le village n'est pas très animé, à part la boulangerie, mais je trouve tout de même un café. C'est le dernier jour où je peux m'y arrêter sans me poser de questions, alors j'en profite.
Un jour, quand j'étais lycéenne, j'avais loué un vélo pendant les vacances de pâques , à l'époque où il y avait encore un vélociste dans le village . Et quel vélo !!!! Il datait d'avant guerre, se prénommait "Félix" et freinait par rétropédalage . Je n'hésitais pas à faire quelques dizaines de bornes avec ... c'était la liberté !!!
Je repars en direction de Massay puis j'utilise mes souvenirs pour rejoindre le Cher (aidée parfois par la consultation de la carte sur le portable).
Quand on traverse la région centre un dimanche d'août, le problème du ravitaillement devient crucial. Pour l'eau, j'ai du demander à des habitants dans un jardin ; mais pour la nourriture, après Reuilly où il y avait vraiment trop de monde à la boulangerie, je n'ai plus rien trouvé à me mettre sous la dent ... jusqu'à ce que midi sonne, et que ma bonne étoile mette sur ma route un petit marché qui vendait de la paëlla à consommer sur place ... et des bananes ... pour un déjeuner royal sur un banc !
Après avoir tiré le plus possible vers l'Ouest face à un vent qui se renforce, je traverse le Cher à Selles sur Cher, qui a l'air d'être une bien jolie ville, même si je n'ai pas pris le temps de visiter .
A moi la Sologne et ses lignes droites boisées, plutôt agréables à parcourir. Cette fois je me dirige plein Nord , et j'enchaîne les villages "en Sologne" : Soing en Sologne, Fontaines en Sologne . Après un dernier petit café dans un établissement désert , un peu perdu au milieu de nulle part, mais un échange bien sympathique avec le patron, je me retrouve royalement et littéralement dans les allées du château de Chambord.
Mais non, ce n'est pas là que je loge ce soir ... il me reste même pas mal de route à faire.
Bientôt je traverse la Loire. Il y a énormément de cyclotouristes, souvent itinérants, sur les voies vertes longeant la Loire ; on trouve même un café qui leur est dédié .
Je ne vais pas longer la Loire, je dois la traverser. C'est encore loin, la mer ? Non, c'est là !
Je reprends maintenant une direction Nord Ouest, à 16h30, 17 h, la soufflerie est en forme, et je rentre dans la Beauce ... relativement dépourvue d'arbres, on peut le dire . Mais disons qu'en abordant cette région déjà très à l'Ouest, près de Vendôme, je limite le temps passé dans ces étendues agricoles monotones.
Le ciel redevient par moment très sombre, avec des nuages énormes qui accouchent d'averses minuscules, qui te font sortir le Kway pour te retrouver dix minutes plus tard tout dépité et mouillé ... uniquement par la transpiration, donc tu enlèves le Kway, et revoilà un nuage noir, on prend les mêmes et on recommence .
J'ai remis en route le guidage pour trouver mon hébergement du soir. Le GPS me promène un peu et je me demande s'il ne m'a pas volontairement ajouté quelques bornes pour me punir d'avoir fini à 199,76 la veille .
En revanche la toute fin est très jolie le long d'une petite rivière qui se nomme "l'aigre" avant de remonter dans le village de Romilly . Il reste alors deux ou trois minutes pour parvenir à un bâtiment de ferme magnifique, où m'attendent Kristine et son mari René, qui m'accueillent très chaleureusement.
Ce n'est pas dans ce bâtiment que je vais dormir, mais dans un lieu magique : une petite cabane-roulotte en pleine nature , au bord d'un ruisseau . Un vrai rêve d'enfant ... il y a plusieurs cabanes, construites par le mari de Kristine .
Après une excellente soirée en compagnie de mes hôtes, je m'installe dans mon petit coin de verdure au bord du ruisseau ...
C'est presque dommage de ne pas pouvoir en profiter un peu plus... à l'occasion d'une sortie nocturne jusqu'aux toilettes sèches, je peux admirer la voie lactée, et entendre aussi au petit matin des cris d'animaux qui me sont inconnus. Vraiment l'endroit est à conseiller !
De là, il ne me reste plus qu'une "petite" étape, moins de 180 km, pour rejoindre mon lieu de vacances ...