Le premier 200 km
Dimanche 9 août 2009 , Paris -Prêtreville (Calvados), 200 km, 1000 m D+, 9h17 de vélo (11h avec les pauses)
Le trajet annuel pour nous rendre sur notr lieu de vacances n'a rien de bien rigolo ! C'est long de rejoindre la Normandie depuis Valence, en grande partie autoroutier, et ... quasiment toujours pareil !
Cette année, j'ai décidé d'introduire une importante variante : je vais faire la seconde partie du trajet, de Paris à Prêtreville, en vélo !
J'ai pris la chose très au sérieux, je transporte mes 11 pages (!!!) de feuille de route et programme mon réveil à 6h00 . J'ai rendez-vous avec Bruno (du forum de lardéchoise) du côté de St André s/Eure, à affiner en route. Ma nuit a Paris avant le départ est très agitée, entre la chaleur, Jérôme qui remue sans arrêt et des fêtards avinés qui hurlent dans la rue, je ne dors pas beaucoup. Je suis un peu excitée aussi par le défi que je me lance.
A 6h30 pétantes, je prends le départ dans Paris déserté par les aoûtiens (déjà que le dimanche matin à 6h30, il n'y a personne ... là on dirait que la ville a été évacuée) . Je m'arrête une ou deux fois pour tenter de regarder les noms des rues et suivre ma feuille de route, mais impossible, l'impatience de rouler est plus forte, et je me retrouve à Montrouge au lieu d'Issy-les Moulineaux. Il fait tiède et nuageux.
Je suis une immense avenue déserte qui grimpe sur une butte,je roule tout droit, comme si je voulais m'échapper de la ville tentaculaire. Mais la pieuvre n'a pas dit son dernier mot, car ça se complique du côté des échangeurs de Vélizy : toutes les pancartes indiquant Versailles mènent sur des voies rapides interdites aux vélos.
En fouillant un peu, je finis par dénicher un agréable itinéraire qui m'amène après une grande descente à Jouy en Josas ; l'endroit est très joli, il y a beaucoup de verdure et la température baisse de quelques degrés. Le temps est parfait ainsi, les premiers rayons de soleil font leur apparition entre les nuages.
Versailles: l'esplanade du château pour moi toute seule !
A Versailles, je retrouve l'itinéraire prévu. Je m'arrête un instant sur l'esplanade du château. Je continue sur une piste cyclable mais je retourne vite sur la route, toujours déserte, car la piste est envahie par des racines qui la rendent très désagréable en vélo de route !
Je sors bientôt de la banlieue sans trop me perdre; à Neauphle le Vieux, l'itinéraire devient campagnard et facile à suivre . Malheureusement, peu après Vicq, des travaux sont signalés entre Garancières et le Behost . Je m'apprête à suivre la déviation annoncée, et je suis sur un rond-point, quand une automobiliste s'arrête derrière moi, klaxonne, vocifère en faisant de grands gestes. Evidemment je la regarde, je suis un peu surprise, peut-être l'ai-je gênée ?
Bien sûr en la regardant je heurte le trottoir, et patatras je me ramasse sur le bas-côté en me rapant le bras.
L'automobiliste et sa passagère me regardent, et accélèrent aussitôt pour se tirer au plus vite !!!!
Il est possible que je l'aie gênée en pénétrant sur le rond point (encore que ...) mais demander à un cyclo qui se vautre (par votre faute) si tout va bien ne coûte pas cher ... Bon, pour moi tout va bien, mais si vous me trouvez la propriétaire du véhicule 785 BEL 78, vous avez quartier libre pour lui faire quelques petites crasses à la Amélie Poulain, lui emmener son chariot dans un autre rayon quand elle a presque fini de faire ses courses, lui mettre sur son pare-brise un autocollant de votre choix qui ne se décolle pas, lui échanger son jean contre un autre deux tailles en-dessous pour qu'elle se sente grosse et moche .... à vos idées
Cet incident me vaut d'entamer mon 60 eme kilomètres avec une sorte de tristesse qui me plombe. L'anecdote suivante va plutôt me faire rire( en silence). J'en étais donc à la déviation ; celle ci me fait passer trop au Nord et rallonge beaucoup mon trajet. J'avise sur ma carte une petite route (passant par la localité au délicieux nom de Autouillet) qui est bien plus logique. Mais comme il n'y a pas une indication , je demande à un cyclo qui démarre sa sortie comment je peux me rendre à Orgerus (au delà des travaux précédemment mentionnés)
Comme il semble hésiter, je sors ma carte. Je lui explique le coup des travaux .
- Non, non, ne sortez pas votre carte, je connais bien le coin (l'un n'empêche pas l'autre, je me dis en mon for intérieur)
Mais, pourquoi vous voulez aller à Orgerus ? (je t'en pose des questions!!!)
- J'ai rendez-vous avec quelqu'un (C'est pas tout à fait vrai mais ça fait rien)
- Donc, vous tournez à gauche dans le prochain hameau, et vous arrivez à Garancières
-Voui mais je ne veux pas aller à Garancières, car la route est barrée pour aller à Orgerus
- Ah ! Ah bon, donc dans le prochain hameau, vous tournez à gauche, et après quelques km vous arrivez à Garancières
- Voui mais je ne peux pas aller à Garancières, il faut que je rejoigne la route au-delà des travaux ....
Je vous épargne la suite, car le même dialogue se répète une troisième fois. Puis il a fini par comprendre. J'avoue que j'avais bien compris qu'il ne fallait pas que je tourne à gauche, et que cet échange m'a redonné le sourire. Je me suis demandée si on parlait bien la même langue .... ou ce qu'il mettait dans ses bidons
Ivry la bataille : je suis à l'heure pour traverser l'Eure
La suite est plus simple; j'avance vite sur ces petites routes de campagne, le vent est favorable. Je suis un peu en avance par rapport à ce que j'avais dit à Bruno, à qui je passe un coup de fil, mais il n'entend pas son téléphone. Je continue donc vers Ivry-la Bataille . Je franchis l'Eure, et pénètre dans le département du même nom. J'ai bien mérité un petit chausson aux pommes. Dans cette petite bourgade fleurie, on se sent déjà bien loin de Paris.
Bruno me rappelle de St André. 14 km nous séparent, et il vient au devant de moi. En montant la côte après Ivry je me demande si je vais être ridicule, dès fois que la jonction se produise à 3 km de mon point de départ ... mais non, l'honneur est sauf, j'ai parcouru 6,5 km lorsque nous nous rencontrons ... il n'avait pas de montée mais un bon petit vent de face.
Un château d'eau bien décoré pour une commune "musicienne" Bruno à Conches
Nous repartons vers l'Ouest en discutant ; les kilomètres défilent, je n'ai jamis roulé à plus de 20 km/h de moyenne sur une sortie aussi longue ! Nous traversons des paysages variés, de belles petites vallées; je me souviens d'une côte un peu plus longue que les autres. Rien de bien méchant cependant. Nous faisons une pause à Conches , une agréable petite ville avec un château en ruine. Il est 13 heures, j'ai parcouru 133 km et il est temps que je mange quelque chose ! Nous repartons sur la même route, puis Bruno bifurque à gauche pour retourner à son point de départ, tandis que je continue vers la Ferté sur Risle, un autre joli village normand avec une grande halle de marché.
La Ferté sur Risle
Je m'arrête au café pour refaire le plein en eau fraîche (la jeune femme qui sert est très sympa) ; et reprend ma route vers Broglie. Cette partie est un peu lassante, car sur 30 km on ne traverse que des hameaux déserts. En arrivant à Broglie je m'aperçois que j'ai du mal à accomoder lorsque je baisse les yeux pour lire mon compteur ou ma feuille de route, comme si mes lunettes me faisaient loucher . J'ai même un instant où je vois double : suis-je entrain de m'endormir sur le vélo ? Après un arrêt, je conclus plutôt que les lunettes sont sales, et les yeux plein de poussière ... car à part un peu de lassitude, une tension dans le cou et les épaules, je ne ressens pas vraiment de fatigue. Je décide de m'arrêter quand même pour prendre un coca sur une charmante place, ça ne me fera pas de mal.
Après Broglie, je fais un bout de chemin avec un VTTiste et amateur de course à pied sympa. C'est le moment où je dépasse mon record kilométrique (178 km) Le coca m'a redonné des ailes, et je me sens arrivée, ou presque.
Voilà qu'au lieu de m'impatienter à l'idée d'arriver, je suis obsédée par l'idée que je risque d'arriver avant d'avoir fait 200 km !!!! Je me réjouis de tout ce qui peut ressembler à un détour !
Presque arrivée je suis, certes, mais il me reste la seule côte sérieuse du parcours, la montée de St Pierre de Mailloc qui doit bien comporter un passage à 8% . Je me paye le luxe de la trouver courte. J'arrive alors à la pancarte : prêtreville, 3,5 km
Damned ! Mon compteur indique 196 km !!!!
Je tourne le dos à l'arrivée, et j'ajoute un ou deux km sur une route plate que je connais bien. Non mais ! On ne m'aura pas comme ça !
199 .... 199,9 ... 200 km .... Done !
Je me laisse filer dans la descente et débarque dans la pelouse au milieu de la famille, comme si j'arrivais d'une autre planète.
La fin d'un beau voyage, le début des vacances.
Le trajet annuel pour nous rendre sur notr lieu de vacances n'a rien de bien rigolo ! C'est long de rejoindre la Normandie depuis Valence, en grande partie autoroutier, et ... quasiment toujours pareil !
Cette année, j'ai décidé d'introduire une importante variante : je vais faire la seconde partie du trajet, de Paris à Prêtreville, en vélo !
J'ai pris la chose très au sérieux, je transporte mes 11 pages (!!!) de feuille de route et programme mon réveil à 6h00 . J'ai rendez-vous avec Bruno (du forum de lardéchoise) du côté de St André s/Eure, à affiner en route. Ma nuit a Paris avant le départ est très agitée, entre la chaleur, Jérôme qui remue sans arrêt et des fêtards avinés qui hurlent dans la rue, je ne dors pas beaucoup. Je suis un peu excitée aussi par le défi que je me lance.
A 6h30 pétantes, je prends le départ dans Paris déserté par les aoûtiens (déjà que le dimanche matin à 6h30, il n'y a personne ... là on dirait que la ville a été évacuée) . Je m'arrête une ou deux fois pour tenter de regarder les noms des rues et suivre ma feuille de route, mais impossible, l'impatience de rouler est plus forte, et je me retrouve à Montrouge au lieu d'Issy-les Moulineaux. Il fait tiède et nuageux.
Je suis une immense avenue déserte qui grimpe sur une butte,je roule tout droit, comme si je voulais m'échapper de la ville tentaculaire. Mais la pieuvre n'a pas dit son dernier mot, car ça se complique du côté des échangeurs de Vélizy : toutes les pancartes indiquant Versailles mènent sur des voies rapides interdites aux vélos.
En fouillant un peu, je finis par dénicher un agréable itinéraire qui m'amène après une grande descente à Jouy en Josas ; l'endroit est très joli, il y a beaucoup de verdure et la température baisse de quelques degrés. Le temps est parfait ainsi, les premiers rayons de soleil font leur apparition entre les nuages.
Versailles: l'esplanade du château pour moi toute seule !
A Versailles, je retrouve l'itinéraire prévu. Je m'arrête un instant sur l'esplanade du château. Je continue sur une piste cyclable mais je retourne vite sur la route, toujours déserte, car la piste est envahie par des racines qui la rendent très désagréable en vélo de route !
Je sors bientôt de la banlieue sans trop me perdre; à Neauphle le Vieux, l'itinéraire devient campagnard et facile à suivre . Malheureusement, peu après Vicq, des travaux sont signalés entre Garancières et le Behost . Je m'apprête à suivre la déviation annoncée, et je suis sur un rond-point, quand une automobiliste s'arrête derrière moi, klaxonne, vocifère en faisant de grands gestes. Evidemment je la regarde, je suis un peu surprise, peut-être l'ai-je gênée ?
Bien sûr en la regardant je heurte le trottoir, et patatras je me ramasse sur le bas-côté en me rapant le bras.
L'automobiliste et sa passagère me regardent, et accélèrent aussitôt pour se tirer au plus vite !!!!
Il est possible que je l'aie gênée en pénétrant sur le rond point (encore que ...) mais demander à un cyclo qui se vautre (par votre faute) si tout va bien ne coûte pas cher ... Bon, pour moi tout va bien, mais si vous me trouvez la propriétaire du véhicule 785 BEL 78, vous avez quartier libre pour lui faire quelques petites crasses à la Amélie Poulain, lui emmener son chariot dans un autre rayon quand elle a presque fini de faire ses courses, lui mettre sur son pare-brise un autocollant de votre choix qui ne se décolle pas, lui échanger son jean contre un autre deux tailles en-dessous pour qu'elle se sente grosse et moche .... à vos idées
Cet incident me vaut d'entamer mon 60 eme kilomètres avec une sorte de tristesse qui me plombe. L'anecdote suivante va plutôt me faire rire( en silence). J'en étais donc à la déviation ; celle ci me fait passer trop au Nord et rallonge beaucoup mon trajet. J'avise sur ma carte une petite route (passant par la localité au délicieux nom de Autouillet) qui est bien plus logique. Mais comme il n'y a pas une indication , je demande à un cyclo qui démarre sa sortie comment je peux me rendre à Orgerus (au delà des travaux précédemment mentionnés)
Comme il semble hésiter, je sors ma carte. Je lui explique le coup des travaux .
- Non, non, ne sortez pas votre carte, je connais bien le coin (l'un n'empêche pas l'autre, je me dis en mon for intérieur)
Mais, pourquoi vous voulez aller à Orgerus ? (je t'en pose des questions!!!)
- J'ai rendez-vous avec quelqu'un (C'est pas tout à fait vrai mais ça fait rien)
- Donc, vous tournez à gauche dans le prochain hameau, et vous arrivez à Garancières
-Voui mais je ne veux pas aller à Garancières, car la route est barrée pour aller à Orgerus
- Ah ! Ah bon, donc dans le prochain hameau, vous tournez à gauche, et après quelques km vous arrivez à Garancières
- Voui mais je ne peux pas aller à Garancières, il faut que je rejoigne la route au-delà des travaux ....
Je vous épargne la suite, car le même dialogue se répète une troisième fois. Puis il a fini par comprendre. J'avoue que j'avais bien compris qu'il ne fallait pas que je tourne à gauche, et que cet échange m'a redonné le sourire. Je me suis demandée si on parlait bien la même langue .... ou ce qu'il mettait dans ses bidons
Ivry la bataille : je suis à l'heure pour traverser l'Eure
La suite est plus simple; j'avance vite sur ces petites routes de campagne, le vent est favorable. Je suis un peu en avance par rapport à ce que j'avais dit à Bruno, à qui je passe un coup de fil, mais il n'entend pas son téléphone. Je continue donc vers Ivry-la Bataille . Je franchis l'Eure, et pénètre dans le département du même nom. J'ai bien mérité un petit chausson aux pommes. Dans cette petite bourgade fleurie, on se sent déjà bien loin de Paris.
Bruno me rappelle de St André. 14 km nous séparent, et il vient au devant de moi. En montant la côte après Ivry je me demande si je vais être ridicule, dès fois que la jonction se produise à 3 km de mon point de départ ... mais non, l'honneur est sauf, j'ai parcouru 6,5 km lorsque nous nous rencontrons ... il n'avait pas de montée mais un bon petit vent de face.
Un château d'eau bien décoré pour une commune "musicienne" Bruno à Conches
Nous repartons vers l'Ouest en discutant ; les kilomètres défilent, je n'ai jamis roulé à plus de 20 km/h de moyenne sur une sortie aussi longue ! Nous traversons des paysages variés, de belles petites vallées; je me souviens d'une côte un peu plus longue que les autres. Rien de bien méchant cependant. Nous faisons une pause à Conches , une agréable petite ville avec un château en ruine. Il est 13 heures, j'ai parcouru 133 km et il est temps que je mange quelque chose ! Nous repartons sur la même route, puis Bruno bifurque à gauche pour retourner à son point de départ, tandis que je continue vers la Ferté sur Risle, un autre joli village normand avec une grande halle de marché.
La Ferté sur Risle
Je m'arrête au café pour refaire le plein en eau fraîche (la jeune femme qui sert est très sympa) ; et reprend ma route vers Broglie. Cette partie est un peu lassante, car sur 30 km on ne traverse que des hameaux déserts. En arrivant à Broglie je m'aperçois que j'ai du mal à accomoder lorsque je baisse les yeux pour lire mon compteur ou ma feuille de route, comme si mes lunettes me faisaient loucher . J'ai même un instant où je vois double : suis-je entrain de m'endormir sur le vélo ? Après un arrêt, je conclus plutôt que les lunettes sont sales, et les yeux plein de poussière ... car à part un peu de lassitude, une tension dans le cou et les épaules, je ne ressens pas vraiment de fatigue. Je décide de m'arrêter quand même pour prendre un coca sur une charmante place, ça ne me fera pas de mal.
Après Broglie, je fais un bout de chemin avec un VTTiste et amateur de course à pied sympa. C'est le moment où je dépasse mon record kilométrique (178 km) Le coca m'a redonné des ailes, et je me sens arrivée, ou presque.
Voilà qu'au lieu de m'impatienter à l'idée d'arriver, je suis obsédée par l'idée que je risque d'arriver avant d'avoir fait 200 km !!!! Je me réjouis de tout ce qui peut ressembler à un détour !
Presque arrivée je suis, certes, mais il me reste la seule côte sérieuse du parcours, la montée de St Pierre de Mailloc qui doit bien comporter un passage à 8% . Je me paye le luxe de la trouver courte. J'arrive alors à la pancarte : prêtreville, 3,5 km
Damned ! Mon compteur indique 196 km !!!!
Je tourne le dos à l'arrivée, et j'ajoute un ou deux km sur une route plate que je connais bien. Non mais ! On ne m'aura pas comme ça !
199 .... 199,9 ... 200 km .... Done !
Je me laisse filer dans la descente et débarque dans la pelouse au milieu de la famille, comme si j'arrivais d'une autre planète.
La fin d'un beau voyage, le début des vacances.