Ardéchoise 2010 - La saison de la Chataîgne (suite et fin)
Samedi 19 juin 2010 - Laviolle - St Félicien 132 km - 2500 m D°
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Lever à 6h30 et départ à l'heure cette fois (7h09) , mais pour une étape dont la meteo s'annonce ... glauque. Il pleut déjà un peu lorsque nous nous élançpns dans la belle descente de 4,5 km de l'auberge jusqu'à Antraigues, il pleut plus encore en haut du col d'Aizac. Le ciel sur le Gerbier est plombé . pour l'instant il ne fait pas froid ici, 14°C, mais on nous parle de 3°C à Coucouron en altitude !!! Les nuages défilent à grande vitesse, le vent du nord est là et bien là.
Troisième col d'Aizac de mon existence, et premier sans la chaleur de l'après-midi. Je l'ai trouvé difficile au départ : comme l'an dernier le troisième jour, il y a eu ce passage à vide, cette impression d'être en plomb et d'avoir un vélo qui pèse un âne mort, mais ça n'a duré que 10 minutes. Moucheyre dans la foulée, là aussi je trouve ça long, pourtant c'est un tout petit col, on dirait bien qu'il faut que je fasse beaucoup de kilomètres consécutifs avant d'être au point ....
Burzet, un vague rayon de soleil ...
Nous voilà au contrôle de Burzet, j'essaye d'imaginer à quelle heure passent les premiers, mais bien sûr il est bien trop tôt. La Barricaude va cependant nous prendre du temps, je commence à bien m'amuser, j'aime bien la Barricaude où on a même droit à un rayon de soleil. je recommence à passer devant en causant avec plein de monde , j'adore.
Les genêts sous le soleil ... euh non, sous la pluie ....
Trois kilomètres avant le col, il y a un point de ravitaillement en eau, et là le vent de Nord nous fond dessus en grandes rafales. Nous n'en souffrirons que jusqu'au pied du Gerbier de Jonc. D'habitude je supporte très mal le vent, mais là c'est l'Ardéchoise, c'est différent, je veux bien en découdre . J'ai un atout : je suis très chaudement habillée : jambières, couvre chaussures, buff, seulement maillot / manchettes légères et coupe vent en haut mais c'est un coupe vent d'alpinisme guère étanche à la pluie mais très efficace pour le vent, avec une capuche ; le look n'est pas top mais à voir les randonneurs gelés le matin sur le plateau je crois que je n'ai pas tort. Certains sont enveloppés de sacs poubelle, leur pieds de plastique blanc.
Le froid et la tourmente à Sagnes-et-Goudoulet
A Sagnes et Goudoulet on nous sert du thé chaud - quel plaisir !
Le Gerbier de Jonc n'est pas très loin, c'est une bonne surprise. celui-là aussi je le trouve un peu dur, mais il est vraiment très court.; la plupart des personnes présentent le remontent à moins de 10 km/h . J'y arrive juste derrière Jérôme, j'ai fait une petite pause technique sur les bords de la Loire (qui comme chacun sait, prend sa source au ....)
Gerbier de Jonc : gardons l'oeil ouvert (les deux c'est mieux) , le temps des rencontres est arrivé. J'ai un petit peu faim, aussi je suggère une pause à St Martial (mais ce n'est pas un vrai ravito, par contre il y a du thé bien chaud) . C'est là que se produit la première rencontre. Se croiser à l'Ardéchoise, c'est vraiment super, des instants de bonheur. C'est Gérard qui est cette première bonne surprise. Il a choisi de continuer sur la Volcanique malgré la météo défavorable ce matin au départ de St Félicien. Il a l'air en pleine forme malgré cette descente glaciele, et remportera l'Or sur cette épreuve, en bouclant les 171 km en 7h 48 mn.
Avec Gérad à St Martial
Quelques minutes après, c'est Hervé et Thierry que nous voyons arriver : tout se passe vite et bien sur le parcours des Gorges.
A St Martin de Valamas, il y a une petite remontée dans le village, et Jérôme a l'air brusquement très fatigué. cette montée de St Agrève va être difficile psychologiquement, car il n'a plus de jus, aimerait que je reste avec lui et moi, comme ça fait 70 km que je roule je n'ai qu'une envie, accélérer. Je dois dire que je ne suis pas un très bon soutien quand les gens qui m'accompagnent ont des coups de mou, du moins, pas à l'Ardéchoise. Je le prends un peu comme un défi personnel, j'aime être bien jusqu'au bout, voir si j'ai progressé par rapport à l'an dernier ... j'ai envie de n'avoir que moi à gérer ... et aller plus lentement que mon rythme naturel déjà pas rapide est au-dessus de mes forces, ça me ruine le moral. je préfère encore attendre en haut des cols. Dans ces moments j'ai envie d'être seule, ou d'essayer de suivre des plus forts que moi,je recherche plus la stimulation que l'économie.
En dehors de l'Ardéchoise c'est différent, je peux aller très , très très lentement, j'avais emmené une amie débutante au col du Buisson (aller) qui roulait à 7-8 km/h
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Mais pas aujourd'hui !!!!
C'est alors que se produit une seconde rencontre. J'ai viré le coupe-vent pour que mon nom soit visible, car je sais que la montée de St Agrève est propice pour se retrouver. je fais alors la connaissance d'Olivier38 , bloggeur lui aussi et membre du forum de l'Ardéchoise. Après une série de galères (crevaison, forme, météo) , il a renoncé à son challenge sur les sucs et a bifurqué sur la Volcanique - et j'aurai le plaisir de terminer cette montée avec lui. JI me dit qu' Olivier Buisson est très probablement sur l"Ardéchoise Vélo marathon (275 km) , et pas sur l'Ardéchoise (216 km) Juste comme notre conversation commence, Pierrot mon voisin me double (il sera 3 eme de sa catégorie sur les sucs) et je mets un temps fou à le reconnaître !!! Il se remet à pleuvoir mais la conversation fait oublier l'averse - c'est super.
St Julien Boutières
J'attends Jérôme et Olivier continue vers St Félicien. Après un ravito + thé à St Agrève, nous repartons, et cette fois l'écart sera moins marqué. Je me sens toujours très bien. Rochepaule d'abord : un oeil sur l'heure maintenant, les premiers de l'AVM ne doivent plus être loin. J'aimerais qu'ils me doublent dans la montée (ainsi je verrai mieux si Olivier Buisson est parmi eux, je ne l'ai jamais vu mais assez lu son blog pour le reconnaître) mais je roule trop vite . C'est à l'arrêt, à Rochepaule, que je le verrai traverser la foule des cyclos, spectateurs, mangeurs, qui bouchent la route , discrètement, mais impossible de se tromper, son rythme n'a rien à voir avec celui des personnes qui sont sur place.
Rochepaule : anoraks, chapeaux et photographes sous pélerrine
Je vois que tout va bien pour lui et qu'il n'y en a pas eu d'autres avant .... ça me donne encore plus la pêche pour la suite, pour le dernier col, le passage à 15% que je gère sans erreur (me forcer à ralentir un petit peu au début) , la fin de ce col du Busson retour me semble vraiment facile. Une nouvelle rencontre avec mes anciens collègues d'Annonay, des cerises attrappées au vol, des virages en rythme sur la musique, chanter avec les chanteurs ...
Dernière descente ... d'habitude, j'étais quand même contente de rentrer, là il m'arrive un truc bizarre, je ne veux pas que ce soit fini, que ça soit le dernier col, les larmes me montent aux yeux, zut un photographe , j'ai du faire une affreuse grimace ! Il pleut de nouveau fort , il est temps de rentrer tout de même !
A l'arrivée, il y aura encore la rencontre avec Dominique du forum, et avec toute la bande d'Annonay , dont Guy qui vient de boucler allègrement le gros morceau de la Méridionale (plus de 600 km en 3 jours) A St Félicien c'est vraiment l'automne, il fait super froid, gris, triste et il pleut, pour changer.
J'ai beaucoup apprécié ce parcours, très joli, avec une répartition très équilibrée des dénivelés et kilométrages entre les différentes journées. Les conditions météorologiques étaient , c'est vrai ,difficiles, particulièrement inhabituelles. Pour rouler, je suis très sensible à l'ambiance de l'ardéchoise, aux possibilités de retrouver du monde, ça me stimule beaucoup, ainsi que le côté "enchaînement de cols" des parcours qui constitue une sorte de défi où chacun peut trouver son compte.