Dès que le printemps revient ...
samedi 10 avril 2010, Pic Turbat, Massif des Ecrins, ski de randonnée, 1930 m D+
Dès que le printemps revient,
on attaque les grosses bambées dans les Ecrins.
Une vraie de vraie celle-là, avec 700 m de portage des skis sur sentier depuis la Chapelle en Valgaudemar, une montée assez paisible en colimaçon, avant d'attaquer un final sur une pente redressée et de finir à pied sur une petite arête ... un sommet de l'Oisans dépassant 3000 m (tout juste : Pic Turbat, 3028 m) ... et une descente magnifique de l'autre côté de la montagne pour terminer à Villard Loubière ...
La journée commence pour moi à 3h30, pas trop dur ce matin, je me sens motivée et en forme. Ce n'est qu'au point de RDV grenoblois que nous décidons de la "balade" du jour, plusieurs propositions étant en compétition. Caro arrive déjà échauffée, ayant fait quelques kilomètres de vélo, skis sur le sac, pour arriver là ! Ce sera donc la traversée du Pic Turbat ; le fait qu'on soit sept participants (ce n'est pas souvent) , et donc l'utilisation obligatoire de deux véhicules nous permettra , à l'aide d'une petite manoeuvre de voiture, d'avoir pour une fois un point de départ différent de l'arrivée.
Cette rando est aussi l'occasion de retrouver Eric, un ami de longue date -il y a dix-huit ans, je l'ai emmené à la Brèche de la Meije pour sa première rando - depuis il a bien progressé le bougre ! Et bien accroché à ce sport exigeant ...
Eric après 18 saisons de rando à skis
Dans la montée de Laffrey, il y a un cheval mort au milieu de la route. Il vient d'être percuté par une voiture. On se demande d'où provenait ce cheval, qui a du faire plusieurs kilomètres dans le noir avant la collision.
Pendant la manoeuvre de voiture, Caro et moi partons devant, skis sur le sac, sur le bon sentier du refuge de l'Olan. Ainsi nous pouvons faire les premières centaines de mètres de dénivelé en papotant, sans nous griller. c'est qu'aujourd'hui, du dénivelé, il y en a !
Une équipe efficace !
Le rythme va cependant rester très correct, jusqu'à 200 m de l'arrivée. Vers 1800 m, nous chaussons les skis. l'itinéraire ne pose aucun problème, et il est très joli, car tournant ; à chaque replat on découvre un nouveau paysage.
Au fond, Sirac, aiguille de Morges Aiguille d'Olan (col Turbat au 1er plan)
Vers 2800 m nous remontons des pentes Est où il fait très chaud et j'apprécie énormément les deux mini-bouteilles de coca que j'ai apporté (j'en ai même perdu une qui a glissé jusqu'à s'arrêter dans un creux, Laurent est allé me la chercher, merci à lui !) Un autre choix dont je me félicite, est celui d'avoir adopté la chemisette de rando : cela permet de garder des manches longues (pour ne pas se blesser en cas de chute sur neige dure) sans trop souffrir de la chaleur.
Caro en pleine action
Ca se complique ...
A l'aplomb du col Turbat, ça se corse : le terrain devient raide, et on prend pied sur une sorte de rampe au-desus d'une barre. De plus, en orientation NE et à près de 3000 m, il y a de la neige froide, qui repose sur un plan de glissement .
On tente de retirer la neige qui colle aux skis ...
Cette neige forme de plus d'énormes sabots sous les skis. Donc, la progression à skis devient dangereuse, et difficile car on "rippe" sans arrêt. Caro qui est devant , à faire la trace (quelle forme !) doit déchausser, et fait une trace à pied dans une neige assez profonde.
On monte tous à pied ...
Et on arrive sur l'arête Sud ...
Heureusement la partie raide ne dure pas trop longtemps. Nous remettons les skis sur une large arête, puis terminons à pied par un petit passage plus aérien. Je pose mon sac pour la petite arête finale, j'ai l'impression de m'envoler. Quel pied de faire de la montagne en chemisette et sans sac ! Cela me confirme que malgré les 1900 m, j'ai encore "du jus", je ne me sens pas plombée comme parfois.
Le sommet est tout pointu, on ne peut pas y tenir à sept (à peine à deux ...) !
redescente du sommet ...
Nous retournons pique-niquer (enfin, pour ceux qui ont emmené à manger ) sur la belle selle sous le sommet.
On peut trouver pire comme endroit ... paysage fabuleux, très grande douceur, on est à 3000 m et pas même besoin d'une petite laine.
Seulement la neige prend le soleil, il faut descendre de là ...
C'est parti !
Le haut est déjà assez mou, puis ça devient très bon : une descente extra dans un terrain varié et ludique, avec des bosses, des passages entre les rochers, des croupes et des creux pour choisir sa qualité de neige On contourne un petit lac (le lac Lautier) enfoui sous la neige Et ça dure pendant 1400 m D - !!!! Enfin presque, je passe sur la fin un peu scabreuse pour rejoindre le torrent et le sentier à travers les arbres, où on devra quand même déchausser/ramper/glisser sur les fesses en s'accrochant aux branches.
Villard Loubière
Nous sommes à 1600 m, sur le sentier du refuge des souffles, il reste 600 m de D- à pied pour rejoindre le village de Villard Loubière et les boissons fraîches du "Loup Bar" . Merci à ceux qui ont eu l'idée de cette magnifique traversée !
Le Loup Bar Les loubards