Ouille, la saison se termine !
Mardi 1er juin 2010, Ouille d'Arbéron, ski de randonnée, 1400 m D+
La vallée de la Maurienne, c'est loin, aussi cette fois encore le départ se fait la veille, en début d'après-midi, afin d'aller dormir au refuge d'Avérole .Pierre nous rejoint au début de la vallée de la Maurienne. La montée en refuge est courte; Le refuge n'est pas gardé en cette saison, mais il est confortable, il y a l'eau courante au robinet, des ustensiles de cuisine, un poële et même du gaz, ce que nous n'avions pas prévu. Nous y retrouvons deux autres équipes, deux messieurs qui s'installent pour une semaine et trois jeunes étudiants qui ont également le projet d'aller à l'Ouille d'Arbéron.
L'Ouille d'Arberon est le sommet tout à gauche, le refuge est bien visible sur la bosse herbeuse
Intérieur du refuge d'Avérole
La soirée est belle avec une lumière magnfique et les marmottes qui courent dans l'herbe, mais il souffle un vent glacé qui nous pousse à rentrer. je suis une and-ouille, j'ai oublié ma gourde ... une petite flasque trouvée au refuge et une bouteille de Yop feront l'affaire.
Ombres du soir La Bessanèse
Je passe une nuit agitée à cause de violentes douleurs intestinales, et du coup, à 4 heures, j'hésite à partir. Je me sens vraiment patraque et faible. Mais je n'ai pas fait autant de kilomètres pour passer une matinée de beau temps sous les couvertures du refuge, et je me fouette un peu. Je me sens mieux quand je commence à préparer mes affaires.
Magnifique début de matinée
D'épais nuages cachent les sommets, mais une expérience précédente au Charbonnel tout proche nous incite à croire au beau temps. En effet, très peu de temps après notre départ, on distingue en altitude un glacier éclairé par les premières lueurs de l'aube au-dessus des nuages. Le vent est tombé et le temps s'annonce superbe. Après une section à pied d'une demi-heure à peine, nous chaussons les skis et remontons de petits vallons en direction du Col d'Arbéron, dans un relief compliqué. La neige est très dure, couverte parfois de petites plaques de neige fraîche compactée par le vent. Il fait très frais pour la saison et nous guettons l'arrivée du soleil pour faire une pause.
Pierre et le sommet de l'Ouille Plein de glaçons et de givre, sous le sommet
Pour gravir l'Ouille d'Arbéron , il faut tout d'abord gagner son épaule ; une grande traversée "couteaux obligatoires" nous y amène. Sur cette arête, la neige est incroyablement gelée (mais sa surface plus givrée que vitrifiée heureusement) ; Chaque rocher a ses petits glaçons qui pendouillent. A la fois à cause de ma forme défaillante, mais aussi à cause de la neige très dure, je décide de faire le sommet en aller-retour retour en crampons en suivant l'arête, et de ne pas descendre la face Sud, raide et exposée; je laisse au reste de l'équipe le soin d'aller saluer cette belle face. Pour l'avoir en neige plus souple, il faudrait attendre plusieurs heures.
Le sommet et son panache de nuages
La Croix Rousse au premier plan (eh non, on n'est pas à Lyon )
L'arête est assez sympa à parcourir à pied : sur la fin je sens les effets de l'altitude (le sommet dépasse 3500 m) ; Le sommet est très aérien, une sorte d'arête rocheuse formée de grosses pierres inclinées larges d'un mètre. La vue s'étend du Mercantour au Viso et aux alpes du Nord ....
A la descente, les crampons mordent bien dans cette neige ferme et la pente est peu raide. Je rejoins facilement mes skis, les chausse et je fais mes premiers virages sur une neige béton lorsque je croise nos étudiants du refuge. Je poursuis ma descente sous un soleil désormais bien chaud et, après une brève remontée, me pose au col pour attendre mes coéquipiers , qui doivent effectuer une remontée de olus de 200 m de déniv car ils sont descendus dans le vallon au sud du col. L'attente sera un peu plus longue que prévu car ils ont rencontré un cul-de-sac lors de leur descente et ont du remonter 100 mètres supplémentaires !
Bonne neige de juin, derniers virages !
Une belle descente variée nous attend sous le col. Les petites plaques de neige fraîche sont un peu gênantes, mais plus bas on retrouve une très belle neige de printemps et des névés bien conservés nous permettent de descendre jusque vers 2200 m sans rencontrer un mètre carré de neige pourrie.
Bouquet final
Cette fois, il semble bien que la saison de ski 2009-2010 s'achève. Une saison marquée par une météo difficile, une nivologie souvent douteuse, donc avec très peu de pentes "raides", et beaucoup de dénivelés modestes (souvent liés au mauvais temps) . 42500 m D+ en 37 sorties, cela situe cette saison dans une "bonne moyenne" parmi les onze dernières (cinquième position) .La saison a été marquée également par de très belles "découvertes", souvent dans le Champsaur, et des neiges fréquemment d'excellente qualité -poudreuses, mais aussi transformées,
De beaux sommets de plus de 3000 mètres viennent s'ajouter à ma collection : l'Ailefroide Orientale, le Pic Turbat, la Pointe du Vallonet, l'ouille d'Arbéron. Parmi les souvenirs il y a aussi ces moments gourmands dans des neiges d'anthologie : la face est des lances de Malissard dans une poudreuse légère à souhaits , la moquette qualité grand luxe sous le col du Chardon, la neige bondissante des Parias inespérée au mois de mai .... et un prix spécial pour la Dent d'Aurouze et la belle continuié de pente du ravin du Chevalet. A noter également quelques sorties particulièrement à l'écart des "sentiers battus", sur les pentes du Laton gazonné, en face Est du Barral ou à la tête des Chétives .