BRM 600 de Grenoble, la grande aventure
Samedi 24 et dimanche 25 mai, BRM 600 km de Grenoble, 591 km / 6750 m D+ en 28h56 (total 33 h 50)
Le Time trépigne ... tout chargé qu'il est ...
L'histoire commence pour moi le vendredi 23 lorsque je quitte mon domicile vers 18 h30 . C'est un soulagement de partir, je tourne en rond ! Je supporte mal l'impatience qui précède les grands jours, et toute l'anxiété qui est associée aux évènements à date fixe !
Anne-Marie a la gentillesse de m'héberger à quelques kilomètres du départ. En effet, pour un départ à 4 h , il me faudrait partir de Valence à 2h30 ... même en étant sur place je mets le réveil à 2h40 ... Anne-Marie se lève avec moi et me sert un petit déjeuner royal (merci merci merci )
Malgré ces conditions idéales, je ne crois pas avoir dormi beaucoup plus de deux heures ... trop énervée ...
Yann au départ
Sur place je retrouve Yann, Pascal Bénistant, les trois ATSCAFiens Bruno, Alain et Florian ainsi que bien sûr, Franco et Cricri avec qui je vais faire équipe. Contrairement aux fois précédentes personne n'est préoccupé par la meteo : une belle journée s'annonce et il fait doux au départ, qui est donné juste après 4 h
Grenoble-Annonay : les malheurs de Franco
La piste cyclable est parcourue dans l'obscurité, de manière assez groupée avec d'autres participants. C'est assez délicat car à cause des orages de l'avant-veille, elle est jonchée de branches parfois volumineuses.Je chemine aux côtés de Franco. Il me fait remarquer que la lampe d'un participant l'éblouit, et deux minutes après, celui-ci perd sa lampe. Je dis à Franco qu'il a des pouvoirs et qu'il devrait refaire l'essai sur un autre, et nous nous éloignons en nous tordant de rire. Un BRM c'est sérieux
Magnifique meteo ...
Après la pause technique devenue rituelle à St Gervais, c'est la première petite montée vers Vinay, et là ... dès que Franco passe le 34 dents, sa chaine saute d'une vitesse à l'autre sans se stabiliser ...même assis sur la selle ... en gros, il ne peut faire les montées que sur la plaque ... malheureusement, ça se confirme en arrivant à Varacieux (petit passage à 7%) . A cause de ce problème, Cricri et moi arrivons en avance à la Feta de Chambaran et nous descendons à la fontaine de Roybon pour téléphoner à Franco afin de connaître sa décision.
Il nous rattrappe, et prend de l'avance dans la vallée de la Galaure très roulante, pour aller jusqu'à Annonay où il trouvera un vélociste.
Treigneux ! un souvenir d'une sortie magnifique !
La Cance ... comme le WE dernier !
Pendant ce temps, je remonte la vallée de la Cance ; Cricri n'est plus avec moi ayant été victime d'une crevaison dans la vallée de la Galaure. Tout le monde se retrouve au pointage à Annonay, mais mauvaise nouvelle, Franco ne peut pas continuer avec nous, les réparations sont trop importantes ... il doit donc faire demi-tour ...grosse déception pour lui et dommage pour nous aussi !
Annonay ...
Annonay-St Bonnet le Chateau : on a perdu Cricri
Nous repartons assez nombreux (et au milieu des voitures) en direction du Col de la République. Parmi les personnes présentes, Rémi qui nous accompagnera jusqu'à St Donat et Alain qui arrivera peu de temps après nous. Ces deux derniers ont un rythme proche du mien. Comme la grimpée se prolonge, je finis par les doubler et je "grignote" Cricri parti devant, pour arriver presque en même temps que lui au col de la République, un petit détour de 500 m "Made in Cricri".
Un mini-détour par le Col de la république
A partir d'ici, c'est terra incognita : un terrain vallonné et une descente rapide sur une grande route nous mène à Firminy à l'heure du déjeuner. Nous traversons la Loire sur le pont du Pertuset pour grimper vers St Bonnet le Chateau. Il fait toujours beau, quelques cumulus viennent cacher le soleil.
Pont du pertuset
Rémi
Encore une bonne petite bosse à St Bonnet le Chateau !
Cricri s'envole dans cette montée, une partie vallonnée assez longue fait suite et je ne le vois plus ... on essaye l'échange téléphonique mais ça passe mal ... en fait, il s'est arrêté prendre de l'eau, on ne l'a pas vu, il nous a cru derrière et est redescendu pour nous chercher ... pendant qu'on était devant. Le contrôle de St Bonnet, où je retrouve Jean-Philippe, nous permet de nous regrouper. J'ai aussi le temps de manger une tarte et de boire un café.
Au fond Jean-Philippe
Ouf on a retrouvé Cricri !
St Bonnet le Chateau-Langeac : une bien belle balade de l'après-midi
J'ai trouvé ça usant ces coups de culs avant St Bonnet, ou alors était-ce le fait d'avoir "perdu" Cricri ... toujours est-il qu'après la pause j'ai l'impression d'une renaissance.
Je m'éclate dans les toboggans sucessifs qui constituent les 45 km jusqu'à la Chaise Dieu et aussi bien sûr dans les 30 suivants avec de belles descentes très roulantes. On attaque le second tiers et c'est mon meilleur moment. Comme souvent dans un groupe, nous sommes "décalés" ... à l'euphorie de l'un correspond un coup de mou de l'autre ... et la nuit, c'est pire !
Je pédale joyeusement tout en grignotant des mini-saucissons ... vive le vélo
De même nous allons perdre un petit moment Rémi, victime de maux de ventre, mais qui va revenir ensuite assez fort pour nous rejoindre. Après une zone de cumulus menaçants dans l'après-midi, la soirée est magnifique.
La Chaise Dieu
A 18h30, nous sommes à Brioude et je signale notre position à Gillou qui viendra nous retrouver plus tard. Après un parcours facile dans la vallée de l'Allier, sous la lumière dorée du soir, en compagnie de Jean-Philippe, nous restons sur notre idée de nous arrêter à la pizzéria à Langeac. Certes, il ne fait pas encore nuit et on rate le soleil couchant. mais on commence à avoir vraiment faim après 315 km
Vieille Brioude
Ste Ilpize
Virage à droite !!! Alerte pizzeria !
Cela va se révéler un bon choix car ce resto est super : c'est bon, le service est rapide, et les gens sont super sympas. Comme en plus j'ai adoré le coin, je me mets ça de côté pour un petit séjour vélo-tourisme l'occasion de revoir également certains coins de jour et de visiter à pied certains villages ou chapelles perchés.Bref, nous passons un agréable moment à Langeac.
Langeac- Le Monistrol d'Allier : entrée en scène de Gillou
Nous repartons avec la nuit tombante, dans la belle grimpée vers Saugues. Nous nous sommes habillés pour la nuit, et à cet instant j'ai trop chaud. J'ai l'impression de mal respirer, la digestion et les vêtements , bref j'ai du mal, mais je monte correctement quand même. Concernant la vitesse "roulée", le chargement sans excès des vélos n'a guère d'influence sur les pourcentages modestes. j'ai l'impression même qu'on a bien roulé sur les 315 premiers km.
Après cela il y a un petit tassement de la vitesse en grimpée. On est juste un peu en dessous. Rien à voir avec ce qui se passe quand on "explose complètement" .
Bref, on s'élève poussivement tandis que le soleil se couche. maintenant j'attends la rencontre avec Gillou. C'est le prochain jalon de l'aventure. Cela se produit juste un peu avant Saugues.Gillou est garé dans ce village, il va nous accompagner et reviendra au petit matin en arrière pour récupérer sa voiture. Comme nous passerons par son village il nous propose d'avance un arrêt café .Un bonheur ces visites et accompagnements sur les BRMs !
Il fait froid à Saugues ! Gilles nous dit qu'on y a relevé une température de -36°C Là il ne fait que 5 ou 6°C mais avec un petit vent , brrrr ... d'autant qu'après une courte montée, on bascule dans les gorges de l'Allier. Il y a pas mal de BRMistes dans le coin qui forment une ligne lumineuse tandis que je plonge dans le trou, espérant la fin de la descente pour me réchauffer en grimpant.
Le Monistrol d'Allier - St Julien Chapteuil : le sommeil et le froid
Enfin le Monistrol d'Allier ! Je craignais un peu de manquer d'énergie pour monter, car toute "figée" par la descente, mais ça se passe assez bien. Ce n'est pas le cas pour Cricri qui lutte contre le sommeil. Il ralentit, on l'attend, puis il dit de ne pas l'attendre. J'ai du mal à accepter cela, même si je sais qu'il peut nous rattrapper ensuite. Un vieux reste de la montagne où on "n'abandonne" pas un compagnon seul dans la nuit, le froid , l'isolement ! Je finis par prendre quand même de l'avance ...
On dépasse St Privat, comme dit Gillou ça monte encore après, mais les pentes ne me semblent pas trop fortes ... bientôt on commence à descendre sur le Puy .
Je n'ai aucun plaisir à cette descente. Très vite, je grelotte sur le vélo. ca n'en finit pas ! En plus, par 5°C, habillée correctement (gants, jambières, buff sur la tête, maillot manche longues et coupe-vent) je ne devrais pas avoir froid.
Au Puy, je rattrappe Gillou et Rémi, puis nous voyons arriver Cricri (ouf) , ainsi que Jean-Philippe, qui fait "l'accordéon" avec nous. Il va s'arrêter au Puy, tout comme Yann que Cricri a aperçu plus haut et qui en a marre. Tout le monde a froid !
Plus que 17 km pour St Julien Chapteuil et le café salvateur. Je continue à trembler sur le plat et même sur le faux-plat montant, en plus mes pieds sont gelés. Ce froid est tout simplement un effet du manque de sommeil ! Tout comme l'espèce de déprime qui suit (17 km c'est long, demain je vais devoir monter la Mado à pied, etc ...) ainsi que la gène visuelle (pourquoi mes compagnons de route balancent leur lumière de droite à gauche comme ça ? ) et la sensation de flotter en milieu hostile
St Julien Chapteuil-Tournon : au ralenti
Une bonne pause, deux cafés, de la brioche ... à 3 heures du matin, cet accueil chez Gilles va beaucoup m'aider. Il me passe aussi une micropolaire, j'ajoute deux autres buffs sur la tête et autour du cou !!! et ainsi je peux repartir. Une bonne grimpée de 400 m D+ fera le reste. Non loin devant moi, Gillou et Cricri, derrière moi assez loin Rémi qui peine.
Ma période de "mieux" se confirme dans les ondulations suivantes (dont une très raide, celle de Mars ... un coup de barre, Mars et ça repart ... ) , tandis que je vois pointer les premières lueurs du jour. Mes pensées négatives disparaissent ... mais Cricri derrière s'endort sur le vélo ... de nouveau il envoie un sms disant de ne pas l'attendre. Je n'ai presque plus de batterie sur mon portable.
Gillou voulait descendre avec nous jusqu'à Lamastre, mais il y a de la gelée blanche à St Agrève .... la descente (à 6 h) va être très froide. Il va donc commencer à rentrer,il va recroiser Cricri et Rémi sur le plateau. J'attaque la descente en compagnie d'Alain qui est de nouveau avec nous depuis un moment.
Ca allait bien depuis un moment, mais là je subis une seconde attaque du manque de sommeil, d'un autre style. Là c'est sous forme de petits "décrochages", de pensées vagabondes. Je pense souvent à autre chose en roulant, mais là, la différence, c'est que je sens bien que je dois lutter et me dire en permanence "je suis sur le vélo". Pour cela je bouge, je change de rythme, je fais des moulinets avec un bras, puis l'autre, j'essaye d'avoir des pensées cohérentes ... sinon je me détache de mon corps
La température remonte à 8°C mais on a froid quand même. Je pensais attendre Cricri devant un grand bol de café, mais rien d'ouvert encore car il n'est pas 7 h ... par contre la boulangerie où nous pointons est ouverte et l'accueil y est fort sympathique ! Nous y retrouvons l'équipe de l'ATSCAF assez fatigués et congelés.
je sais qu'on va repartir en légère montée et ce terrain est ce qu'il me faut à ce moment. Cricri nous rejoint et ... Franco est tout près ! Il est parti très tôt le matin, avec son autre vélo, pour nous retrouver et terminer ce BRM avec nous !
Quand Franco retrouve Cricri, ils me mettent une mine monstrueuse sur la partie Le Crestet Tournon , surtout dans la descente . Il a l'air d'avoir repris du poil de la bête mon compagnon de route !
Boire un grand café en terrasse, pouvoir enfin retirer ce paquet de vêtements , la température étant remontée à 12°C ... c'est tentant ... Même Cricri ne m'a pas charriée sur l'idée de la pause ... il s'est arrêté sans que j'insiste
Tournon- St Marcellin : 57 km en cadeau
Mais ce n'est pas tout ... à 6 heures, j'ai signalé ma position (St Agrève) à Olive, tout comme la veille au soir.... je lui ai indiqué une arrivée pour 8h30 à Tournon ... il est 8h30 ... c'est le dernier SMS que je pourrai lire sur le portable !
Il dit "TOURNON ?" et je réponds "Oui !" ?
Olive est là !
Sa visite d'amitié est un bonheur pour Franco, Cricri et moi ... ça fait plaisir de le revoir un peu sur le vélo !
Ceux qui le connaissent savent qu'il ne peut plus avoir la même pratique qu'avant son accident , que son quotidien est aussi difficile et qu'imprévisible ... on apprécie d'autant plus l'énergie qu'il nous donne, et de pédaler avec lui quand c'est possible . Alors là, le jour du BRM, de mon premier 600, c'est juste un beau cadeau .
C'est un gros groupe qui repart !
Il fait bon, la fatigue s'est envolée, et c'est un groupe assez imposant qui repart de Tournon ! Du coup même le vent de Nord ne me contrarie pas. Un petit pointage à St Donat, dans "ma" super boulangerie, et quelques uns craquent sur un petit arrêt prolongé, dont Rémi, que du coup nous n'allons plus revoir
Nous repartons à cinq, Olive, Cricri, Franco, Thierry du Friol Club (avec qui j'ai fait la randonnée Jacky Rivat et qui nous a rejoint en route) et moi . Cricri pète le feu Avec 500 km dans les jambes, ses deux sacoches avant et arrière et son gros sac à dos ...il attaque !
J'adore celle-ci !
St Bonnet de Valclérieux
On grimpe tranquillement la Mado et ça n'est pas bien plus compliqué que d'ordinaire. Les délires de la nuit se sont envolés
St Antoine l'Abbaye
Thierry
A St Marcellin on quitte Olive qui a pris en route quelques photos souvenir de notre petite équipe ... des photos qui marquent !
St Marcellin - Grenoble : David Denivellator sur la voie verte !
Encore une bonne quinzaine de kilomètres très roulants et nous voici sur la voie verte. J'ai faim et je ne trouve plus grand chose dans la poche du gilet de sécurité : c'est plein de papiers, emballages etc ... mais le cerveau s'étant remis à fonctionner depuis Tournon je réalise que mon maillot manche courte contient une réserve non entamée de petits gateaux à l'anis
Et là re-surprise ! David sur la voie verte ! Le spécialiste des coef 3 qui a sacrifié son troisième Chamrousse pour le plaisir de retrouver les copains . Gillou, Olive, David, ya pas à dire : on a été bien soutenu !
Alors de discussion en discussion ça déroule ... ça ne va même pas être si difficile que ça de terminer.
C'est un peu une surprise pour moi, peut-être par contraste avec les moments brumeux de la nuit. Les jambes tournent assez normalement , je n'ai aucune douleur particulière, pas du tout mal aux fesses non plus. Evidemment le moral est excellent car le but est de plus en plus proche, sans galérer en plus .
Et c'est l'arrivée ....après 29 h de pédalage, et presque 34 h après le départ
(Le parcours ne fait pas tout à fait 600 km mais on n'a pas été arrondir )
Franco (qui du coup a fait presque 500 bornes dans son WE !) et David
Florian, Bruno, Franco et Alain
Rituel de la "mise en boite" de la carte de route, photos, arrivée d'Alain puis de l'équpe ATSCAF ... nous n'attendrons pas plus longtemps. Je dois faire mon retour à Valence (une heure de route) et Franco me propose un arrêt chez lui, c'est sur ma route.
Nous apprenons que Yann s'est remis en route après le Puy ! le vélo restant quand même le moyen le plus commode pour rejoindre Grenoble ... le chemin ne sera pas simple pour lui mais il terminera largement dans les délais.
Je ne cacherai pas que le court trajet Grenoble-Tullins en voiture a été horrible ... une lutte sans merci ! En revanche après un bon petit moment avec Martine et Franco, une douche, un repas et une petite sieste, le reste du retour s'est fait dans de bonnes conditions de sécurité
Je ferai ensuite un autre petit article de bilan de ce très beau brevet (matériel, ressenti, organisation etc )