Le beau manteau blanc, extase et pièges !
Vendredi 8 février 2013, ski de randonnée, la Ferrière d'Allevard, 1550 m D+ en deux montées , total 6 heures environ.
8h30, -10°C, pas de vent ... nous poussons les skis dans une neige poudreuse légère et épaisse qui promet monts et merveilles .
Aujourd'hui, Véro est de la partie et se joint à mon équipe habituelle, pour une exploration du côté de la Ferrière d'Allevard, en direction du lac du Léat . .
Loin d'être une débutante, elle arpente elle aussi depuis longtemps les pentes de Belledonne, Chartreuse, Vercors .
Nous avons fait ensemble trois belles sorties en vélo (dont le Gerbier de Jonc en octobre) , mais c'est la première fois qu'on se retrouve pour skier.
Le soleil se lève du côté de la station des 7 laux (Pleynet)
Ca ne manque pas de neige ...
Notre paradis se mérite. Après Cisou, c'est Véro qui se met à la trace. Trace ? véritable tranchée oui, qu'il faut creuser pour progresser. La quantité de neige poudreuse est hallucinante. Derrière, c'est le grand confort pour Laure et moi . Une petite erreur de parcours nous fait croiser la route d'un chamois. Après 850 m D+ , nous débouchons sur un replat au-dessus de la forêt. Il sera notre terminus, pour ne pas aller taquiner les pentes supérieures où le vent aura rendu la neige dangereuse.
Rien ne nous empêchera de faire une seconde remontée, bien plus rapide grâce à notre trace, pour profiter de la neige.
Il faut avoir une grosse condition physique pour tracer là-dedans !
Arrivée au paradis !
Peaux de phoques dans la veste (pour les tenir au chaud, afin qu'elles collent encore à la seconde remontée) , nous entamons la descente. Malgré une neige un peu plus dense sur le plateau, le ski est fabuleux ... et carrément extatique quand nous plongeons entre les premiers arbres ... des sensations inimaginables ... un ski d'une facilité déconcertante !
La pente se raidit, à droite une belle clairière pentue, qui tente les filles, tandis que Cisou chosit un coin plus boisé.
Laure s'engage dans ce passage, je la suis, un peu décalée à gauche, et nous échangeons brièvement sur le fait que dans cette partie raide, on sent le fond dur dessous.
Et tout à coup je vois la clairière qui se met en mouvement
Est-ce moi, est-ce Laure, ou nous deux qui avons déclenché la coulée ?
Laure est embarquée.
Véro et moi, immobiles, cherchons avant tout à ne pas quitter Laure des yeux pour savoir où la chercher au cas où elle soit ensevelie. Cisou la voit également, de là où il est.
Une sorte de tas de neige bombé la suit, et me la cache un instant, ce qui me fait très peur. Puis tout s'immobilise, elle nous dit que ça va et se redresse. Toujours en surface pendant ce regrettable "voyage", elle ne s'est pas blessée, et n'a pas perdu de ski. Elle a craint surtout que l'avalanche, dans une clairière dominant une zone boisée, l'écrase contre un arbre (un accident de cette sorte a tué trois randonneurs en chartreuse, il y a deux ans) .
Je suis toujours sur la partie de la plaque qui n'a pas bougé. Je n'ose plus skier par peur que le reste parte aussi, donc je recule 10 m, et vient me placer sur la neige dure laissée par la plaque friable.
On voit la zone où la plaque est partie.
Toute l'équipe a les jambes tremblantes. En cause, clairement une erreur dans le choix du terrain : clairière raide et rupture de pente, alors qu'il suffisait de rester dans les arbres.La neige fraîche (30 cm) à cet endroit, a juste glissé sur un fond dur (pluie, vent ?) Une alerte qui permet d'augmenter notre vigilance devant un phénomène qu'on "oublie" parfois dans le plaisir de l'instant ... ce qui ne supprime pas le risque, c'est vrai !
Des pentes douces et de la neige jusqu'aux oreilles pour reprendre confiance !
En dessous, il n'y a plus de souci. Les clairières rencontrées seront en pente douce, et les parties forestières dans le duvet blanc permettent de retrouver confiance peu à peu.
La qualité du ski en forêt encourage à une seconde montée (on ne descend pas tout à fait à la voiture) , moins froide que la première, et bien plus facile grâce à la "tranchée" .
Seconde montée
Notre descente se fera entièrement dans les bois, cette fois proche de l'itinéraire de montée. Sans incident celle-ci (ouf) ... juste quelques cris de plaisir qui résonnent dans les bois, de la neige qui vole ... sous les yeux d'un autre chamois étonné (à moins que ce soit le même) .