Poudreuse AOC Chartreuse
Dimanche 18 décembre 2017 , ski de randonnée, Chartreuse, 14 km, 1100 m D+
Rendez-vous ce dimanche à St Laurent du Pont avec Alice, Coco N, Laurent (le mari de Muriel qui était avec nous aux 7 Majeurs) et Cyrille (un jeune venu de Normandie faire une section sport-études, qu'Alice héberge).
Nous prenons, sur une route très vite blanche, la direction de St Pierre de Chartreuse , pour se garer au Pont des Cottaves, vers 1100 m sur la route du Col de Porte ... un coin réputé pour son enneigement ....une réputation qui n'est pas surfaite, c'est littéralement gavé de neige.
Bien sûr on n'est pas seuls à avoir eu la même idée ... mais la montagne est grande, à nous de trouver nos descentes ... ce que nous allons faire toute la journée, avec de grands bonheurs et de petites galères !
La meteo est avec nous, beaucoup plus belle pour une fois en Chartreuse que du côté de Valence .... la grisaille matinale fait place à un ciel un peu chaotique, avec de somptueuses éclaircies.
Une première montée très tracée donne accès à la crête ... on enlève les peaux, et on bascule dans le versant Ouest .
Et là c'est BINGO, plus de photos, on skie, que dis-je, on vole en poussant de petits cris. La forêt offre un terrain de rêve à nos spatules, la neige est épaisse, légère, tolérant toutes les fantaisies. Et il y a eu vraiment peu de passage ...
Vers 1500 m, on remet les peaux pour remonter sur le "mamelon" , douce bosse blanche qui domine, de l'autre côté, les bergeries du Charmant Som (point culminant d'une belle sortie à vélo avec Vincent P;, Baptiste et Franco) . Une belle trace nous amène sur ce petit sommet ...
La descente, cette fois en terrain dégagé, est prometteuse .... que dire, c'est "whaouh" .... plaisir intense ... Cyrille va même goûter la neige avec tout le corps ;-)
150 m plus, allez, on remet les peaux. On aurait du se méfier, certaines donnent des petits signes de désaccord. Les peaux n'aiment pas être recollées sans avoir été réchauffées avant. Surtout si la neige est très froide, très fine, s'infiltrant entre la semelle et le ski ... surtout si elles n'ont pas été ré-encollées depuis un certain temps ...
Nous remontons à l'oratoire, et plongeons jusqu'au fond du ruisseau, invisible sous la neige mais que le relief laisse deviner. Plongeon est le mot juste pour moi, car en remontant (après le troisième ré-encollage) , je perçois mal le relief et fais une chute dans un creux. Pas de mal mais quel effort de folie pour se relever quand la neige n'offre aucun appui !!!
Entre temps, nous avons jeté un oeil dans le goulet qui prolonge le ruisseau. Un GR y passe en été, je me demande si je n'y suis pas passée à skis, un jour, mais je n'en suis pas sûre, et le goulet n'est pas engageant ... donc demi-tour, avec l'idée d'aller rejoindre plus haut l'itinéraire classique des Cottaves ou des Revols.
Mes recherches ultérieures montrerons que j'étais bien passée par là il y a dix ans, en montée, et que c'était un peu galère . Peut-être tellement galère, que mon cerveau a effacé l'épisode :-D ... mais ça passait.
A hauteur des bergeries, ou plutôt un peu avant , sur la crête à droite, nous en terminons avec notre troisième montée, qui est censée être la dernière. Les peaux de phoques donnent de plus en plus de signes de faiblesse ...
Et voilà qu'on se lance dans notre fourvoiement du jour, en tentant une descente directe . On regarde la carte et on se dit que si l'on réussit à franchir la première zone raide, en dessous, il n'y a plus de rochers ... et que ça passera dans le bois.
On skie donc une courte pente bien raide ... qui donne quelques sensations ... sauf que plus bas .... la forêt plonge, plonge, on voit le sommet des arbres à notre portée. Zut, c'est quoi ce truc !!!!
On doit se rendre à l'évidence : remontée obligatoire ...
On a beau rivaliser d'astuces plus ou moins foireuses pour recoller à nouveau les peaux de Coco, rien n'y fait, ça ne tient pas. Le stress monte un peu (plus que nous) mais nous avons encore des idées ... par exemple Laurent propose qu'Alice ou moi une fois en haut, il redescende une paire de ski avec des peaux qui collent pour Coco.
Il faut donc déjà remonter ... Laurent porte les skis de Coco sur le sac, elle fait de son mieux à pied ... dans un mètre de sucre en poudre, c'est surhumain ! Pendant ce temps, j'essaye de faire une trace à skis. Au début, ça va ... mais quand la pente atteint 45°C (et pourtant, je suis presque arrivée) la neige s'écroule tellement que je fais des conversions ... sur place, sans m'élever d'un iota.
Du coup, tout le monde passe à pied. A force de grognements et de reptations d'une élégance dont la Chartreuse profonde gardera le secret, nous réussirons à vaincre les écroulements de cette poudreuse si désirable et à cet instant si contrariante.
Avec des participants moins sportifs ou moins solides mentalement, une petite galère comme celle-ci pourrait vite se transformer en grosse. En même temps, nos décisions auraient forcément été différentes. J'espère que la chute de neige de ce jour recouvrira nos traces, afin d'éviter ces errances pour d'autres personnes !
Quand nous débouchons près des bergeries, nous ne sommes pas fâchés d'en avoir terminé avec le côté aventureux, et de rejoindre la bonne vieille trace des familles pour rentrer à la voiture. Bon, nous lui ferons bien quelques infidélités pour un ou deux coins de forêt délicieuse, mais si peu .... nos aventures ont pris du temps, il est l'heure de regagner la vallée ...