Au bout de la nuit ... le BRM 400 km de Grenoble
Samedi 12 mai/ / Dimanche 13 mai 2012
BRM 400 km de Grenoble
419 km + 13 km (déplacements gare) , grand tour de Lyon, 4238 m D+
Après une matinée de samedi que je trouve calme mais où il paraît que je tourne dans tous les sens , je file vers la gare ,poussée par le "souffle des grands jours" et surtout un violent vent de Nord pour prendre le TER de Grenoble.
Bien sûr je prends le train à Valence centre, et au retour je descendrai à Valence TGV : ainsi pas de vent de face, non mais !
Le vélo est bien chargé : en effet j'attends un peu de pluie, du vent, et surtout du froid qui justifie une tenue quasi hivernale. J'ai finalement conservé les deux lampes principales, mais une frontale minuscule sur le casque.
Grenoble : on dirait du beau temps mais avec un vent furieux et de gros nuages qui déboulent
Arrivée avec une avance considéralble, je retrouve bientôt mon ami Cricri et je fais peu à peu connaissance avec tous les autres arrivants. Bientôt nous voyons avec plaisir arriver David, le troisième représentant de l'équipe des "cyclobloggueurs Rhonalpins" . Quelqu'un d'autre vient me faire un petit coucou au départ : c'est Laurène Je peux ainsi lui présenter Cricri et David..
Tous les trois prêts à partir !
Cricri, David, Pascal, Jean-François
La météo m'inquiète beaucoup : en effet, chose pas si fréquente à Grenoble, un vent violent souffle en rafales, déstabilisantes même en ville ! Il fait très frais pour la saison et d'affreux nuages déboulent de la Chartreuse. A l'arrêt on a même un peu froid ...nous sommes 21 participants et je suis la seule fille (alors les filles !!! vous faites quoi !!)
Là ça sent le départ !
17 heures, le départ est donné, on démarre à un rythme "normal" sur la piste cyclable sans être trop gênés par les rafales.
Le début de la montée au Col de la Placette se présente bientôt, c'est une grimpée assez dure, et fréquentée par les voitures. Je n'en raffole pas. Le vent semble s'être calmé ... il a même pratiquement disparu.
Comme je suis une "vieille" , j'ai toujours besoin d'un long échauffement, 15 km ce n'est pas assez et je trouve que Cricri attaque fort comme tout le monde présent d'ailleurs. Mon compteur de vitesse me rassure car du 7% à 11 km/h, c'est plutôt un bon rythme pour moi Je reste donc derrière, d'ailleurs très peu éloignée.
La Chrtreuse : une pluviométrie remarquable
Plus de vent certes, mais la pluie fait son apparition. Au début, c'est une fine pluie qui me fait penser à la Bretagne ... et à Penn Arr Bed Je vais avoir le temps de penser à tout le monde pendant la nuit ... au fur et à mesure que nous longeons la Chartreuse, ça se transforme en pluie qui mouille ... je pense aux surchaussures de pluie restées à la maison mais sinon ça ne m'atteint pas, car j'ai l'absolue conviction qu'à 20 h cela aura cessé. D'autres participants qui sont dans le coin s'inquiètent de la pluie et semblent avoir du mal à me croire. Deux autres n'ont pas pris le bon itinéraire, on les a perdu !
Yves, un monsieur de 68 ans qui est seul, se joint à nous pour le reste du brevet.
Allez allez on travaille la souplesse !
En attendant je trouve qu'on avance bien, très bien, on a tôt fait de passer dans le département de l'ain On passe devant la cascade de Glandieu, sans s'arrêter pour prendre la douche, c'est bon on a déjà donné On roule sur le mode de mon capitaine de route, sans pauses inutiles, c'est efficace.
En roulant et avec la pluie qui fait des taches ...
Comme prévu la pluie cesse, et la nuit descend peu à peu .. il fait nuit au contrôle à Lagnieu où nous nous arrêtons pour manger un kebab. Nous avons la surprise de retrouver David et le groupe avec lequel il roule ; eux sont prêts à repartir.
Dernière photo de David avant qu'il s'enfonce dans la nuit noire
L'accueil est sympa au kebab mais malheureusement l'attente va être très longue.. presque une heure, dommage de faire une pause aussi longue ... Comme je suis mouillée j'en profite pour boire deux thés bien chauds et d'autres font comme moi. Nous sommes six ou sept à nous retrouver ensemble.
C'est à cinq je crois que nous repartons pour nous enfoncer dans la nuit.
C'est ma première nuit sur un vélo. J'ai parfois roulé de nuit mais deux heures avant l'aube. Là c'est différent, et j'en ressens une émotion particulière.
Pour l'instant l'air est doux (12°C) et un peu venté (vent plus ou moins de côté) ce qui nous permet au moins de sécher.
Nous avons toute la Dombe à traverser, on ne voit rien et on entend des cris d'oiseaux étranges !
Pndant toute cette partie le rythme comme toujours en groupe est un peu supérieur à mon rythme naturel, je dois faire un effort même en m'abritant, mais bon d'un autre côté c'est efficace ... Je suis étonnée de voir arriver déjà 1 heure du matin, comme la nuit passe vite !
En traversant Belleville nous devons nous arrêter, une dépanneuse tente avec difficulté de sortir une voiture du fossé Nous discutons avec un gendarme surpris de notre équipée et qui nous trouve gonflés de circuler à cette heure-là sur les routes avec les fêtards alccolisés qui y passent en voiture ... c'est sûr que ça fait peur, on en a vu quelques uns ... mais le lendemain à Vienne nous verrons encore bien d'autres comportements hallucinants d'automobilistes , et ce à 11 h du matin ...
A présent, nous commençons à grimper doucement vers le col des Echarmeaux, laissant à notre droite le village de Beaujeu, qui a l'air très joli, où nous avons juste repris de l'eau. La montée est plutôt roulante, souvent 5% entrecoupé de zones plus plates, et en haut c'est carrément plat.
Je suis toujours derrière Cricri et derrière tout le monde, mais très peu : 30 m derrière et je mange plein de nougats ...
C'est en ce point que se trouve un contrôle, bien sûr c'est une question secrète car à 3h du matin dans un hameau perdu, tout le monde dort sauf nous !
Comme David le dit dans son récit, j'attends le coup de sommeil qui ne vient pas, et je me souviens d'un récit récent de Bruno du 91 "je n'ai jamais eu sommeil", c'est possible ça ? . Il fait 5°C au col, pas bien chaud, mais comme il y a encore de la montée, je ne mets pas mon maillot manche longue supplémentaire, juste le bonnet, les gants car il y a en plus de l'humidité. Je mange un cake salé maison taille poche de maillot et bois un peu de coca emmené pour l'occasion.
Un gars du groupe s'est arrêté dans la montée pour changer ses piles, par contre deux autres nous ont rejoint. Nous sommes maintenant six.
La vraie nuit ! Pourtant il y a une demi-lune !
Dans la montée au col des Ecorbans, j'ai un court passage bizarre : je me retrouve un peu plus loin derrière (je vois les lumières des autres à 50 m mais elles ne m'éclairent pas) et je suis curieusement gênée par le champ visuel restreint alors que ça monte, je me sens un peu faible avec les jambes molles ... je viens de manger et je pense qu'il faut le temps que ça fasse effet , en effet au col des Ecorbans la sensation désagréable disparaît.
La longue descente qui suit , très froide, sera le début des ennuis pour Cricri. Je suis surprise de découvrir qu'il n'arrive pas à nous suivre en descente. Il s'endort sur le vélo et n'est pas bien également à cause du froid.
En descente il nous rejoint vite mais ce n'est pas du tout normal ... j'essaye de lui parler pour le réveiller, mais comme il est mal il n'a pas l'air d'avoir envie de parler, et à part lui dire de ne pas s'arrêter ici, je ne sais pas quoi faire
Plusieurs autres sont gelés aussi. Est-ce que j'ai froid ? un peu, mais pas plus que ça ... seuls mes pieds qui n'ont pas séché sont bien gelés, le reste va . Cette descente par le lac des Sapins est loooongue. je pense à Alice et au triathlon de Cublize, aux eaux glacées du lac.
Je chante pour avoir chaud et cela me donne la pêche , tout y passe dans la nuit , les Beatles et les souvenirs d'adolescence "There's nothing for me here, so I will disappear !!!! puis le point culminant avec Sonata Arctica "I can fly higher that an eagle, cos you are the wind beneath my wiiiiiings " où là je ressens même de la chaleur.
Amplepuis, 4 h40, troisième contôle, bientôt on verra les premières lueurs du jour . Cela coïncide avec le début de la montée au Col des Sauvages. Je vois bien que Cricri ne monte plus comme avant. je l'attends ... mais il veut s'arrêter et me dit de ne pas attendre cela m'inquiète car la température chute, chute, il fait 2°C ... la nuit devient plus claire ... le jour arrive. La montée me réchauffe, je me sens bien, et je rajoute ma dernière couche pour la descente qui suivra. .
Au col nous attendons Cricri au Col des Sauvages , pas bien longtemps mais il arrive très fatigué ... je ne peux rien faire pour l'empêcher d'abandonner ... il dit qu'il va peut être continuer à son rythme ou rentrer chez lui, je vois bien qu'il ne continuera pas. Il commence à faire jour et Tarare n'est pas loin ... je serai rassurée d'apprendre ensuite qu'il a trouvé un train là-bas.
J'aurais bien sûr préféré finir ce brevet avec lui et j'ai le coeur serré de le laisser là ... mais bon je suis au sein d'un groupe sympa avec un rythme qui va me permettre d'aller au bout. Je vois que j'ai de la chance d'aller bien car plusieurs autres compagnons se plaignent d'avoir du mal à manger ou boire, et du froid.
Le soleil se lève ...
Nous devons franchir maintenant le col de la Croix de Signy ; c'est magnifique car le soleil se lève, et c'est une montée agréable, pas trop raide ; un bon moment de forme pour moi car je rattrappe tous mes compagnons de route, je sens que je monte bien. La beauté de la descente qui suit et la première senstion de chaleur due au soleil me fait traverser un bon moment d'euphorie. Nous nous arrêtons à St Laurent de Chamousset dans un café/boulangerie, ou plutôt les deux juxtaposé. Le patron est très sympa et a reçu déjà d'autres BRMistes. Malheureusement, comme la veille, ça dure ... dure ...car le patron sert le pain en même temps aux habitants ... Nous sommes donc cinq, deux Jean-François, Slimane, et Yves, qui grelotte tant et plus , et le chocolat qui n'arrive pas ! Je lui passe un buff (j'en ai 2) qu'il gardera sur la tête jusqu'à l'arrivée par 16°C et plus
Je pense que si j'avais été avec Cricri on aurait attendu St Foy l'Argentière, pour pointer au contrôle en même temps. Je n'oublie pas ce que j'ai appris de Cricri sur la longue distance !!!
Montée à Duerne
Jean-François à l'arrivée à Duerne
Après St Foy c'est la montée de Duerne qui nous attend ; les habitants nous font peur "du 10% "! En fait il est court le passage à 10%, et je vais vraiment savourer cette montée car c'est très joli, dans un secteur inconnu pour moi.
Je commence à recevoir plein de SMS ! Je suis désolée si je n'ai pas répondu à tous mais j'ai du mal à répondre en roulant , même si j'arrive à écrire un message très court comme "OK" parfois le message part tout seul et vide ! J'ai découvert ensuite avec amusement que toutes les infos étaient retransmises sur facebook !
St Martin en haut
Une dernière montée et c'est St Martin en Haut ... la suite est majoritairement descendante . En fait il y a plein de petites bosses contre le vent dans la descente, et je vais trouver ça plus dur de suivre mon groupe que dans les longues bosses précédentes où j'arrivais pile au milieu ! J'ai remarqué que je suis nulle en petites bosses et avec 300 bornes dans les pattes encore plus.
La partie Givors-Vienne, avec beaucoup d'automobilistes extrêmement agressifs n'est pas agréable : coups de klaxon, frôlements, voitures qui doublent en passant de l'autre côté du terre-plein central alors qu'une autre voiture arrive en face !!!! Nous nous arrêtons à Vienne, je bois du coca mais n'achète pas de nourriture, j'ai encore de quoi faire, un autre cake, du pain d'épice etc ... j'ai un peu envie de me remettre en route aussi pour finir en moins de 24 h mais je ne dis rien cer je suis énervante quand je mets la pression aux gens et en plus on a le temps.
Jean-François, Yves, moi et Slimane à la pause déjeuner
Par contre je suis exagérément pessimiste quand j'écris à Laurène qu'on sera à St Etienne de St Geoirs 3 h plus tard !!! Le vent est fort et je crains qu'il ne soit pas si favorable que ça , effectivement on l'aura un peu en travers parfois et parfois très favorable. Nous repartons par de petites routes agréables, il y a deux bosses où je vois que tout le monde est fatigué Oh point de coulage de bielle, juste une fatigue générale insidieuse qui fait ralentir le rythme en montée, on est tous logés à même enseigne. On ne se sent pas mal mais on n'a plus beaucoup de peps
Montée au col de Chatain
Dernier pointage à la côte St André (et pause aussi) auprès d'une sympathique boulagère, avant de retrouver Laurène à St Etienne de St geoirs pour grimper la dernière bosse : le col de Chatain , qui n'a pas reçu ma visite depuis août 2010
Et voilà le dernier ...
Une fausse manip a fait passer mon compteur en miles, je m'en aperçois mais je ne veux pas le modifier tout de suite pour ne pas risquer de réinitialiser ... pourtant en montant à la Forteresse je me dis que je dois bien être bien fatiguée de rouler à 10 km/h ... j'ai juste oublié que la vitesse aussi était en miles , que je roule à 16 km/h et que c'est mon cerveau qui est le plus fatigué
Attention Olive, tu as de la concurrence dans la photo-duo !
Sur la voie verte je laisse partir mon groupe, car c'est trop de fatigue pour rester dans leur roues, le rythme est simplement trop élevé pour moi, alors je décroche, reviens, décroche ....je reste donc rouler avec Laurène un peu en arrière. Les SMS qui arrivent me servent de musique de fond ... je suis toute émue de tous ces très beaux messages !
Arrivée à 2 km ...
Slimane, Jean-François, Yves, moi, Laurène et Jean-François à l'arrivée
Je termine tranquillement en discutant avec Laurène trois minutes après mon groupe à 16 h 33 , après 19h40 de selle et 23h30 au total . Jean-Philippe , qui était parti pour faire la boucle aussi et a finalement fait demi-tour le soir sous la pluie , nous accueille avec le thé, le gâteau, et procède aux rituels de fin de brevet : collecter les cartes, et la photo
Je n'ai plus qu'à reprendre un train, le cerveau un peu embrumé car Laurène m'aide à prendre mon billet à la machine et à l'arrivée, à pédaler 8 km poussée par un gros vent.
Que conclure ... que c'est immense plaisir d'avoir fait mon premier 400 , de plus un brevet considéré comme difficile avec son dénivelé principalement en seconde partie ... je me sens bien dans cette "branche" du vélo qu'est la randonnée longue distance, sportive sans être une compétition, qui se pratique avec les autres ou parfois en solo ... où il faut gérer beaucoup d'autres choses comme la nourriture, la meteo ... mon expérience de la montagne et aussi celle du vélo de tous les jours me sert ...et finalement je ne ressens le lendemain qu'une légère fatigue dans les jambes et la tête encore un peu ailleurs !
Tous les messages d'encouragement sur le blog, Facebook et par SMS que j'ai reçu avant, pendant, après, ont encore ajouté à mon bonheur de relever ce petit défi et m'ont donné beaucoup de force ! J'ai même reçu des SMS ou messages vocaux à minuit, une heure, deux heures et quatre heures du matin !!! Mes coéquipiers se sont sûrement demandé avec qui ils voyageaient
Qu'ils soient remercié aussi pour leur compagnie, abri et guidage sur le parcours, je n'ai pas sorti la carte !
Il y a deux ans encore, je n'aurais jamais imaginé pouvoir faire ce genre de choses. j'avais découvert que cela existait grâce à Cricri et cela me faisait rêver. Son approche de la longue distance m'a plu et ses récits faisaient envie. J'aurais aimé bien sûr qu'il puisse terminer celui-ci avec moi mais c'est comme ça , et il savait en partant qu'il n'était pas dans les meilleures conditions pour finir. Je le remercie pour m'avoir fait découvrir cette discipline et appris des tas de choses ainsi que pour la compagnie pendant 270 km ! Et il aura (plein) d'autres occasions
Je veux aussi remercier Olive qui n'a malheureusement pas pu participer à ce brevet ... pour ses conseils ... mais surtout ... pour m'avoir mis dans l'idée que je pouvais moi aussi faire ce genre de choses, à force de rendre possible l'impossible, comme faire 24 000 km en un an ou 200 km en décembre entièrement de jour ... pour boucler ces 400 km je l'ai souvent imaginé filant dans la nuit col après col ... rien de mieux qu'un tel modèle pour avancer
Et comme chaque fois j'ai pensé à me lever de ma selle suite à son commentaire de mon précédent article ... ben nickel ... pas de souci de ce côté en 20h sur le vélo
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