Les 10 000 km se méritent !
Mardi 2 novembre 2010, Col de Tourniol - Col de la madeleine, 115 km, 1643 m D+
Pour le passage de la barre des 10 000 km, j'avais prévu d'enchaîner les deux cols les plus symboliques de cette saison de vélo : le col de Tourniol pour toutes les fois où je l'ai gravi en bonne compagnie, et pour tous les essais d'améliorer mon temps de montée. Le col de la madeleine, aux pentes douces, pour l'espèce de joie primaire j'ai toujours ressenti à y monter d'un côté ou de l'autre, avec cette impression jubilatoire de rouler "vite" !
Je parviens à boucler mes tâches de la matinée et à partir d'Alixan avant midi au lieu de 12 h30 prévu , ce qui me donne un peu de marge, du moins je le crois, en particulier par rapport à la nuit qui arrive maintenant très tôt, avant 18 h .
Hélas, dès le début, le vent me fait des misères, et mon trajet d'Alixan à Barbières est d'un lenteur effarante ! J'essaye de ne pas m'imaginer que c'est moi qui ne suis pas en forme, et j'attaque le Tourniol, comme toujours, par un petit coup d'oeil à la montre.
Le ciel sur le Vercors est d'une tristesse sans nom, mais bizarrement cela ne m'inquiète pas, c'est un phénomène classique par vent de Nord, et puis il ne fait pas froid. Brouillard, à nous deux, tu ne m'auras pas.
Quelques centaines de m de dénivelé au-dessus, je ne pense plus trop au chrono : il pleut. Pluie, grand vent ET brouillard ... de mieux en mieux. Et je ne m'attendais pas à la pluie !
Je n'ai pas de vêtement de pluie, la veste d'hiver est sur la sacoche car trop chaude pour la montée ; le maillot et le petit coupe-vent de l'ardéchoise sont vite trempés.
"Fais demi-tour ! En haut, ça va être infernal, et tu vas faire la descente en étant mouillée de la tête aux pieds : l'horreur. renonce, passe par Rochefort samson ! "
"Chochotte ! Tu ne vas pas te laisser arrêter par un peu de pluie! Tu as dit que tu le faisais ... tu l'as écrit ... tu le fais ! "
De discussion intérieure en discussion intérieure, entre rafales de face et poussées dans le dos, me voilà à 900 m d'altitude et plus question de rebrousser chemin.
Au col j'essuie de la main le compteur pour y lire le même résultat décevant que d'habitude, 1h 00 51'' .
Tourniol, version rustique ...
Le début de descente est le plus dur : je dois rouler à 20 km/h sur la route trempée , surtout à cause de rafales très violentes ... j'enlève même une cale en prévision... Le pire est à Léoncel . Je ne suis pourtant pas difficile mais là les conditions sont vraiment rudes. Je finis par être obsédée par l'idée de descendre , et décide de tenter le coup par la route fermée pour travaux (sinon il fallait remonter vers grand Echaillon prendre le col de Bioux) , 3 km plus bas .
Avisant une des personnes qui descend de sa camionette, je prends mon air le plus mouillé et le plus piteux possible pour demander si je peux passer . Il me répond "Oui mais maintenant tout de suite" et je ne me le fais pas dire deux fois.
La descente est pleine de boue et de cailloux, le reste de ma "marge" est mangée. Comme je suis très mouillée, je claque des dents en arrivant à St Jean où je bois un chocolat chaud. J'ai envie de rentrer direct ... mais d'un autre côté ... j'ai pas envie ...
Il y a une déviation vers St Laurent et là je parviens à me réchauffer définitivement, ce qui fait basculer la balance du bon côté . A St Thomas je tourne à droite pour rejoindre la route venant d'Auberives : c'est dans cette petite descente que je passe la barre des 10 000 km , il est 14h47 . Allez on continue en face : St Just de Claix, la Sône, puis Chatte, où le temps devient nettement meilleur . Et le parcours est magnifique, vallonné, facile.
La Sône
Vers St Appolinard la nature me fait cadeau d'une extraordinaire lumière, avec couleurs d'automne et ciel noir sur le Vercors .
Une erreur me fait monter vers l'étang de Dionnay au lieu du village de Dionnay , ce qui m'embête un peu, non pas de monter plus car je sais bien maintenant que j'arriverai de nuit, mais parce que j'avais donné mon parcours à Olivier au cas où il soit dans le coin et j'essaye de m'y tenir. Malheureusement on ne se trouvera pas ...
Etang de Dionnay
Col de la Madeleine vers 16h45 ...la lumière est tellement belle que je multiplie les arrêts photo ... il ne faut plus m'attarder maintenant, je n'ai pas l'éclairage complet, juste une frontale et deux éclairages de "signalisation" ...
Heureusement le retour sera rapide, descendant puis avec un vent favorable (bien que bien plus calme que le matin) je termine à 18h11, de nuit (dernières lueurs du jour encore visibles), en plus sur des bouts de route que je ne connaissais pas entre Romans et Alixan ... et oui, il y en a encore !!!!
Heureusement que je ne suis pas rentrée tout de suite après St Jean ! J'aurais manqué le meilleur si j'avais fait ma petite joueuse ...
Voilà une belle sortie pour ce passage des 10 000 km ... que je n'aurais jamais imaginé boucler un jour. Mais ce n'est pas un point final pour cette saison !