Revenir de loin sans être partie !
Mercredi 27 mars 2013
J'aimerais mieux écrire un article sur une belle sortie, mais là c'est raté et ce que je vais raconter peut servir à quelqu'un d'autre, sait-on jamais ?
Le sport permet de détecter des signaux d'alarme précoces en ce qui concerne la santé, car on a des références, on se connaît bien ... par contre on a aussi un tas de mauvaises excuses, comme tout le monde, sportif ou pas ... donc ça prend quand même un peu de temps.
Tout commence je crois le lendemain du BRM 200 km . La veille, je tousse (j'ai les bronches prises après la grippe ) mais j'ai bien tourné , à 23 de moyenne , sans avoir la sensation de trop forcer , et ceci après une autre sortie belle et rapide la veille... c'est ma dernière sortie "joyeuse", le dernier parcours dans l'insouciance. Je pense que le jour du BRM, tout allait bien. Après, je n'ai plus jamais roulé à 23 km/h !!!
Les cinq jours suivants vont être marqués par une fatigue insidieuse (sommeil en journée... petits maux de tête ... frilosité ) que je ne trouve pas normale.
Pour certains c'est du surmenage !!!!!! mais au fond de moi je ne le ressens pas comme ça du tout. Je sors d'une période où j'ai assez peu roulé. De plus jamais je n'ai été fatiguée plus de 24 h après un 200, même musclé ... même le 400 !!! Avec le recul on peut penser que cette fatigue était un signal. Mais si modeste, et une semaine après une maladie infectieuse ... quand le reste de la famille tousse et vous dit, mais moi aussi je ne suis pas en forme ....
Je prends quand même RDV chez le medecin pour le lundi d'après.
Le samedi suivant, cette fatigue a disparu quand je fais la randonnée des coteaux avec départ de Valence ; je pourrais rouler un peu plus vite que le groupe avec lequel je suis, sans plus. Les passages à 13% je les franchis lentement. Mais je n'ai pas d'hésitation à grimper et suivre tout le circuit jusqu'au bout bien que devant rentrer chez moi à vélo à une heure tardive (de nuit) . Par contre j'ai une petite douleur au mollet, comme une courbature ... un mollet qui est souple, pas enflé ni rouge !
Le dimanche en faisant du VTT je suis essoufflée et j'ai mal au crâne brièvement après les passages raides ... mais je n'ai pas de repère ... je fais rarement du VTT... Jérôme est également essouflé en haut du passage ... ça ne m'inquiète pas . Je trouve que le WE a été plutôt positif.
La lundi je ne sens plus rien au mollet et j'annule le RDV de médecin, préférant une balade dans le Vercors. J'y manque un peu d'efficacité, surtout quand la pente est raide, comme entre La Balme et St Julien (10-11% max) ... je me dis, décidémment, la forme est longue à revenir. Tu ne vaux plus un clou dans les bosses.
La semaine se déroule normalement (peu de vélo, d'autres contraintes), jusqu'à quelque chose que je n'ai jamais fait avant : une micro sortie, qui ne sera jamais dans mon tableau des sorties du mois, ni ajoutée au compteur. C'est un jour de grand vent , très froid, et je suis passée à Beaurepaire où Patrick m'a changé mon câble de dérailleur. J'ai quand même envie d'essayer le vélo remis en état
Je me gare en-dessous du village de Lens-Lestang avec l'idée de faire la bosses jusqu'au crêtes deux trois fois, vent dans le dos .... Je fais 500 m pour atteindre le village ... 500 m à 3% ...4% ... et là je suis hors d'haleine ... une catastrophe.
Je pense (j'espère) que l'air froid me donne de l'asthme (cette maladie très légère chez moi ne m'embête quasiment jamais) , mais c'est idiot ... car l'asthme à l'effort ne se manifeste pas instantanément...et je n'ai JAMAIS réagi à l'air froid . Même glacial. Jj'essaye de continuer ma sortie en m'échauffant dans le village, je finis par grimper jusqu'aux crêtes mais c'est un chemin de croix ... je rentre dégoutée à la voiture après 15 km. Il y a un vrai problème .
Le lendemain, j'ai prévu du ski de rando, et le surlendemain, d'accompagner en partie les copains sur le 300 de Grenoble.
Toujours sur mon idée de bronchite/asthme, j'ai pris deux comprimés de cortisone, qui m'avait été prescrite dans un autre cas semblable (du moins je le crois) ... je sais ce n'est pas bien l'automédication ...
Dans ce cas ça va me servir de dopage pendant deux jours pour avancer sans oxygène ...
Si le démarrage le vendredi au ski est également catastrophique, la suite est juste une sous-performance puisque j'arrive quand même à faire, lentement 1400 m D+ ... de plus je suis à 2400 m d'altitude en haut !!!!(du point de vue physiologique je devais être à 4500 m au moins ...)
Le lendemain, même topo, j'avance lentement, mais l'impression de catastrophe majeure du jeudi ne se reproduit pas et je réussi à faire mes 180 km ... par contre je n'ai pas aussi chaud qu'habituellement.
Le lundi je vais quand même voir le medecin. Mon problème ne se manifestant qu'à l'effort, il est indétectable. Comme je n'ai plus mal au mollet, je ne pense pas à en parler.Il pense à une hypersensibilité des bronches après la bronchite .
Pourtant la semaine ne se passe pas bien ... j'ai des petits pics de fièvre, qui durent quelques heures. Mes sorties se déroulent sur le plat ... toujours courtes ... toujours lentement ... quelque chose me plombe ... je vais jusqu'à annuler une sortie possible avec mon boss : pas normal du tout et sans précédent . Je deviens triste ... centrée sur moi-même, à faire des recherches sur internet pour cerner mon problème .
Je n'ai plus le coeur à faire des articles, je prends parfois des photos que je ne regarde plus.
Bizarre !!!! ma seule photo prise vendredi dans une vitrine !
Jusqu'au vendredi où je dois faire une pause en remontant du Rhône à mon domicile ... je l'ai fait des centaines de fois ce km à 5 puis 3-4% ... avec le VTC, un sac sur le dos (lourd) etc ... et là ... pause forcée, on dirait une pente à 20% ... je fais semblant de répondre au téléphone pour pouvoir m'arrêter ...
Au repos je suis agitée comme si j'avais enfilé six cafés, angoissée et déprimée. Je dis à Jérôme que je ne suis plus la même personne !!! De nouveau, j'ai un peu mal à la jambe.
La suite, c'est consultation samedi à la maison médicale, découverte d'une phlébite (double !!!!) et ceci associé à l'essouflement entraîne mon hospitalisation pour embolie pulmonaire (une partie du caillot voyage des veines des mollets aux artères pulmonaires) . Le diagnostic est vite confirmé. Par contre la recherche des causes jusqu'ici n'a rien donné, mais certains résultats sont longs à revenir . En principe je n'avais pas de risque d'être victime de cet accident de santé. Je suis un cas
Le séjour à l'hopital va durer 5 jours .Je ne m'en plains pas, j'ai été bien prise en charge.
Je découvre en même temps que l'agitation et l'inquiétude que je ressens sont liées à la tachycardie au repos, que je manque d'oxygène (un peu) et que je suis en hypotension (un peu) : ces symptômes font partie du tableau, comme les pics fébriles
C'est une maladie dangereuse, qui peut être mortelle (dans 30 à 40 % des cas si non soignée, mais parfois elle passe inaperçue !).
Pour moi cela évoquait plutôt un malaise majeur, jusqu'à ce que dans mon anxiété je fasse des recherches pour découvrir que les signes peuvent se manifester pendant des mois avant de s'aggraver. Tout comme ceux de la phlébite dont l'embolie est la complication : on n'a pas forcément une douleur terrrible au mollet, il n'est pas forcément rouge ou gonflé. Du coup ce n'est pas facile à diagnostiquer.
Les sportifs s'inquiètent assez vite de l'essouflement ( qui parfois peut s'atténuer, s'accentuer etc) car les performances s'effondrent brutalement. C'est une chance.
Je n'ai pas eu peur du risque "d'y passer", parce mes symptômes étaient modérés, et quand je l'ai su j'étais déjà prise en charge médicalement. . Disons plutôt que le basculement dans l'univers de la maladie, au lieu de celui du sport ... la fin d'une sorte de sensation "d'invincibilité" parfois grisante ... de l'insouciance aussi ... sont durs à avaler.
Au niveau pulmonaire, lla "réparation" se fait au fil des jours , et non pas avec le traitement pris à l'hopital. Ce dernier permet juste au problème de ne pas s'aggraver, et aide le corps à faire le travail. Il faut 6 semaines à deux mois pour retrouver 100% des capacités (il reste parfois des traces mais j'espère bien grâce au sport tout retrouver) ,
Un mois avant de refaire du sport (pour de nombreuses personnes l'arrêt de sport prescrit a été de six mois .voire pire ...)
Le traitement anticoagulant dure 6 mois ... parfois à vie selon les cas. Il implique certaines précautions .
Pour l'instant je ne suis donc pas totalement de retour à la normale et en plus c'est bizarre j'ai un problème de genou douloureux (un conseil n'allez pas à l'hopital .) .. mais bon sur le plan de la vie quotidienne je peux faire comme je veux ... et deux semaines d'arrêt de travail, j'en connais qui vont me dire, "parce que tu travailles ??? "
Deux jours et demi de "lit strict" , cinq jours d'hopital, où chaque fois que le moral a un peu flanché il a été soutenu par des dizaines de coups de fils, messages, SMS, et aussi visites ... par l'article de mon boss sur le blog de la Team Mont Ventoux et tous les commentaires associés
Le soutien ne s'est jamais interrompu ...
Je vous remercie tous du fond du coeur ... cela compte plus encore qu'on peut imaginer.