Douce nuit du DodecaAudax de novembre
Jeudi 20 novembre 2014, vélo de route, vallée de l'Isère et Chambaran, 223 km, 1542 m D+ en 10h17 (total 11h)
Un gros 200 en novembre, c'est un petit voyage. On voit toutes les phases du soleil, même son absence. On traverse aussi plusieurs climats différents.
Je sors du brouillard !
A 7h45, sous la grisaille des brumes matinales, je démarre avec une grosse motivation pour cette journée très attendue.
Je n'ai pas beaucoup réfléchi au parcours, j'ai une petite formalité administrative à accomplir avec un RDV à 13 h à Grenoble. A plus ou moins 100 bornes d'ici.
Le brouillard n'est pas très dense et il fait 7°C, rien d'horrible, j'allume cependant mes deux lampes arrière. Et je "grimpe " le "plan incliné" qui soutient le Vercors. A Besayes ... 100 m plus haut, je sors du brouillard et je savoure le bleu du ciel (transformation qui fait chuter la température à 3°C !)
J'y retourne ...
Au sommet de la bosse de Beauregard Baret, je dois me rendre à l'évidence : j'en suis sortie, et je vais replonger dedans.
Je dois rallumer les lampes. Le brouillard du côté Isère est plus froid que l'autre, et d'une humidité affreuse. De grosses gouttes se détachent de mon casque Ils ont un drôle de climat vers St Marcellin
En plus, le vent annoncé de Sud est pour l'instant de Nord (enfin, gentil le vent) ; ce n'est pas moi qui le dit, c'est la fumée des cheminées. Et par 3°C, il y en a du feu dans les cheminées.
St Nazaire, je grimpe la côte Chaude, très plate et pas très chaude, et j'enquille mes 20 km de nationale ; là, coup de telephone, mon RDV est déplacé à 12h30 ... ah ah, fini de rêver, il faut pédaler un peu ! Je suis maintenant en lisière du brouillard, j'aperçois parfois un bout de montagne.
Au passage de Grand Echaillon, la température chute, puis remonte d'un coup et le vent tourne brutalement au Sud ...carrément fort ! juste comme je lui fais face ... 11h45, Grenoble, 18 km, avec la traversée de la ville je ne vais pas y arriver !!!! M'enfin, pédale !
J'arrive à 12h28, après une traversée de ville faisant appel à de vieux souvenirs "d'orientation" pour faire au plus vite !
Le Néron, la Bastille ... c'était mes terres ...
Bon, j'ai bien mérité un petit café. Il fait un temps magnifique. En regardant Belledonne enneigée, je suis envahie par des sensations et des sentiments d'un autre temps ... En 1982, l'arrivée début octobre pour faire mes études ici était vraiment une seconde naissance.
Cette vue sur Belledonne, c'était la certitude que ma vie allait enfin commencer à me ressembler ...
Allez ouste, ce n'est pas le moment de faire une dent de Crolles du matin, une baignade dans le Furon du midi ou de l'escalade à St Egrève le soir (ça c'était une journée de boulôt en aout 1992 ) ... mais celui de prendre le chemin du retour.
Sur la digue, je rencontre deux cyclos qui ont un rythme qui me va bien et m'invitent à prendre leur roue. Cela dure une dizaine de kilomètres, puis je crève à cause d'un bout de silex (la piste est très très sale ...) . Comme je suis entrain de regonfler près de la barrière à St Quentin, un groupe de cyclos arrive avec une pompe géante
Je repars et suis rattrappée par Oreste, un cycliste de Tullins. Oreste a déjà dépassé les 30 000 km en 2014 . Il me gratte donc de quelques milliers de km Sympa comme rencontre ! Nous cheminons ensemble jusqu'à Vinay .
Il est 15 h, mais je ne renonce pas au retour via les collines. C'est un parcours facile, je sais que je finirai de nuit mais je suis bien équipée pour (par la plaine ça tiendrait tout juste de jour) . Je grimpe au col de Toutes Aures dans la lumière dorée (il est beaucoup moins tard que mardi 11 novembre )
A Roybon, il fait déjà un peu sombre à 16h35, car le soleil s'est noyé dans un paquet de nuages ardéchois. En revanche, depuis les crêtes qui mènent à la Mado , la vue est grandiose et le Vercors tout rose (en plus ça rime)
Mon banc ... ouh là là, ça manque de luminosité à ce stade ...
Dernière photo ...
A 17h14, c'est la "petite nuit" . Je suis à Montagne. Le rose laisse place au blanc et la Grande Moucherolle enneigée offre un joli spectacle. J'en oublie mon bidon sur place.
Parnans, 17h35. J'ai faim, plus rien à manger, plus que 50 centimes en liquide . Soit je me fais un resto avec la carte bleue , soit je trouve à manger avec 50 centimes. Je ressors de l'épicerie de Parnans avec deux bananes (c'est la seule chose à ce prix là )
La nuit est douce, et c'est confort avec le phare (et les bananes) . Le vent de Sud s'est bien calmé. L'obstacle le plus sérieux est la traversée de Romans , ville complètement bloquée aux heures de pointe. Tout cela m'amène un peu avant 19 h à la maison, DodecaAudax bouclé et pèlerinage à Grenoble inclus.