le Grand Oisans Sauvage au soleil
Vendredi 13 janvier 2012, Le Désert en valjouffrey, Col d'Entrepierroux(3160m) , 1920 m D+
Ce vendredi nous partons à trois pour une virée "Made in Oisans" . Les conditions sont là : risque d'avalanche faible, très bon enneigement, très beau temps annoncé au-dessus du "stratus".
Les randos à skis dans le secteur sont exigeantes (impegnative dirait les italiens , ce qui veut dire qu'il faut "s'employer") : longue approche plate (minimum une heure à l'aller ) , accès délicat aux vallons supérieurs (j'y reviendrai) et gros dénivelé (les sommets dépassent 3000 alors qu'on se gare à 1250 m) , isolement important.
Après avoir traversé en voiture un gros brouillard sur le plateau de La Mure, nous nous garons en-dessous du village du Désert en Valjouffrey le bien nommé ... il n'y a pas foule en effet ... le jour se lève , il gèle fort (sans doute pas loin de -10°C car je ressens un peu de froid aux doigts, pourtant je suis blindée habituellement)
Le soleil éclaire les faces Est
La longue approche passe bien en admirant les premiers rayons de soleil sur les sommets, les cascades de glace ... vers l'altitude de 1600m, les choses se compliquent. En effet, nous visons d'accéder au Grand Vallon pour aller vers le crête de la Mariande. Une cascade de glace en défend l'accès, il faut la surmonter par une vire oblique.
Mais par où ça passe ?
Eh oui, le passage est là ... suivez la flèche
Le début : plutôt sympa
Plus haut je n'ai plus envie de faire des photos ... le passage devient carrément expo au-dessus de la cascade de glace. La chute est interdite, elle serait impossible à arrêter et très probablement fatale. ! Au début on enfonçait dans une neige un peu croûtée. Ensuite on ne regrette pas les crampons acier et le piolet, car on alterne entre de la glace luisante, épaisse d'un centimètre qui heureusement casse sous les pieds, et une neige dure. Je me rends compte que j'ai plus de difficultés qu'avant à affronter l'exposition d'un passage ... il faut une bonne dose de mental que je n'ai plus. Monter, passe encore, mais l'idée de redescendre le passage le soir me stresse.
Photo Laurène ... bon ce n'est pas bien raide mais c'est au-dessus du vide ordure
On en discute: les autres semblent moins stressés, mais un peu quand même. On a l'impression d'avoir lu quelque part qu'il existe un passage permettant de changer de vallon, le suivant (petit vallon) étant plus simple à redescendre. Il y a aussi un autre argument, c'est que l'itinéraire prévu au départ présente un autre passage du même style 200 m avant le sommet. Si on change de vallon, on peu monter tranquillement jusqu'au col d'Entrepierroux (ou presque)
Arrivée de Laurène au petit col à 2460 m
Nous avisons donc un petit col vers 2460 m en espérant qu'il "passe". la carte ne suffit pas ! Il se révèle facile à monter ... et bien plus encore à traverser Super, on n'aura pas à redescendre la cascade
D'un coup le stress retombe !
Désormais c'est velours : une traversée et une montée paisible dans de larges pentes, sous un soleil insolent. Il y a un léger vent par moments mais il fait si bon qu'on peut monter en chemisette, avec la veste seulement pour les pauses.
J'apprécie beaucoup cette montée, je sens bien la différence avec "avant le vélo" pour ce qui est de la condition physique. De plus le paysage est fantastique dans les Ecrins ...au-dessus de la mer de nuages, toujours présente ...
Derrière Laurène, la petite crête franchie pour passer d'un vallon à l'autre
Arrivée au col d'Entrepierroux.
Pour déboucher sur la crête, il y a un petit bombé à franchir, bien visible sur la photo. Laurène et moi resterons au pied, Laurène pour "en garder un peu" pour la descente, et moi parce que je n'ai pas envie de nouvelles acrobaties expos en piolet crampons. Finalement le passage se fait bien dans un neige profonde.
Le franchissement du passage final
Nous voici prêt pour la descente ; il est 15h07, il ne faut pas traîner car on descend un vallon qu'on ne connaît pas ... et la nuit vient vite !
Le haut de la descente présente de très bons passages, dans une neige froide plus ou moins tassée, parfois transformée. Dommage, plus on s'approche du fond de vallée, plus la croûtée fait son apparition.
Ca manque un peu de place pour skier non ?
Nous cherchons un couloir Ouest, ça ne passe pas, il faut rejoindre le fond du vallon encore plus loin du village, en louvoyant entre des barres dans une neige très difficile. Ca passe bien quand même. Une dernière petite vision de L'olan, seigneur des lieux, avant de plonger dans un brouillard épais et glacial.
L'Olan
Le brouillard nous tend les bras
Une fois le fond de vallée atteint, c'est un peu parcours du combattant : coulées d'avalanches à franchir, poussage sur les batons, petites remontées, chasse-neige en mauvaise neige et sans visibilité, pendant plus d'une heure. Mon genou gauche n'aime pas du tout (l'autre jour c'était le droit ), ça me casse un peu le moral d'avoir les articulations aussi sensibles, car je vois le jour où je ne ferai plus ce sport, du moins pas ce style de sorties. Le dos aussi est mis à rude épreuve. Dommage maintenant que j'ai la condition physique pour ces bambées ... car ces grosses randos des Ecrins sont extraordinaires, des itinéraires rarement parcourus dans un véritable espace d'aventure