Le soleil sur un plateau
Jeudi 5 décembre 2013, ski nordique, Oisans, plateau d'Emparis, 850 m D+, 15 km , total 6 h
Deux jours de RTT pour Jérôme, deux jours de beau temps annoncé, nous projetons d'aller passer trois jours à Besse en oisans pour faire du ski nordique.
Je suis un peu sceptique avant le départ, en ce qui concerne les parcours. Si grimper sur le plateau d'Emparis et s'y balader est adapté au ski nordique (qui n'est autre que du ski de fond hors-piste) , je ne vois pas bien d'autres possibilités pour occuper les autres jours. Jérôme trouve sur la carte une autre possibilité, pour la troisième il faudra aller du côté du Chazelet ou de Mont de Lans ...
Donc nous voilà en route, après avoir traversé le vent de Valence, la grisaille dans la vallée de l'Isère et le brouillard givrant de la Romanche (en voiture), nous émergeons dans un grand ciel bleu vers 1300 m d'altitude. Pas encore vraiment au soleil , car le secteur de Besse est encore plongé dans l'ombre.
Mais ô surprise, plus on monte MOINS il y a de neige !!!! Les faces Sud sont déneigées jusqu'à plus de 2500 m
De visu, seule la route d'alpage qui mène au plateau est partiellement enneigée. On peut oublier l'autre balade locale.
On se gare près du minuscule camping, et on démarre à l'ombre ; la route est enneigée, la neige est tassée sans être trop abîmée par le passage d'un ou plusieurs véhicules. Il fait probablement assez froid car je mets deux trois minutes à avoir les mains et les pieds chauds malgré le fort pourcentage de la route .
Quelques kilomètres plus loin, le bonus et le malus arrivent en même temps : on débouche au soleil et la température prend une bonne quinzaine de degrés d'un coup ... mais ... on arrive au soleil et il n'y a plus de neige
Malgré notre côté jusqueboutiste consistant à skier la moindre petite languette large de quelques cm, il faut bien se résoudre à porter les skis quelques minutes ...
On arrive à une sorte de collet au delà duquel l'enneigement redevient continu. Cependant l'état de la neige rend la progression difficile : glace, neige "frittée" sans accroche, dévers car même avec peu de neige les congères occupent la route, vaguelettes délicates à franchir etc ... je ne sais pas comment Jérôme fait pour avancer avec ses "skating", moi avec mes skis à carres et écailles je n'accroche pas et la montée est laborieuse.
En revanche côté paysage c'est fantastique : on domine l'épaisse mer de nuage et les sommets de l'Oisans apparaissent peu à peu .
A l'arrivée sur le plateau, le relief se radoucit, on pourrait espérer un ski plus facile .... eh non, cette vieille neige tourmentée par les vents et la "sublimation" (transformation directe de la neige à l'état solide en vapeur d'eau, créant des reliefs comme sur la banquis ) laisse peu de répit. Et la glace est encore plus présente dans le coin (aïe les bleus en cas de chute ce qui ne manque pas de m'arriver)
Après un petit tour du propriétaire dans les hauts-lieux la lumière prend une subtile teinte dorée, il faut songer à redescendre ...
La descente n'est pas plus facile que la montée .... elle est très technique. Alors que j'avais eu beaucoup de mal en montée (Jérôme m'attendait souvent) mes skis lourds (carres métalliques) me favorisent en descente et je ne m'en sors pas trop mal, prenant de l'avance. Il faut cependant rester concentré tout le temps, avec des centaines de déséquilibres à corriger ; les passages en dévers vous mettent le dos de travers Bref, ce n'est pas du ski de fond facile par ces conditions ... la récompense étant l'environnement exceptionnel .
On se rhabille avant de pénétrer dans l'ombre
Lumière du soir
D'un coup, on reperd 20°C, on rentre dans l'ombre. Le bas de la piste est plus enneigé, moins déversé et glacé ; je le trouve plus facile à skier. Il est plus de 17h quand nous arrivons à la voiture : rien de trop, mais cette fois j'avais une bonne frontale ...donc pas d'inquiétude sur l'heure !