Paire de Parias, pari gagné !
jeudi 13 mai 2010, Les Parias(2512 m) , ski de randonnée , 1250 m D+
Pas de ski depuis plus de quinze jours ... quelle saison bizarre, vraiment, avec toutes ces interruptions pour cause nivo ou météo ...
Alors on se bouge, on se remotive les uns les autres, pour une rando dans le Champsaur (le spot cette année !) . Et de la motivation, il va en falloir.
Le réveil sonne à 2h45 (oh pardon, 3 heures moins le quart - ça semble beaucoup plus tard que 2h45 )
A Valence, il pleut .
Au rendez-vous de 4 h avec mes amis à Grenoble, il pleut
Sur le plateau matheysin, il y a un brouillard à couper au couteau .
A Ancelle, sur le parking de la vallée de la Rouanne, il pleut ... on part quand même, mais quelques mètres plus loin de gros flocons de neige se mèlent à la pluie, et quand on trouve de la neige au sol elle est pourrie !!!
On a marché une demi-heure avant de chausser et là, Caro découvre qu'elle a oublié ses peaux de phoque à la voiture ... elle redescend les chercher ...et devra speeder pour nous rejoindre !
Mais l'heure de la récompense est venue. Le soleil fait son apparition ; plus loin, la neige pourrie laisse place à une belle poudreuse .... L'enneigement au-dessus de 2000 m est énorme. Nous voyons les premières marmottes de la saison, elles ont dû creuser presque 2 mètres dans la neige pour rejoindre l'air libre, et je me demande bien ce qu'elles mangent. Quelle idée d'aller habiter dans une pente plein Nord !
Caro nous rejoint peu avant le sommet. Il fait maintenant assez beau, même si des nuages sont accrochés un peu partout. en versant est il y en a un qui nous regarde d'un oeil noir
Invitation au ski - Au fond, le Piolit
La belle pente supérieure des Parias est une véritable invitation au ski ; le fond est juste assez dur pour assurer un "rebond" et au-dessus, c'est une poudreuse de cinéma. Une des meilleures neiges de la saison !!!! Difficile de décrire le plaisir extatique que procure cette pente de neige vierge où tout le monde trouve sa place, assez pentue pour avoir la sensation de plonger, de rebondir, assez lisse et uniforme pour se lâcher sans inquiétude !
Plaisir à l'état pur ...
Chacun sa signature ...
350 m plus bas nous atteignons le replat. C'est si bon que nous décidons d'en refaire une ; la remontée dans notre trace précédente, que nous avons préservée , prendra 45 minutes jusqu'au sommet. Laurence n'est pas bien et préfère commencer à descendre avec Laurent. De loin, ils peuvent assister à notre progression et savoir où on en est.
Une heure plus tard donc, nous nous lançons dans une seconde descente. le nuage noir cache le soleil et la visibilité est moins bonne, ce qui procure d'étranges sensations de pente mouvante. D'ailleurs la neige a un peu changé et les virages déclanchent de petites coulées de boulettes.
L'ensemble de la rando : la barre (et la zone où ça a coulé dessous), le replat, le sommet , belle bosse blanche au fond
Il faut maintenant traverser un grand replat, et franchir la barre en dessous par un petit couloir où la neige est désormais très lourde et gorgée d'eau. Plus bas, on retrouve des pentes très modestes et c'est là que tout à coup je suis embarquée sans prévenir par une coulée de neige humide déclanchée en skiant. Elle me touche les skis et me couche sur la neige sans plus de respect. Je n'en ai pas vraiment peur car elle est lente et pas très importante, mais je ne peux qu'attendre qu'elle s'arrête ; je sens son mouvement et sa puissance. Elle me fait lâcher un bâton (qu'on retrouvera sans peine) et réussit presque à me retirer une chaussure .
Le terrain s'aplatit et sa vitesse décroit lentement, puis elle s'arrête et moi avec.
Ce type de coulée, dans un terrain large et en pente faible, n'est pas franchement dangereuse, en tout cas du point de vue ensevelissement; par contre la densité de ces neiges gorgées d'eau est importante, c'est lourd, et donc on peut imaginer ce que donne une bonne torsion du genou lorsque le ski reste au pied. Celle-là ne m'a pas fait de mal car j'étais dans une position favorable, couchée sur le côté et les skis en surface. J'ai parfois skié sur de petites coulées en mouvement mais jamais aucune ne m'avait fait tomber. Un jour (il y a 25 ans ) on est même descendu du col Emile Pic sur des matelas de sol en guise de bateau, en "flottant" sur une coulée de ce type en mouvement .
La suite de la descente est sans souci, et devinez quoi , à l'arrivée à la voiture
il pleut !!!