L'oisans et ses pavés
Samedi 18 Août 2007, refuge du pavé, pointe des chamois
L'heure est venue pour la course d'alpinisme annuelle (si l'on excepte la très belle face NW de l'Obiou, gravie en juin, mais qui se fait à la journée) Il me tarde d'aller passer une nuit en refuge, de rester un peu plutôt que d'empiler les trajets depuis Valence avec les ascensions dans la même journée.
Afin de pouvoir optimiser un peu, notre choix se porte sur le refuge du pavé , qui nous permettra de gravir deux pointes, l'une enchaînée avec la montée en refuge, l'autre classiquement le lendemain.
La montée au Pavé, même si elle ne dépasse pas 1100 m de dénivelé, est longue ; elle amène progressivement des prairies vertes où serpentent les eaux bleues du torrent jusqu'aux paysages désolés constitués de glaciers couverts de ... pavés (Ah ! vivement la neige ...) Pendant la montée, je passe une demi-heure à l'agonie à cause d'un mal d'oreille aussi soudain que violent , accompagné de sensation de malaise , quasiment de mal de mer ... en buvant un coup mon oreille se débouche et le problème se résouds en quelques secondes ... il faut croire que comme les bébés , j'ai besoin de têter en montant en altitude.
Après une petite pause casse croûte , nous repartons vers la facile pointe des chamois (à droite sur le panorama) . L'altitude et la fatigue se font sentir, mais nous avons un bel après-midi devant nous pour en profiter . Pendant l'approche nous choisissons des petits passages de blocs sur un beau granit ...
... avant d'attaquer la facile arête Est de la pointe des chamois , au sommet de laquelle nous avons tout le temps d'admirer la reine meije et de regretter encore une fois, l'absence de la neige qui transforme si bien les paysages l'oisans ... La descente par l'arête Sud est amusante et permet quelques coups d'oeils sur des abîmes assez impressionnants !
En descendant, nous allons faire un petit tour vers les Cornes des Chamois ... mais nous n'osons pas les escalader jusqu'en haut ... ces lames tranchantes ne resterons sans doute pas toujours là, non ? Respect aux cornes de chamois !
La descente vers le lac du pavé est agrémentée par quelques glissades sur des névés qu'il faut bien chercher !
Au refuge, nous sommes bichonnés par Jean Faure, le nouveau gardien , guide de haute montagne et passionné de ski de rando, dont l'accueil est aussi fabuleux que sa cuisine ... Soupe aux légumes frais avec crème et croûtons dorés, lasagnes, salade verte , fromage, tarte ! Muësli et jus de fruit au petit déj ... et même du nutella ! Couettes dans les dortoirs ... autant dire que la soirée est vraiment sympa ...
Dimanche 19 août, Pointe Emma
Dimanche matin, reposés, mieux acclimatés ou dopés aux lasagnes, c'est selon, nous parvenons rapidement à l'attaque de la voie du Dièdre. La pointe Emma est au centre sur le panorama.
Et là ... c'est le but ! petit moral dans les troupes, clous antédiluviens, passage dalleux en IV+ où ni les friends ni les amis ne peuvent rien pour vous , j'avoue n'être point fâchée de voir apparaître un sombre nuage opportuniste dans le ciel de l'oisans. Il me permet de signer le but et de sauver l'honneur .
Changement de direction, rampe de la voie normale raidement avalée, nous reprenons du poil de la bête (la météo aussi) et attaquons la partie terminale de l'arête, une petite variante en joli rocher raide en III et IV . Celle-ci ne nous opposera pas trop de résistance, en dehors de quelques inévitables petites péripéties sur le tirage, le placement des coinceurs et des relais . Contrairement à l'autre voie , la protection y est très facile.
Le rocher est superbe dans les parties redressées, par contre pour y accéder j'ai tout de même fait tomber un bloc énorme qui aurait pu pulvériser la sympathique cordée qui faisait ce sommet en même temps que nous.
La descente est très facile si on suit bien la voie normale , seul le rappel en haut dans un beau dièdre demande un peu d'attention car il est oblique . Nous avons fait le reste sans corde et c'était ludique et agréable, avec même quelques très beaux passages en désescalade bien prisus. Comme à la montée, nous retrouvons nos compagnons de table de la veille . Une petite averse de grésil nous pousse à un café bien mérité dans le refuge.
C'est la fin du WE ... on retrouve les eaux abondantes du torrent , la "savane" qui le borde (" Dans la jungle, terrible jungle, le lion est mort ce soir ", chantonne Caro inspirée par le paysage ... elle en tout cas, ne l'est pas, morte, je veux dire, car elle galope pendant toute la descente ! )