Cornafion, sur le fil de l'arête
Dimanche 16 septembre 2012, escalade, Arête Sud du cornafion (2049 m) , 1000 m D+ environ ,
quelques passages de 3-4
Le Cornafion, montagne du Vercors au nom truculent (je ne dois pas le censurer quand même ? ) est une belle montagne qui dépasse allégrement les 2000 m, et qui, sous un certain angle, présente des formes élancées peu coutumières dans ce massif.
Sa voie "normale" est une belle randonnée pédestre assez escarpée. Ce dimanche, Jérôme propose de l'escalade dans le Vercors, je repense à ce projet jamais réalisé d'atteindre ce sommet par sa longue arête Sud.
L'arête dans sa totalité, se parcours de droite à gauche
Une sortie un peu "inclassable", est-ce de la randonnée pédestre difficile ? de l'escalade facile avec de la marche ? de l'alpinisme en moyenne montagne ? comme sa voisine un peu plus facile "les arêtes du gerbier" c'est un peu tout ça ... il faut une corde de 30 m, trois coinceurs, trois sangles , un casque, un peu d'habitude du terrain d'aventure mais pas besoin de chaussons d'escalade.
Montée au Col vert avec l'objectif en vue et toute une équipe de randonneurs
L'approche se fait par le sentier du Col Vert, qui part du hameau des Clots au-dessus de Villard de Lans.
Pour y aller en voiture, il a fallu passer par l'Herbouilly, la route des gorges de la bourne étant fermée.Du coup il est environ 8h45 lorsqu'on quitte la voiture dans l'air frais du matin. Au début il fait même très froid - sans doute environ 5°C - puis vers le refuge de Roybon la température sélève brusquement tandis que le vent de Sud se fait sentir . On termine la montée au col avec un groupe nombreux, qui a dormi à la cabane ... ils ont moins de 45 mn à marcher pour arriver au col.
Deux personnes partent pour l'arête davant nous. On commence par se tromper - et grimper sur un ressaut qu'il faut contourner
Erreur vite rectifiée , on s'encorde, et on progresse ensemble sur la première partie longue et facile de l'arête. A peu près à la même vitesse que l'autre cordée qui nous précède 50 m devant. C'est facile et agréable, de la rando où on marcherait sur le rocher en s'aidant parfois des mains. Il y a du vide à gauche, mais pas à droite (pentes herbeuses raides) , donc ce n'est pas très impressionnant.
Je vois vite que Jérôme est très fatigué et essouflé, j'essaye de réduire le rythme, puis je le fais passer devant. Mais bon ça ne résoudra pas le problème, qui semble lié à des soucis d'allergie. Je n'aime pas tellement ça car la fatigue est un facteur d'accident en montagne, j'ai déjà testé (sans gravité heureusement) mais bon il veut continuer.
Passages faciles sur l'arête, le sommet est loin
Petite dalle à traverser à droite
Un passage plus typé escalade
Un petit mur redressé avec des pas de 3 agrémente cette partie, puis on arrive au "rappel obligatoire" , équipé, pour franchir un surplomb d'une dizaine de mètres.
Rappel "obligatoire"
Les trois ressauts terminaux (photo prise à la redescente sur le sentier)
Le sommet tel qu'on le voyait, depuis la première partie de l'arête
Après un moment on arrive au premier des trois ressauts terminaux . Il est plus facile qu'il en a l'air, je repsse en tête et place deux trois protections. Un nouveau mur avec des grosses marches et on voit nos prédécesseurs chercher un passage dans le second ressaut . Ils partent à droite ....ça ne passe pas ... ils reviennent à gauche .
Pour ne pas les gêner, on décide de déjeuner là. je garde le nez en l'air en mangeant ma caillette, pour voir comment ça passe.
Ils se lancent dans une longueur, trouvent un piton.
Ca n'a pas l'air simple. Le gars en tête hésite, ça ne va pas. Il fait une traversée de 2-3 m à droite, et finit par trouver un autre piton ... plus haut, hésitation encore "il n'y a rien "... mais il sort quand même, fait monter son second et on entend des exclamatins joyeuses,
J'ai retenu où il est passé. Déjeuner terminé, maintenant c'est moi qui m'y colle
La terrasse du déjeuner : à droite de la photo à mi-hauteur. On voit ici les deux derniers ressauts au soleil
Comme vue y a pire
Dès le début, je ne trouve pas ça facile. Je suis un peu trop à droite, dans un terrain de feuillets où ils ont bien pensé à mettre des prises, mais à l'envers C'est expo et pas protégeable, j'ai hâte d'atteindre le premier piton.
Je monte trois ou quatre mètres au-dessus. Là où le gars a hésité. Comme je comprends son hésitation ! Au-dessus de moi il y a un bombé tout à fait pourri qui s'effrite quand j'y touche. Quant à sa traversée à droite ...
MON COCO JE LA SENS PAS DU TOUT TA TRAVERSEE.
Je ne peux pas faire ça en chaussures de rando, c'est pas du 3, c'est bien plus dur. Impossible pour moi,Je suis 4 m au-dessus du clou, et le piton suivant, il est encore à 2 m . Il me faut redescendre 3 mètres ... un pas délicat ...et gérer le stress pour ça ...
Vais-je renoncer ?
Avant de signer le but il me vient l'idée d'aller voir à gauche (plus vers le vide ) Et là tout devient clair. L'affreux bombé, il se passe par la gauche dans un rocher très sain, nettoyé par les passages. Je peux poser un coinceur, puis enfiler une sangle dans une belle lunule. Et ça grimpe tout seul, c'est beau, c'est plaisant
Le deuxième ressaut est franchi
, Jérôme me rejoint.
Bizarre la cordée de devant n'est pas dans le 3 eme ressaut ! Ils ont du prendre l'échappatoire en face Est ...
Troisième ressaut
Le troisième ressaut est spectaculaire : à gauche des dalles déversant sur le vide, au mileiu un pilier élancé que j'attaque tout droit, confiante. Je le sens bien celui-là ... pourtant du bas on ne comprends pas comment ça passe.
Je place encore deux coinceurs, trouve une petite cheminée, je l'enjambe, et sort dans des pentes d'herbe qui mènent tout droit au sommet, où nous arrivons ensemble.
Peu avant d'arriver au sommet
Grenoble Mt Blanc
Quelle vue !
Sommet : il est 15 heures !
Sympa cette arête, et pas tellement fréquentée ; de plus on arrive sur un beau sommet avec une vue spectaculaire sur Grenoble et tous les massifs environnants ou lointains, et il y a un sentier pour redescendre au Col Vert.
Redescente par le sentier
Jolie cette petite arête non ?