Les escaliers de Bure
Dimanche 8 octobre, Pic de Bure
Le Dévoluy, c'est loin, mais pour des amateurs de "randonnées" sauvages et impressionnantes, c'est un fabuleux terrain de jeu.
Cette face SE du Pic de Bure représente un peu , pour nous en tout cas, un maximum de ce qui peut être fait sans corde. La prise de risque est déjà importante puisque l'exposition est maximale pratiquement pendant 700 m de dénivelé, avec peu de zones de repos, qu'on trouve plusieurs passages de II , et qu'il faut presque constamment surveiller les cailloux et la solidité des prises. Pour plus d'infos sur l'itinéraire, on peut aller sur http://www.bivouak.net
L'itinéraire est superbe, en pleine face , et on approche de près les parois du pilier Est où le regretté Fab Roulier a perdu la vie en 2003 .
Une longue approche, panoramique et peu fatiguante, amène à pied d'oeuvre. Quelques obstacles mugissants à quatre pattes donnent lieu à une série de jeux de mots sur les animaux dans le langage courant ! Du style, "je ne suis pas assez vache avec mes élèves , car je suis une oie blanche ... le problème c'est qu'ils me rendent chèvre. Ce sont de drôles de zèbres qui n'arrêtent pas de faire les singes (quand ils ne jacassent pas comme des pies. Mais quand même, je n'ai pas envie qu'on me prenne pour un pigeon ! "
Au dessus de la langue herbeuse, c'est l'attaque ! Bizarre, les pentes refusent de se coucher à notre approche, comme cela se produit d'habitude. tout ça est raide, bien raide ! Nous grimpons dans une sorte de couloir en bon rocher qui correspond à un lit de ruisseau. C'est très vite expo, mais assez agréable à grimper .
Plus haut, nous traversons à droite, sur un terrain très raide mêlant herbe et rocher pas toujours sûr. Nous avons rejoint le nuage et désormais l'orientation dans cette vaste face se complique . Nous débouchons sur une sorte de petite arête aérienne. Droite, gauche ? Nous décidons une traversée à droite ... là , à la faveur d'une petite éclaircie, nous apercevons le passage clé et le très beau pilier Est du Pic de Bure.
Le "passage clé" est un couloir avec des passages de II en bon rocher, à l'exception un pas en haut. C'est tout de même de l'escalade, non protégeable et où la chute est interdite. En somme, c'est un peu chaud, mais c'est bon. Toute interprétation de cette phrase étant totalement hors sujet . (La configuration des lieux et la tension qui règne semble inspirer des jeux de mots, et également des propos grivois ou bien encore cyniques, voire gore)
La suite, après deux traversées où je n'ai pas eu très envie de prendre des photos (concentration maximale) , est plus facile mais fort raide tout de même comme le montre la photo de droite .
C'est fini ! On débouche en un lieu fréquenté et incroyablement aplati, quoique toujours caillouteux. On n'a plus qu'à contempler, sans trop se pencher , les abîmes insondables (surtout à cause du nuage) d'où nous venons d'émerger.
Il n'y a plus qu'à suivre un chemin tout à fait civilisé, balisé par d'énormes cairns. Deux heures de descente parmettent d'admirer les couleurs d'automne tout en regrettant une fois de plus, de ne pouvoir enchaîner les virages sur ces pentes idéales pour le ski ... ce secteur étant un objectif de choix pour cet hiver !