BRM 300 km Tour du Vercors , les éléments contraires
Dimanche 17 mars 2019, vélo de route, Tour du Vercors, 301 km, 2452 m D+ en 15h12 (total 16h01)
Me revoilà ce dimanche au départ du Tour du Vercors organisé par Jean-Philippe Battu, un parcours que finalement je n'avais fait qu'une seule fois, il y a 8 ans et dans les meilleures conditions qu'on puisse imaginer : météo très favorable, bon groupe de copains, vent coopératif ... La moyenne roulée avait frôlé les 25 km/h et avec des pauses raisonnables, on avait mis 14 h
Du coup j'avais gardé l'impression d'une certaine facilité , deux cols à passer puis un long parcours roulant qui se termine en causant sur la voie verte, avec un bon rythme jusqu'au bout de la journée.
L'édition 2019 m'a rappelé les aleas toujours présents de la longue distance, la rude condition du randonneur solitaire face au vent , cette fois il aura fallu se battre !
200 personnes au départ place de Sfax, c'est beaucoup, il ne manque que notre "petit" Baptiste, victime d'une panne de réveil ... grosse déception pour lui
Le départ est plutôt serein. Pas vraiment rapide , avec certes un vent de Sud contraire bien présent dès les premières bosses, que j'accepte comme la promesse d'un retour plus facile.
Le lever du jour apporte son lot de distractions avec un paysage encore bien enneigé et splendide ... les faces skiables s'offrent à la vue (surtout lorsqu'on y a déjà posé les spatules) . Je ne sais plus où j'ai lu que la route du Col de la Croix Haute était un vrai danger pour l'automobiliste skieur de randonnée ... tant ces faces attirent l’œil.
La partie médiane après le col du Fau (à ne pas confondre avec le col du Faux) est vraiment belle , une sorte de visite du Trièves alternant montées et descentes assez courtes dans l'air frais du matin. Je discute un peu avec deux jeunes en tandem super sympas, ils s'arrêtent à 7 km du col à la boulangerie de la Commanderie. . Dommage car on aurait pu faire la montée ensemble, nos rythmes avaient l'air compatibles.
A deux km du col, je vois Yann S . qui redescend dans ma direction ! Je n'y comprends rien, pour moi il était déjà à Aspres sur Buëch, voire bien plus loin ! Il m'explique qu'il paye son 200 km de la veille, et préfère rentrer avant que le retour soit presque aussi fatigant que la boucle ... il redescend sur Grenoble. La fin du col est difficile pour moi, le vent s'engouffre dans une sorte de défilé, mon vélo émet des petits craquements (c'est usant ... ) , et à lutter comme ça j'ai un peu mal au dos.
Je ne fais qu'une brève pause "habillage" au col : des gants, un coupe vent par dessus la veste, et c'est parti pour la longue descente jusqu'à Aspres s/Buëch , qui d'ailleurs, par vent de Sud, nécessite de s'employer un peu. Je trouve un coéquipier sur quelques km , puis je le laisse filer. Rouler dans les roues me demande une énergie très élevée , je gère mal les petits changements de rythme incessants, sauf si je sais que ça ne durera pas. Là j'ai encore 200 km à faire ... alors on se calme ...
Dans la montée du col de Cabre, sous la chaleur retrouvée, je roule un bon bout avec Christophe de Modane. J'ai même réussi à retrouver où et quand j'avais déjà roulé avec lui sur un brevet : c'était en 2014, sur un 200 km "Montagne" . Lui et ses compagnons font une pause au col, je les laisse et me lance dans la descente, fort agréable jusqu'à Beaurières, sur une route excellente.
Lorsque je "retombe" sur le faux-plat descendant (interminable) qui mène de Beaurières à Luc en Diois, ma vitesse retombe également illico. Zut, vent de face. Bon, à ce moment on se dirige vers le Sud : c'est logique, notre vent de Sud fait toujours des siennes ....
Le souci, c'est qu'après l'enbranchement de Valdrôme, alors qu'on se dirige vers le NW ... le vent augmente , encore plus défavorable !!! Mais qu'est-ce qu'il nous fait ????
Il a juste décidé de s'engouffrer dans la vallée de la drôme ... de la remonter ... de pousser l'eau de la rivière jusqu'à ce qu'elle retourne à sa source ! Et moi avec ! Commence une lutte qui durera jusqu'à Crest ... et qui m'attaque le moral, car j'espérais que ce faux-plat descendant me permettrait un repos relatif ...
Christophe repasse avec un bon groupe, une nouvelle fois je prends les roues pendant quelques kilomètres, puis je craque et je décroche ... je les vois s'éloigner longtemps sur ces infernales lignes droites . Pont de Quart -Die, un tronçon où je caracolais à la Drômoise à 37 km/h (certes en groupe) , là je culmine à 20 malgré les efforts ! Décourageant ... et rageant. En plus ça descend !!!
Ensuite, je ne vois presque plus personne. L'impression (fausse) d'être "derrière tout le monde" est si forte que je zappe le café à Die que je m'étais promis, je reprends juste de l'eau à Crest et je continue. Le retard pris sur mes repères horaires de 2011 me contrarie ... ce que c'est pénible de se souvenir de tout à ce point-là
Je retrouve enfin quelques personnes avec qui je fais le yoyo : ils roulent un peu plus vite que moi, mais s'arrêtent un peu plus ... Enfin, à Crest, le vent devient favorable ... ouf ... mais vraiment ouf !
Je continue vers Chabeuil, à un rythme un peu meilleur - mais pas terrible, la lutte contre le vent et 200 bornes sont passées par là . Au moins c'est plus plaisant . Je vois et revois les quelques autres participants ... m'arrêtant toujours au minimum, et je surveille du coin de l'oeil le ciel qui prend une drôle de couleur au Nord Ouest .
A Chabeuil, je m'autorise enfin un sandwich ... il est plus de 15 h et j'ai vraiment, mais vraiment faim !!!
Tous disséminés, souvent sans se voir, on passe Charpey, Barbières, Rochefort Samson, des lieux qui me sont bien sûr très familiers ! Je suis à moins de 20 km de la maison.
Maintenant, le soleil n'est plus là du tout. Le vent de Sud semble céder. A la place, on ressent de bizarres petites rafales qui semblent vouloir nous coller au Vercors ...
Beauregard Barret ... je retrouve les autres BRMistes ... on regarde le ciel et on se dit, maintenant, il faudrait un miracle pour échapper à la pluie !
Nous avons à peine prononcé ces mots que les éléments se déchaînent. Le vent bascule au Nord en rafales hostiles ... la température perd près de 10°C en quelques minutes ... et de grosses gouttes, de plus en plus nombreuses, viennent s'écraser sur les pauvres petits BRMistes bientôt détrempés . Arrêts habillages, vent de face furieux, arrêt question secrète sous le déluge ... jamais je n'ai mis autant de temps de Barbières à St Nazaire en Royans !
Je repars assez inquiète de St Nazaire. Je n'ai pas encore trop froid, mais avancer est lent et difficile, et la pluie redouble ... Un peu plus haut, près de la belle boulangerie bio avec ses canapés confortables, je trouve un autre participant qui me demande si je sais où on doit tourner pour la voie verte .... on ne doit pas tourner ... c'est tout droit pendant plus de 20 km ... du coup on commence à se relayer un peu contre ce vent terrible. On arrive à avancer à 18-20 km/h
On ne peut pas discuter : le défilé des voitures est incessant (je ne sais pas ... des retours du skis ? ) ... il faut juste serrer les dents !
La descente de Cognin à St Gervais achève de nous glacer ... un troisième s'est joint à nous, mais une fois sur la piste, je les abandonne car ils marquent un arrêt ... je ne peux pas m'arrêter, trempée comme ça !
Je retourne à ma solitude. Bilan : plus un poil de sec. Mains : à peu près OK. Pieds : aux abonnés absents . Température interne : en baisse certaine. Il fait 5°C dehors . Derrière, une éclaircie, et j'espère très fort de voir cesser la pluie.
Devant moi, tout est sombre et désespérément humide, il est plus de 18 h et déjà la nuit veut s'inviter. Toute ma problématique se résume à "comment me réchauffer".
En principe, sur le plat, j'y parviens, j'y suis même parvenue sous le déluge alsacien en 2016. Mais là c'est vraiment limite tout le temps, sans doute à cause du vent. De plus je ne parviens plus à pédaler plus fort ... je continue obstinément, mon avancée à 20 km/h ... jusqu'à la fin . En priant pour ne pas avoir de crevaison !
A ce stade ce n'est pas une question de mental d'aller au bout: on n'a juste plus vraiment le choix !
A 25 km de Grenoble, je vois Jean-Philippe, qui est à l'arrêt. Je lui demande s'il n'est pas gelé, et il me dit que si, complètement ... et me dit de continuer pour ne pas me refroidir ... peu après la pluie cesse , sans que l'atmosphère ne se réchauffe ... on voit même de curieuses lueurs sur les rochers de l'Echaillon ... km après km, la nuit tombe ... et je vois enfin le pont des Martyrs ... OUF et RE-OUF !
La lecture des récits et commentaires au sujet de ce brevet sur strava permet de prendre du recul sur le ressenti de la journée ... de voir que bien d'autres ont signalé un sacré vent en vallée de la drôme, ont grelotté sous l'averse, ou encore sont arrivés après moi alors que je les croyais loin devant ... de voir que le rythme n'est (encore) pas là ... mais que je totalise très peu de pauses !
BRM 300 de Grenoble - qualif PBP 2/4
1 mois après le 200, c'est l'heure du 300, un parcours que je connais déjà pour l'avoir fait en 2014 http://laboule.no-ip.com/2014/03/30/brm-300-de-grenoble-2014-le-tour-du-vercors/ Un parcours ...
http://laboule.no-ip.com/2019/03/19/brm-300-de-grenoble-qualif-pbp/
Le récit de Thomas ... un BRM 300 km en moins de 10 h (donc tout avec le beau temps pour lui et ses compagnons )