Majestueux Grand Ferrand
Dimanche 12 juillet 2020, randonnée alpine, 1600 m D+, 17,5 km en 9 h (total 10 h environ)
Le massif du Dévoluy a un charme spécial, dépaysant au point d'être presque un peu inquiétant.
Ce n'est pas de la haute-montagne avec neige et glaciers, mais ce n'est pas non plus la moyenne montagne.
On dirait que la terre s'y est mise en colère, faisant pousser dans les calmes paysages du Trièves des tours plus ou moins branlantes, des parois et arêtes vertigineuses, créant des gouffres et des arches improbables.
Toutes les randonnées , pédestres ou à skis, ont du caractère. J'en ai relaté quelques unes ici comme
cette randonnée où il ne faut pas emmener sa belle-mère ou encore l'étrange plateau de Bure à skis ...
ou encore quelques pas joueurs sur les crêtes ...
Il y a même des balades faciles ...
Disposant de quelques jours, nous visons une randonnée plus longue et délicate que nos sorties communes du dimanche, que nous pourrons attaquer de bonne heure en campant sur place la veille au soir : le Grand Ferrand (2758 m) .
C'est l'un des plus hauts sommets du Dévoluy, et son accès relève de la "rando sup" , avec un dénivelé bien plus important que ce qu'a enregistré Strava (le point bas est à 1215 m, le point haut donc à 2758 m, et il y a une petite remontée intermédiaire) , quelques pas d'escalade sans difficultés assez exposés, et une longue descente où finalement, on ne peut pas tellement se lâcher, sauf une petite section au milieu. Bref, un truc à courbatures
J'ai déjà gravi ce sommet en 2007, mais par un tout autre itinéraire et départ (la crête de l'étoile). Je m'en suis approchée deux autres fois, et c'était à skis : une fois pour skier le sommet lui-même, mais la neige gelée et la météo désagréable m'ont fait arrêter à 2600 m. Une autre fois par conditions splendides, mais pour skier les deux satellites, la Tête de Vallon Pierra et la Tête du Lauzon .
La montée est cependant assez progressive , avec des "objectifs" intermédiaires. C'est tranquillou jusqu'à la cabane de Fleyrard à 1596 m, puis bien raide avec de mini-lacets le long d'une échine herbeuse jusqu'à l'étonnant petit lac du Lauzon , à près de 2000 m, que la végétation vient envahir. Un endroit idéal pour une petite pause avant de passer aux choses sérieuses.
Moins de 200 m D+ au-dessus du lac, on atteint le col du Charnier, en franchissant par de bons lacets une petite zone rocheuse. Nous y avons rencontré au retour toute une équipe portant des VTT ... pas compris d'où ils venaient, tout l'accès au lac de ce côté est bien escarpé ... peut-être venus de l'intérieur du Dévoluy pour découvrir le lac, je ne sais pas.
Ensuite ... repos ! Car on emprunte un sentier presque plat pendant une demi-heure ... sous la caillouteuse Tête de Vallon Pierra qui parait encore bien haute .
Peu à peu, les petites croupes que l'on remonte se font plus raides, et on gagne de l'altitude. le sentier est plutôt bien tracé et évite le pire des éboulis ; même avant d'aborder le premier ressaut rocheux, il y a une bonne trace dans l'éboulis, qu'il faut soigneusement suivre, car sinon l'effort est pénible.
Le premier passage s'appelle la cheminée. En fin de compte il y a un pas très court dans une "cheminée", précédé d'une sorte de rampe pourvue de bonnes marches, à peu près nettoyée par les passages, mais il vaut mieux avoir un casque .
Après la cheminée, ce sont de raides pentes avec des sortes de marches alternant avec de l'éboulis, une partie que je trouve un peu longue. Il faut essayer de suivre les marques rouges. C'est plus rigolo quand on arrive juste sous le sommet, on passe à côté d'un terrible "chorum" (Gouffre) avant d'aborder des gradins raides mais agréables à escalader .
Je mange mon pain blanc car je suis bien plus à l'aise en montée (cardio à 116, pas la moindre fatigue!) que Jérôme qui s'essouffle en altitude ... mais j'en bave en descente, ça fait mal partout ... je voudrais bien m'envoler du sommet !
Après ces sympathiques escaliers, quelques éboulis et le sommet se profile . Il est large et très confortable. Les nuages viennent nous taquiner un peu .
Il y a quatre cinq personnes au sommet, mais il y a de la place, ce n'est pas l'affluence d'un Mont Aiguille non plus .
Avec le vent, ce n'est pas non plus la canicule. Entre 10 et 15 degrés sans doute, on apprécie les rayons de soleil.
Les rochers du sommets se redescendent aisément, en revanche les éboulis en dessous sont pénibles, et nous suivons des traces qui nous mènent trop au Nord en direction de la Vire Olympique. L'occasion de découvrir une belle arche, mais une erreur quand même, car dessous ça ne passe pas et il faudra remonter quelques mètres pour rejoindre le bon itinéraire.
Ce plan incliné caillouteux est la vire Olympique. On distingue un énorme tunnel vertical qui la perce : le Chorum Olympique
La suite de la descente, même si elle est casse-pattes, est de la randonnée classique. Une petite remontée au dessus du lac permet de rejoindre le col des Aurias puis le col de la Croix. L'environnement est très différent, car d'un monde minéral, on passe à d'immenses pentes ... vertes !
Ouf rentrés à temps pour profiter de la piscine du camping ... cela fait du bien après cette longue balade ... qui prend presque autant de temps à monter qu'à descendre ! A noter que nous avons vu deux trailers très à l'aise, qui nous ont dit être montés en 2 h30, et qu'on a vu courir comme des chamois dans les raides éboulis du sommet. Doués, et très sympas en plus, ces deux là avaient l'air de bien s'amuser !