L'Ardéchoise Vélo Marathon ... enfin ! Le fruit de la patience !
Mercredi 18 juillet 2018, vélo de route, Ardèche, 275 km, 5100 m D+ en 14h18 (total 14h58)
Ah, l'Ardéchoise Vélo Marathon ... elle et moi, c'est une longue histoire. J'ai du en entendre parler pour la première fois en 2004, quand le parcours des Boutières m'avait pris la journée ...
En 2007, dans mon tout premier article (sur l'ardéchoise) , je mentionne une rencontre avec un cycliste "qui avait bouclé l'AVM" .
Je suis fascinée : ça, c'est un parcours !!!! Je n'imagine pas alors, le faire moi-même en une journée, d'ailleurs, c'est hors de ma portée ...
Plus tard, en 2010, en le voyant Olive pour la première fois en "réel", traverser Rochepaule au milieu de la foule, avec discrétion et style, en tête de l'AVM , j'ai commencé à penser que je pourrais un jour essayer. Mais avant cela, j'ai choisi le parcours des Sucs, en 2011, dont les barrières horaires me semblaient alors bien assez sévères ...
En 2012 enfin, après beaucoup de bornes et une première expérience sur des brevets longue distance, je me décide à tenter cette AVM en compagnie de Lorène et Cisou, hors organisation, avec un départ extrêmement tôt (4 h) . Mais la tentative va tourner "court", enfin, si l'on peut dire ... car j'ai quand même dépassé 250 km ... un rayon cassé par ma batterie de lampe décrochée a eu raison du beau parcours juste avant St Julien Boutières ... à 60 km du graal ...
La suite, on la connait ...je finis par faire deux tentatives , une en 2016 (raccourcie en raison de conditions meteo hostiles) et une en 2017 (raccourcie pour cause de retard trop important ... et mental un peu plombé par le fait d'être énormément hors délai) . Cette dernière tentative sonne le glas de l'idée de l'AVM avec dossard.
Reste que je n'ai toujours pas fait l'AVM !
Me décider est difficile. Je me trouve toujours mille excuses, ce n'est jamais le moment (sur le podium des excuses on trouve "trop chaud" ou "trop de vent") Le temps presse : d'abord parce que d'année en année, j'ai plus de mal à me lancer dans des "chantiers" . J'ai pris le goût de rouler moins longtemps, sur un terrain plus simple et surtout ... plus vite. Ensuite parce que le temps des vacances familiales approche ...
Seulement Meteociel ne permet plus l'hésitation. Une journée comme mercredi, ça ne se loupe pas ...
St Félicien, 5h45, il fait bien jour, c'est parti !
Il fait frais, une petite douzaine de degrés, peut-être un peu moins du côté de Lamastre, et je vais garder le coupe-vent jusqu'au Cheylard. Peu de vent, je dois dire que les conditions sont magnifiques. Je me régale.
Jusqu'à Lamastre, zéro voitures ... ben oui, ils m'ont privatisé la route ;-)
Et je ne regarde pas, surtout pas l'heure. En effet, à chaque Ardéchoise, sur cette première partie, je roule beaucoup plus vite que "ma" normale. Je suis incapable de le faire en solo, mais accepter l'idée de perdre une demi-heure jusqu'à Mézilhac est un peu décourageant. Je préfère ne pas savoir. De plus la journée va être longue, je garde le cardio dans des zones raisonnables.
L'arrivée au Cheylard est un peu chaotique : il y a de gros travaux, un feu très long, et une grosse zone "gravel" .
Le fait d'être en mode "touriste" me permet de faire des photos, et de savourer autrement la belle montée de Mézilhac, où je verrai les premiers cyclistes. S'ils pouvaient éviter de nous coller des framboises énormes sous le nez après Sardiges, on apprécierait ... je ne me suis pas arrêtée, mais quelle tentation !
Depuis le Cheylard, à chaque montée, j'ai un pied qui me prend la tête. Au début, c'est une douleur au-dessus du pied, comme s'il y avait un caillou entre la languette et le pied. Sauf que s'il y a un caillou, il est virtuel. Ensuite même chose, mais sous le pied. Je finis par ne plus chercher, et l'ignorer. Finalement, c'est le côté du pied qui me fera mal pendant l'heure qui a suivi le retrait des chaussures .... mystère ...
Descente de rêve le long de la Volane, virage sec vers Aizac (oups, attention, une voiture, ils n'ont pas privatisé ici ;-) ) ... il fait déjà chaud ici, heureusement, il est tôt.
Labastide sur Bersorgues, beaucoup de monde est garé près du cimetière, je me doute que les défunts n'y sont pour rien, c'est le parking de départ pour la mignonne descente de randonnée aquatique et ses toboggans très ludiques.
Le col de Moucheyres est franchi tranquillement, mais curieusement 1 km/h plus vite que l'an dernier.
Voici Burzet, je dois faire le plein en eau. Il y a une pompe en plein centre du village, mais il faut tourner frénétiquement pour un filet d'eau. Je regarde l'heure pour la première fois, il est 10h46, j'ai perdu une bonne demi-heure en roulant en "OFF" , ce n'est pas la mer à boire non plus.
Pas facile cette Barricaude ! Mon temps n'est jamais bon, pour une grimpée de distance et dénivelé équivalente à celle du Tourniol. Mais il n'y a pas grand monde qui la grimpe bien si j'en crois strava !
J'arrive en haut avec une certaine fatigue, mais je constate avec plaisir que je n'ai pas souffert de la chaleur (beaucoup d'ombre) et que s'il y a du vent de N sur les plateaux il n'a rien à voir avec celui de l'an dernier, ni même celui de cette année. Je peux donc filer sans plus attendre vers le Gerbier de Jonc, dans une brise légèrement rafraîchissante qui fait plutôt du bien .
Je grogne un peu dans la remontée sous le Gerbier parce que c'est couvert de gravillons. J'insulte même silencieusement ceux qui les ont étalés.
J'achète un sandwich aux boutiques du Gerbier, car je suis un peu juste en nourriture ; pendant que la dame me le prépare, je lui laisse le vélo et vais faire le plein d'eau à la source de la Loire.
J'ai très envie d'un coca mais trop de monde au bar, je commence donc la boucle des Sucs et c'est aux Estables que je ferai ma pause, avant le point culminant, le col de la Croix de Boutières.
Malgré ces pauses, je ne prends plus de retard sur mon timing de l'an dernier.
C'est après le col de la Croix de Boutières que c'est le plus beau ... on en prend plein les mirettes ...
Terminée la fraîcheur des hauts plateaux ! A St Clément, on plonge vers les vallées, je sens l'air chaud monter du bitume et je prie les cumulus de me cache un peu le soleil ... ce qu'ils feront, du moins en partie, lors de la difficile montée au Col de l'Ardéchoise. Les arbres feront le reste. Enfin, pas TOUT le reste. je me suis quand même arrosée copieusement pour ne pas surchauffer.
Si la chaleur avait été pire, j'avais encore une autre solution : le joli ruisseau en contrebas !
Une longue descente me tend les bras, mais arrivée à la jonction avec la branche qui remonte vers St martial, je vois un panneau qui ne me plaît pas du tout : "gravillons à 2 km. Cyclistes, changez d'itinéraire" Non mais, on se moque de qui là ? Je fais l'AVM moi monsieur le panneau, et depuis le début je mets tout mon mental dans le fait de faire CET itinéraire, et vous me dites d'en changer ? Ca fait 6 ans que j'en rêve, et je devrais me détourner ?
Pas question !
Par bonheur, ce ne sont que 3 km environ en descente, qui seront concernés ... effectués avec prudence ... en restant sur les quelques zones plus ou moins améliorées par les automobilistes.
St Martin de Valamas ... me revoici au point où j'étais, le 23 juin, vers midi ... sauf que ce coup-ci il est presque 17 heures, que le 23 juin j'avais les crocs pour doubler tous les participants des Boutières et des 2-3 jours, et que là j'ai plutôt les crocs pour ... du sucré. En effet, j'ai oublié le sacro-saint aliment du cycliste : les barres . Et d'habitude j'ai envie de salé sur du long ... là je n'ai plus que du salé et je manque de sucre !
Objectif : coca et épicerie à St Agrève. L'idée va faire passer la montée, mais je suis un peu à la peine. Et pis d'abord, y a du vent :-D La pause "plein d'eau" à St Julien Boutière est bienvenue.
Ce qui est bien, c'est que j'ai fait cette montée une nuit de brevet 600, pluvieuse et venteuse, en 1h30 ... quoiqu'il arrive, je ne peux pas faire pire !!!
Voilà ... j'ai dépassé le point le plus éloigné que j'aie jamais atteint sur une tentative d'AVM
Après le coca, et un paquet de BN dans ma sacoche avant, Rochepaule va bien se passer. Malgré un ralentissement (la FC plafonne à 135, classique) et une utilisation du petit plateau au moindre pourcentage, je grimpe encore régulier, sans "pauses parasites" , de plus, si près du but, le moral est très bon.
Descente de Rochepaule, la fraîcheur du soir se fait sentir ... Restent 9 km de montée, ou en fait, 6 km, c'est toujours ainsi que je me les représente, les trois derniers ne comptent pas.
Toujours bien régulier, en moulinant. Au résultat c'est juste 4 mn de plus que lors de la Volcanique où j'avais fait une très bonne montée. Ca n'a pas d'importance. Je ne peux pas dire que j'en bave particulièrement, je vais juste moins vite.
Je n'aurais pas aimé terminer "en galère" avec une pause à chaque km ... une moyenne qui s'effondre au fil du temps ... cela aurait été un gachis.
Juste avant Lalouvesc, l'émotion me saisit . A moi la chevauchée de crêtes au soleil couchant, la plongée dans l'ombre vers St Félicien ...
En conclusion, pourquoi faire, ou ne pas faire, l'AVM un jour en cyclotourisme ...
Le positif
C'est un parcours exceptionnel (beauté des paysages, type de bosses, descentes agréables et spectaculaires) et absolument tranquille (sauf quelques voitures du côté du Cheylard)
Il tient sur une journée d'été, même avec des pauses. On trouve des points d'eau en suffisance, et en général de quoi manger également (Lamastre, Le Cheylard, cafés à Mézilhac, Burzet, resto à sagnes et Goudoulet les Estables, marché au Gerbier, commerces à St Martin de Valamas, à St Agrève , à lalouvesc )
Il n'y a pas de pentes très raides, et même le dénivelé est inférieur à celui annoncé officiellement (5100 m au lieu de 5300 m)
Tout est fléché : aucune question d'itinéraire à se poser.
Il y a de nombreux échappatoires, ou moyens de rentrer plus vite, mais cela peut être aussi un inconvénient .
Les difficultés
- Pour disposer d'un grand nombre d'heures de jour, il faut faire le parcours l'été, et cela amène plus ou moins à choisir entre deux configurations : fraîcheur et vent de N ou chaude journée d'été. J'ai eu de la chance de tomber sur un temps intermédiaire ... mais je l'ai attendu. A noter que sur les hauts plateaux il fait environ 5 à 10°C de moins qu'en vallée du rhône, et 3°C de moins à 500 m (point bas de la sortie)
- Mentalement, il est assez difficile de finir le parcours sans s'être "inscrit" quelque part. Les échappatoires vous tendent les bras. Les framboises, les myrtilles, les vasques d'eau fraîche, les petites terrasses dans de calmes villages vous appellent très fort. 5000 m D+, on est quand même dans un cyclotourisme "sportif" , et il faut avoir l'envie profonde de boucler CE parcours.
Un peu comme sur un brevet, il faut accepter l'idée de rouler lentement, se dire que les coups de mous ne dureront pas toute la sortie, limiter ses pauses ...
Pour moi, ça reste LE parcours de légende ... il fait partie de mon histoire, et je suis super contente de l'avoir tenté et réussi, dans les conditions que j'imaginais.