Migration climatique (J2)
Vendredi 28 juillets 2017, Clermont-Blois (les Montils) , 287 km , 2069 m D+ en 13h14 (total 14h30)
En écrivant ce titre, je me dis, 1h15 de pauses cumulées sur près de 300 km, en autonomie, ce n'est pas si mal. J'ai bien obéi au GPS, qui n'a pas cafouillé. Je n'ai presque pas fait de bêtises pendant cette journée ... presque pas. Sauf à 5h09.
Je m'étais pourtant réveillée avec une facilité étonnante. J'ai certes pris quelques minutes de "rab" pour bien organiser mon package, mes vêtements du soir étant rangés dans un sac de compression. J'ai bien attaché et serré la sacoche, vérifié que je n'avais rien oublié d'important. Puis j'ai été prendre mon café dans le hall de l'hôtel ... remplir mon bidon ... profiter du confort des toilettes ...
5h09, allez hop. Se lancer dans la nuit , dans l'inconnu, retrouver le départ de la trace GPS, qui va me guider sur les petites routes.
La température est parfaite, autour de 13°C, juste ce qu'il faut en manchettes avec le gilet réfléchissant. Déjà la nuit tire sa révérence ... 6 km ... allez, une petite gorgée d'eau ...
Non, pas d'eau. QUOI ? le bidon est resté à l'hôtel. Je suis décidément incurable. Je sème des affaires partout pour qu'on me retrouve, comme le petit Poucet. Ou bien j'aime faire compliqué quand on peut faire simple.
J'analyse rapidement la situation. 6+6 = 12 (bravo Brigitte !!!) 12 km, 30 à 35 mn, c'est trop de supplément pour une journée qui en comptera près de 300. Un demi-tour, c'est également pénalisant sur le plan mental.
Il me faut une petite bouteille d'eau dans un premier temps, puis, si je trouve un vélociste, un bidon.
Où trouverais-je ma première bouteille ? dans une boulangerie. Où sera la première boulangerie ouverte ? C'est un vrai jeu de stratégie :-D
C'est à Gannat que je trouverai café, croissant, eau, et pâté à la viande pour le midi. A 6 h30. C'est cool !
Je repars sereine, ma bouteille dans la poche. Me voilà rassurée. Je suis blonde, mais pas complètement dépourvue de ressources pour me rattraper.
La suite est plus vallonnée. On peut même dire que ça n'arrête pas de monter et de descendre. ce n'est jamais bien méchant, mais un peu casse pattes. Il y a des rivières : la Sioule, la Bouble. Le soleil, après s'être montré timidement au lever du jour, retourne se coucher. Une bonne affaire pour moi, car la température mettra très longtemps avant de dépasser 20°C .
En revanche, pour les photos, ça n'est pas terrible .
Après Montmarault , le Garmin à qui j'obéis sans discuter m'entraine sur de toutes petites routes. J'ai du mal à lui faire confiance ! Mais j'arrive dans le village de Hérisson, dont il est impossible d'oublier le nom. Le village est aussi mignon que l'animal.
La section qui suit est tout aussi jolie (et sans efforts, il faut l'avouer) . Il s'agit juste de suivre le cours de l'Aumance, sur une toute petite route , jusqu'à Meaulne .
Une bourgade qui fait penser au roman d'Alain Fournier "le Grand Meaulnes" , que je n'ai jamais lu ... en fin de compte, il semble que l'histoire se déroule un peu plus au Nord et qu'elle n'a rien à voir avec ce village.
Je retrouve une grande route, efficace mais sans attrait, jusqu'à St Amand-Montrond où se termine ma quête-résolution de problème : en plein centre je "tombe" sur une boutique de vélo. Une chance, il est 12h10 et la boutique n'a pas encore fermé ses portes grâce à la présence d'une cliente.
Je pousse le bouchon jusqu'à demander le remplissage du bidon que je viens d'acheter. Bien sûr mon arrêt donne lieu à quelques échanges sur l'endroit d'où je viens, l'endroit où je vais ... cela crée toujours la surprise.
Après St Amand, il y a une montée assez marquée, sur la route de Bourges, je m'arrête pour brancher la batterie externe du GPS. Bientôt je quitte cette nationale, laissant à ma droite l'abbaye de Noirlac qui n'aura pas ma visite, pour rejoindre la vallée du Cher.
Le vent m'avait laissée tranquille depuis le début du voyage ; il n'était pas favorable (ouest) mais faible ; à partir de la mi-journée il se renforce et je dois l'affronter dans la traversée du Berry, assez peu boisée et faiblement vallonnée. Selon les sections de routes, il est plus ou moins gênant, moins en tout cas qu'il y a trois ans dans la Beauce. Cependant malgré le terrain plus plat qu'en début de journée, la moyenne baisse un peu et se stabilise à 21,7 km/h.
J'entends déjà les contemplatifs purs me dire que c'est idiot de regarder la moyenne ;-), mais c'est un bon indicateur de ma forme, et cela me permet aussi d'évaluer mon heure d'arrivée sur ces longues distances avec une bonne précision.
La température est sympa, autour de 25°C, que du bonheur. La traversée de ces coins me semble tout de même un peu longue, et contrariante : il y a de jolis chateaux mais difficiles à photographier depuis la route, quant au Cher que je longe, je ne le vois pas. C'est énervant ! En passant à Lapan, j'ai même envie de mettre un "i" à la place du "a", Lapin après Hérisson, cela aurait tout de même plus d'allure.
J'arrive dans le village où je passais un mois tous les ans en vacances, étant enfant : Reuilly .
J'y ai même été trois mois à l'école,en CP, l'année de la naissance de ma soeur. Cela m'amuse d'imaginer, dans ces maisons, peut-être d'anciens camarades d'école ... leurs enfants ...
Je continue sans marquer d'arrêt : en effet, un cycliste de la région de Chambord, Alain S, vient à ma rencontre pour parcourir la dernière partie de cette étape à mes côtés. Très expérimenté en longue distance, il gère la connexion sans que j'aie à me détourner de ma route, ni à modifier mon rythme. Nous nous retrouvons non loin de Maray . Je dois avoir environ 220 km au compteur.
Cette dernière section va me sembler très courte, au rythme de la discusssion et avec un bon abri dans toutes les sections vent de face. Entre Romorantin et Murs de Sologne, nous empruntons une autre route, beaucoup plus tranquille que mon tracé initial.
Blois n'est plus très loin !
Et bientôt, nous retrouvons Patrick et Miss Coco, sa fille, venus au devant de moi sur les 15 derniers kilomètres ! La petite Coco a un sacré coup de pédale et repart à un rythme que je peine à suivre ;-)
Un accueil royal m'attend aux Montils, ou Patrick, Delphine et Coco séjournent, chez la maman de Delphine. Surprise au dessert avec un Paris Brest ! (celui que j'attends de manger depuis deux ans ;-) )
L'étape du lendemain étant plus courte, je mets le réveil sur 5h30 au lieu de 4h30 . Malgré la soirée où les discussions se sont un peu prolongées, cela me laisse du temps pour une bonne nuit de sommeil !