La nature retrouvée
Jeudi 21 mai 2020, randonnée pédestre avec bivouac
C'est vrai que jamais mes activités de plein air n'avaient connu un arrêt aussi long depuis l'époque où j'avais débarqué, en ébullition, à Grenoble ville entourée de montagnes après deux années de réclusion "classes préparatoires" . Même les mois qui ont précédé et suivi la naissance de Fille étaient riches en sorties dans la nature même si l'aspect sportif était passé au second plan.
Par contre je ne pensais pas que j'arrêterais d'écrire dans le même temps. J'aurais pu faire des articles rétrospectifs, ou sur mon quartier, ou sur le confinement . Mais point du tout. Aucune idée, aucune envie.
Plus curieux encore, j'ai même arrêté de lire, moi qui suis lectrice "boulimique".
Même si je m'y attendais, même si j'en anticipais d'avance la durée, le confinement (plus encore que la pandémie) a été pour moi un traumatisme aux effets très curieux, entrainant un ralentissement général, comme une sorte d'hibernation. je n'en suis pas encore complètement sortie : je cours lentement, je roule lentement. Je suis engluée. Il m'a semblé revenir à des états anciens, à ces mornes dimanches d''adolescence où j'étais très encadrée, avec des horaires et autres impératifs, et où je restais immobile des heures, rêvant à un futur très flou.
Mais heureusement je sens que ça se "réveille" .
En réalité, je n'étais pas complètement en hibernation. Moi qui étais plutôt bon public, qui souvent n'avais pas d'avis très tranché, qui remettais rarement en question ce que disent les media (sauf quand il s'agit des accidents de montagne où la presse est souvent à côté de la plaque ) , je me suis intéressée à la médecine, à la recherche, aux stratégies des différents pays face à la pandémie ... et j'ai découvert des choses qui m'ont passionnée, mais aussi fort énervée. Peut-être vaut il mieux être un peu énervé que légume je ne sais pas ce qui restera de cette prise de conscience ...
Enfin bref, quelques jours après le déconfinement, nous voici en route pour retrouver une des choses qui nous a le plus manqué : la nature.
Et qui plus est, avec un gros sac sur le dos, tente, duvet, réchaud, ce qui ne s'était plus produit depuis une dizaine d'années .
Le choix du lieu, pour ce "bivouac de déconfinement", est un vrai "spot de bivouac" : altitude moyenne (2000 m), cadre haute-montagne (neige tardive), herbe verte, lacs et petites fleurs. Si je n'avais pas eu une grosse tache sur l'objectif de l'APN, j'aurais assurément rendu un hommage plus convenable à ce paysage idyllique, vous m'en excuserez.
Si le sac est lourd, le chemin n'offre pas de difficultés particulières . En cet après-midi un peu avancé, nous croisons beaucoup de promeneurs à la journée, venus faire cette petite ascension de 400 m D+ le jeudi de l'Ascension. C'est la promenade idéale des familles, que nous avions également fréquentée dans ce contexte, mais ma dernière visite remonte à 2006 , et c'était à skis à la fin du printemps , avec une nombreuse équipe dont ma fidèle coéquipière Alice .
Vers 18 h, nous plantons la tente entre deux petits lacs, au fond d'un cirque encore bien enneigé. Le vent est bien présent et la soirée ne sera pas chaude. On tente de faire un petit feu mais sans grand succès, comme quoi il y a parfois un peu de fumée sans feu
La nuit est fraîche et un peu agitée, mais très étoilée ; par contre le soleil vient à nous à l'heure du petit déjeuner pour nous réchauffer les os, bonne idée car on n'a plus de gaz, fausse manip ou imprévoyance, il n'y aura pas de thé chaud à l'eau du lac.
La suite sera une balade un peu au hasard dans un terrain très facile et globalement peu raide, parfois marécageux, avec une belle impression d'espace, où les marmottes s'en donnent à coeur joie.
Après un peu d'exploration hors sentier jusqu'aux crêtes du grand Galbert, nous retrouvons un itinéraire différent de celui de la montée, pour retrouver la voiture au lac du Poursollet. Cette seconde journée est un modèle de calme, à part les marmottes nous n'avons pas croisé beaucoup d'êtres vivants !
Ces plateaux sont vraiment vastes et déserts ; les promeneurs restent au niveau des lacs, et en hiver, les skieurs suivent les itinéraires les plus directs vers les sommets.
Que la nature est belle ...