Tour du Vercors externe-interne, l'odyssée des renardes II
Jeudi 22 septembre 2011, vélo de route, Vercors, 235 km et 3460 m D+, en 12h26 (total 14 h)
Jeudi, 6h15 , St Gervais, berges de l'Isère
Il fait nuit noire. Dix petits degrés au thermomètre et pas un souffle de vent. Des brumes qui montent de l'Isère cachent les étoiles. Que font ces deux filles au bout de la piste cyclable ? Elles se préparent pour leur odyssée annuelle, comme l'an dernier à la même époque.
Le parcours que j'ai proposé à Alice cette année, est une variante du tour du vercors, en moins long et plus accidenté. J'avais imaginé cet été une version plus esthétique encore de ce tour (quasiment sans plat) , mais la fermeture des gorges de la Bourne, les jours trop courts et sa difficulté me l'on fait revoir (et remettre au mois de juin dans sa version initiale) Alice qui a très peu roulé cet été m'a demandé si on pouvait raccourcir, j'ai imaginé quelques solutions comme déposer ma voiture dans le Royans, prendre le train à la fin ... mais bon on part sur l'idée de faire 240 km
L'idée de base est d'aller "chercher" les cols de la barrière est du vercors, et autant le faire au soleil ... donc ce sera le premier objectif de la journée.
Nous avons un équipement minimal pour rouler de nuit, néanmoins suffisant, même si les premiers mètres sont un peu déroutants Au fur et à mesure que nous approchons de Grenoble sur la piste cyclable, le jour fait son apparition ... les premiers "velotaffeurs" aussi .
Une biche peu craintive sur la voie sur berge, le flash n'a pas déclanché, au moins on ne lui a pas fait peur !
Nous poursuivons ainsi sur le plat jusqu'à Vif, où commence la montée du Col de l'Arzelier. Le soleil est là depuis longtemps et les hautes falaises du Gerbier (pas de Jonc) dominent le secteur. Je n'ai pas grand souvenir de la montée jusqu'à Prélenfrey, j'ai du causer . Les pentes sont souvent à 7-8 , voire 9%, avec un court passage à 11% avant le col.
Premier col de la journée
Alice a un peu de mal à suivre, elle n'a pas les jambes ... ça me surprend car les deux dernières sorties cette année, j'avais beaucoup de mal à accrocher son rythme, tout au moins en début de sortie.
Au contraire, comme chaque fois que je pars sur une idée un peu ambitieuse, je me sens des ailes
Par contre mon vélo a un comportement un peu bizarre, que je n'ai pas réussi à expliquer. Toutes proportions gardées, il me rappelle un peu les chariots dans les grandes surfaces qu'on a du mal à diriger, ou encore les skis lorsque des barbes métalliques dépassent des carres : une vague résistance dans la conduite Pourtant les pneus sont bien gonflés, pas de crevaison. La sacoche un peu chargée ? en voyage, elle l'était plus, et jamais je n'ai eu cette impression ! et la veille déjà, sans sacoche j'ai senti une gêne.
Paysage fa-bu-lous
Arrivée au Col des deux, 13% de pente
Un drôle de skieur celui-là !
Après le col de l'Arzelier vient une longue traversée somptueuse qui amène au pied du court mais très sérieux Col des Deux. de là il n'est pas trop long de gagner le Col de l'Allimas, le plus haut des trois. Toute cette partie offre des paysages exceptionnels ! Après ce dernier col , il est encore assez court et rapide de redescendre vers Grenoble par Monestier de Clermont.
Et de trois !
Le col de Papayet et le Mt Aiguille
La descente vers la nationale comporte de petites remontées, dans un très beau cadre. En effet on ne passe pas par le col de Papayet, non pas parce que papa y est pas , mais parce que c'est du VTT Dans cette descente, sur une section ombragée (humide ???) je me fais une belle frayeur en prenant un virage avec trop de vitesse, mon freinage d'urgence bloque ma roue arrière , ça glisse, je relâche, ça repart trop vite, re-glissade ... ouf, je suis toujours dessus et j'ai récupéré le contrôle ....je ne pense pas cependant que c'était dû à cette bizarrerie que j'ai ressentie dans la conduite .
Je m'aperçois un peu plus loin que mes petits jeux involontaires de dérapage ont littéralement brulé la bande de roulement du pneu en plusieurs endroits. J'en ai un de rechange, mais finalement je préfère attendre Die pour le changer (J'ai beau coup de mal à mettre en place les pneus neuf ... et à regonfler à 7 bars avec ma petite pompe ...)
Relief tourmenté en arrivant au col de Menée
Un petit bout de "BRM 300" (la grande route vers Lus la Croix haute) et nous voilà en direction de Chichilianne et du Col de Menée . Midi est passé depuis un moment. Cette montée va être dure pour Alice ; elle ne roule pas à son rythme habituel. Cela m'inquiète un peu . On n'est en effet pas encore à la moitié de la distance Heureusement ce col n'est pas difficile, en particulier dans le haut . Nous nous arrêtons au col, côté Diois, pour un casse-croùte ... il tait temps car Alice ne se sentait pas bien, disait "s'endormir sur le vélo" . Les baillements sont un signe d'hypogycémie ! Après une pause côté Diois et un sandwich, cela va bien mieux.
Diois ... je suis chez moi là ... enfin presque ...
Une longue descente nous amène à Die, où il y a un peu de vent ... le vent de Nord. Je passe chez Veloxygen pour faire monter le pneu, je serai plus tranquille ; cela prend malheureusement un peu de temps (Alice se fait monter l'assistance électrique non je blague ) . Quand nous repartons, il est quasiment 16 h
16h et nous sommes encore à Die . C'est très loin Je ne me sens pas trop tranquille. En effet le retour par la vallée est possible mais il est encore plus long, et j'imagine Crest - St Nazaire en Royans avec le vent de Nord à exclure !!!!! Il ne s'agit pas de transformer notre odyssée en galère !
Non, il faut s'en tenir au programme initial : le Rousset. Heureusement, jusqu'à Chamaloc, nous roulons très vite, Alice a repris un très bon rythme. Au dessus, nous rencontrons de très fortes rafales de vent. Le fait d'avoir roulé en dedans sur la première moitié me donne une incroyable sensation, comme si j'étais capable de pédaler ainsi indéfiniment. J'essaye d'abriter Alice mais le vent est très irrégulier et j'ai bien du mal à conserver toujours la même vitesse.
Alice veut être "finisher" bien qu'étant dans un jour "sans" et pas assez entraînée, ce n'est pas la volonté qui lui manque !
Col du Rousset le final
Ca c'est fait !
Je sais qu'une fois au col du Rousset, je considère la sortie "terminée" ... le retour est très facile.
A 17h42 nous atteignons le col, dans une lumière déjà dorée ... la descente se fera par St Agnan, ouf, plus de vent à l'intérieur du vercors. Seule la petite remontée au Collet (une petite centaine de m de D+) nous sépare de l'ascenseur vers le bas : le tunnel des grands goulets.
Traversée du vercors central, l'heure tourne mais on avance
Pont en Royans, derniers rayons de soleil
Un petit coucou à Pont en Royans à Christelle qui ferme sa boutique ! , il est 19h15 et ce sont les derniers rayons du soleil .... il reste une bonne heure dans la vallée pour rentrer. Ce retour par St Roman se passe très bien : rapide, très peu de vent et une température très douce . Peu à peu la nuit tombe, les cinq derniers kilomètres sont pénibles à cause des phares des voitures .
Vite, vers St Roman !
The end !
A 20h25, nous sommes tout comme le matin : deux filles, dans le noir, à St Gervais, sur les berges de l'isère, ravies d'avoir bouclé ce beau et grand tour .