Travail d'équipe, une nuit de "printemps" dans les Baronnies
Samedi 3 mai- dimanche 4 mai 2014, BRM 400 km de Grenoble, 405 km, 3900 m D+, en 17h55 de selle (total 19h37)
Isère, Hautes Alpes, Alpes de Haute Provence, Drôme
Le départ
Par rapport aux brevets plus courts, ou aux randonnées qui occupent la journée du matin au soir, un BRM 400 a quelque chose de spécial : la nuit. On s'y enfonce et on y reste jusque au lever du jour. C'est à la fois magique, froid, et piégeux. On y vit un aspect "aventure" qui n'existe pas autrement. Et les paramètres à gérer sont différents.
Pierre C, Bruno M de l'ATSCAF, Cricri
Je n'en avais fait qu'un seul dans mon existence avant celui-ci, j'en avais gardé un excellent souvenir. Autant dire que celui-ci était attendu ... tant pour sa spécificité de "BRM 400", que pour son décor (la Drôme provençale) ... et aussi ... parce que de nombreux amis se sont inscrits ... peut-être un peu aussi parce que j'avais "loupé" celui de l'an dernier ... .
Florian, Cricri et Pierre
Pierre et Robert prêt à être "dépucelé" sur la distance de 400 km
D'ailleurs je n'en imaginais pas tant ! J'attendais Cricri, Baptiste, Franco, David, Yann, Pierre, Patricia , Thomas ... je découvre qu'également Robert sera des nôtres, mais aussi Valex et Bruno "du 91" , qui jusqu'au bout ont gardé cette nouvelle secrète. Florian est là également avec son petit groupe de l'ATSCAF.
Nous allons avec Pierre et Cricri prendre un café chez Jean-Philippe, non sans déguster sa délicieuse brioche. Nous y retrouvons Patricia.
Pascal B qui n'a pas l'air d'avoir très chaud (on se caille !!!)
Bien sûr on ne roulera pas tous ensemble ... mais tous ces amis roulant dans la même nuit sur leur petit vélo, ça fait chaud au coeur.
Franco et Robert
Valex et Cricri , à droite Bruno (du 91)
La génération montante
Bon c'est bien la place de Sfax mais on voudrait voir du pays !!!
De la chaleur, il en faudra ; la meteo est délicate, froid, couverture nuageuse, et surtout vent terrible de N . En allant à la gare je suis bousculée (en ville) par les rafales ... en mai, fais ce qu'il te plaît, mais surtout "fous ta cagoule", parce que cette nuit il fera froid ... Je ne crois pas à la pluie, un peu de bruine peut-être, rien de plus. On a discuté "vêtements" sur facebook pendant des jours . Pascal alias Bridou nous a dit : veste thermique ... quelle bonne idée ...
Nous sommes en avance, les 53 participants arrivent peu à peu et nous récupérons nos cartes de route préparées par Jean-Philippe.Nous faisons connaissance avec Aurélie et Christian qui vont faire partie du groupe jusque vers 3 h du matin.
Le premier jour
A 15 h, c'est le départ, accompagné sur 15 km avant que chacun trouve son rythme et s'élance à l'assaut du col de la Croix Haute par des pentes douces.
Nos "rapides", Thomas, David, Baptiste, Yann, ont filé devant.
Prêts pour le départ, au premier plan Aurélie (avec Patricia nous sommes 3 féminines)
Le fort vent de Nord nous est favorable, et nous grimpons à bonne allure. Cricri et Pierre sont dès le début mes compagnons de route, on a perdu Valex et Bruno. J'apprendrai ensuite que Bruno en a bavé dans le col : c'est son premier col de la saison ... . Je n'ai pas de super sensations malgré la vitesse . En effet, l'humidité ambiante fait un peu hammam malgré les 8 degrés ; j'ai trop chaud, et envie de virer le Kway mais je veux éviter les pauses inutiles.
Il faut attendre d'être en altitude, avec quelques descentes, pour résoudre le problème.
Dans les 7 derniers km d'ascension je suis enfin à mon aise.
Je ne sais plus à quel moment nous avons retrouvé Franco et Robert. je crois que c'était au Col de la Croix Haute, où règne une ambiance carrément hivernale : bruine, vent très violent, épais brouillard ... et 4°C. Il fait "nuit à 6 heures du soir.
Il faut se tirer de là ! Ce que fait Patricia, rejointe également, mais que nous n'allons plus revoir ensuite.
Bonjour l'ambiance ! Une fois de plus on n'a pas vu le Mt Aiguille ...
L'énorme faux-plat descendant, et le plat qui fait suite, avec un vent de dos féroce, jusqu'à Sisteron (deux-trois petites bosses) donne lieu pour certains à une énorme partie de manivelle, à des vitesses très elevées mais gare ... ça pourrait bien se payer ensuite . Pour nous c'est un long moment entre 30 et 45 km/h selon le terrain
Une crevaison de la roue avant de Cricri se produisant dans une zone de travaux, j'en profite pour faire une pause technique et attaquer un cake salé.
Et tout à coup ...
C'est un moment magique car on émerge de l'hiver ... le ciel devient bleu, et on est touchés par les rayons du soleil rasant .
A gauche, les sommets des hautes-Alpes, à droite, la Montagne de Lure encore enneigée .
Ici on rejoint Jean-Philippe
Les cyclos bien alignés ...
Quand on arrive à Sisteron, les festivités du coucher de soleil sont terminées. Fidèles à la "marque" de notre capitaine Cricri, on ne s'installe pas au reto, mais on mange un sanwich, et on allume nos lampes. Il fait à peu près "printanier" ici, avec 12°C, et le ciel limpide.
J'aime la boutique "articles fumeur" , c'est juste ce qu'il nous faut
La nuit
Peu de temps après nous nous retrouvons à "grimper" dans la vallée du Jabron. Yann qui s'est arrêté pour manger nous rejoint, et imprime un bon rythme , suivi par Franco et Robert. La vallée du Jabron monte en pente très douce, parfois elle descend !!! et surtout le vent semble toujours assez favorable. J'ai descendu une fois cette vallée. Peu à peu, on se retrouve dans la pénombre. Je n'allume que la frontale pour l'instant.
Après "les Omergues", il ne faut pas longtemps pour arriver au col de la Pigière. Première descente, première utilisation de la lampe, fabuleuse en descente ... mais malgré les essais elle interagit avec le compteur qui ne marche plus ... tant pis, la priorité est à l'éclairage.
Le col de Macuègne doit grimper un peu plus fort. Difficile à évaluer dans le noir. Je n'ai pas de mal à suivre mon groupe dans les bosses, surtout si elles font plusieurs kilomètres. Au début tous partent devant. Ensuite je rejoins en général Bruno et Pierre, et Cricri n'est jamais loin. Valex vérifie qu'on ne laisse personne en rade.
Avec un bon éclairage, je trouve carrément sympa la descente de nuit.
Nous retrouvons Jean-Philippe, notre organisateur, qui propose de pointer nos cartes de route à Monbrun les bains, en bas de la descente, où il y a ... "foule" ou presque. Franco fait un brin de causette avec de jeunes gendarmes admiratifs. Le village de Montbrun, tout éclairé la nuit, est superbe.
Sous un magnifique ciel étoilé, nous abordons le col d'Aulan, aux pentes douces, puis plus redressées, du moins je pense.
Je perds un peu le fil de qui est devant, qui est derrière. Au col , Valex dit avoir une terrible envie de dormir. Une fois de plus, j'aurai la chance d'être épargnée par ces signes d'endormissement imminent, comme le vélo qui fait des zig-zag. Je n'y suis pas trop sujette en voiture; j'ai besoin d'être allongée pour dormir.
Il m'arrive de traverser des moments de lassitude au cours d'une nuit à vélo, mais sans perte de lucidité, plutôt du genre vagues douleurs du dos, du cou, des bras, une autre forme de fatigue.
Une descente douce et longue nous mène au pied du Col de Peyruergue, qui me semble très court. Je ne connais ces cols que dans l'autre sens !!! La descente vers Ste Jalle et Curnier est en revanche très, très longue ... de quoi frissonner un peu ; il fait 7°C mais avec le vent toujours présent, c'est pas chaud.
A partir de là, je suis en terrain super connu. Mais si c'est mes terres ... c'est aussi celles du vent de Nord ... qui se renforce, jusqu'à nous faire un vrai festival sous le hameau de l'Estellon. Cricri toujours en forme s'en sort bien. Moi dès qu'il y a du vent ... je ne suis pas très douée contre cet ennemi ... Là on voit appraître notre Yann qui n'est pas au mieux. Normalement il devrait être loin devant. Il préfère continuer en solitaire
Bonne surprise, les derniers lacets du col de la Sausse sont loin d'être la lutte contre Eole que j'imaginais. Je les grimpe en compagnie de Franco dans une ambiance plutôt sympa.
Le temps des vraies grimpées est terminé (dommage pour moi car c'est mon terrain de prédilection) , place à la descente. malgré le vent, ça se passe assez bien jusqu'au-delà de Bourdeaux. Je me fais totalement "déposer" par contre dans le plat vent de face de Saou, un terrain toujours difficile pour moi. Heureusement Valex qui veille vient me chercher.
La grimpée de Lunel est en revanche plus simple. Bientôt, nous serons à Crest ... et il n'est pas 5 heures ... nous avons une avance considérable, je sens que mon plan "café à Chabeuil" va me passer sous le nez ! Car il est bien trop tôt pour les cafés !
Le deuxième jour
Crest Chabeuil, le tronçon que je craignais le plus, ne se passe pas si mal que ça. Le vent, très violent, n'est peut-être pas totalement de face, ou alors notre Cricri est vraiment en acier. Ma sacoche arrière, mal refermée, touche la roue et ça couine un peu ; c'est l'occasion d'une mini-pause, bien accueillie aussi par Valex et Franco. Nous avons du mal à manger sur le vélo, parce qu'il fait trop froid pour rouler sans gants. Aussi on commençait à avoir faim.Yann arrive, il ne va pas bien . Il préfère toujours porter sa croix dans la solitude.
Les premières lueurs du jour révèlent un temps encore très nuageux, on est loin de notre ciel étoilé de provence.
J'ai craqué ...(Merci Cricri pour la photo)
L'odeur de la boulangerie, à 6 h10 à Chabeuil, nous achève : elle est ouverte et on craque
Avant d'attaquer la dernière "bosse" de Barbières, et sa petite soeur de Beauregard Barret , un peu malmenés par le vent .
Valex me taquine en me disant qu'il va prendre ma carte de route et que je peux rentrer chez moi prendre un bon petit dèj .
Mais je résiste. Si on va par là Franco va faire pareil à Tullins
Il ne faut pas trop y penser quand même car j'ai beaucoup de mal avec le vent qui me prend la tête et m'use les jambes, et c'est un moment un peu difficile !
Cricri et Valex jouent à des jeux dans la descente qui montrent qu'ils ont encore de super jambes
Pierre essaye de les suivre, il n'y arrive pas, Bruno et moi nous suivons tranquillou, St Nazaire en Royans et son café nous attendent et le groupe s'y reforme...Robert en repart quand j'arrive.
Cette pause-café du matin, même courte, je l'avais dit à Cricri, était importante pour moi. Elle me sera incroyablement salutaire, un vrai bonheur, après ça je repars joyeusement et cet enthousiasme m'accompagnera jusqu'au bout. Je prends la roue de Cricri, et ne la lâche plus. Je n'arrive pas à rouler dans la roue de tout le monde. Mais Cricri a cette régularité qui me convient (sauf quand il place une de ses foutues accélérations aiguillonné par Valex )
Sur la piste, moi qui n'aime pas le "plat", je ne suis pas la plus entamée.
Le final
C'est beau ...(merci Cricri pour la photo !)
La fin se fait dans l' allégresse. Nous avons mis moins de 20 h (19 h37 exactement et un peu moins de 18h de selle) ... à comparer avec les 23 h 30 d'il y a 2 ans, et ce malgré des conditions pas simples, on est content , avec l'impression d'un beau travail d'équipe.
Nous retrouvons Robert qui a terminé une vingtaine de minutes avant nous : il boucle son tout premier 400 avec facilité !
Peu après, nous voyons arriver Benny totalement épuisé et submergé par l'émotion après un long chemin de croix. Il s'est battu pour finir ce brevet
Les "ATSCAFiens" arrivent un petit moment après nous, Florian, Bruno et Alain.
Pas grand monde en revanche autour de l'arrivée. Nos "rapides" avaient froid et son partis, mais on reverra Thomas ensuite. Le petit 12°C venté à grenoble, presque sans soleil, ne suffit pas vraiment à nous réchauffer ; c'est lié au manque de sommeil . Pour moi il faudra une douche chaude et une petite sieste pour me débarasser de ce "froid intégré " qi durera jusqu'en milieu d'après-midi.
Nous allons quand même manger un morceau pour marquer le coup, avant que je reprenne le train de 12h30 . Vingt minutes de pédalage m'amènent de la gare TGV à la maison, vent de N aidant. Il n'est pas difficile de remonter sur le vélo après "la nuit des baronnies" , contrairement à ce qu'on pourrait penser. C'est moins dur que de ne pas s'endormir dans le train
J'espère quand même avoir des conditions météo plus simples pour mon futur "600 km" dans trois semaines ! A noter que sur celui-ci je n'ai jamais retiré le buf ... jamais roulé bras nus ... et que la température a atteint 12°C au plus chaud .
Un grand merci à mes amis et compagnons de ce beau voyage sous les étoiles.
Il n'est pas si simple de faire rouler un groupe de six pendant 400 km , et d'arriver à terminer en moins de 20 heures. Chacun a fait preuve de motivation, de courage et de bonne humeur, et que dire de notre super "capitaine de route" Cricri et de Valex qui n'a cessé de s'assurer que personne ne reste derrière ...
Notice "technique"
Pour info voici le contenu des "bagages"
Sacoche avant : 4 petits sandwiches (3 consommés) , lunettes, crème Bepanthen en préventif pour limiter les frottements à la selle (aucun souci) , stylo , 2 compotes, 1 cagoule, 1 frontale
Sacoche arrière : 3 chambres à air, 1 morceau de pneu, outil de base et démonte-pneus; veste thermique. gants coupe vent.
Sacoche de cadre (appareil photo, portable, carte de route, papiers et sous, 4 cachets de doliprane)
Poches : 2 cakes salés, 2 bananes, nougats, petits gateaux, barres de céréales
Acheté au retour : 1 croissant, 1 pain au choc.(pour le plaisir, car il restait de la nourriture), 1 grand café
Sur moi : surchaussures, chaussettes "hiver", jambières (un peu pénible, ça ne fait que descendre ...) , 1 maillot ss manches léger, maillot manche courte vélo, manchettes, vêtement de pluie respirant, cuissard court, 1 buff sur la tête, 1 autour du cou
Sur le vélo : lampe gemini duo et batterie , 1 bidon , 1 bidon à outil avec mouchoirs et micro sac à dos (non utilisé)
A noter que le test d'autonomie pour la lampe est très concluant :
en montée 30% de la puissance, totalement suffisant, jamais eu la sensation de perte de repères que j'avais eu sur l'autre 400 . Même chose sur le plat.
En descente 60¨%, je n'ai jamais eu besoin de la pleine puissance.
En commençant cet usage vers 11 h du soir (frontale avant car montée) le voyant était encore vert à 5h30, soit plus de 6h30 d'autonomie et j'étais loin de la fin.
Seul les interférences compteur-lampe vont m'amener à utiliser un compteur filaire.